Cartes de crédit: le consommateur risque d'être le dindon de la farce

Publié le 18/07/2012 à 09:26, mis à jour le 23/07/2012 à 14:35

Cartes de crédit: le consommateur risque d'être le dindon de la farce

Publié le 18/07/2012 à 09:26, mis à jour le 23/07/2012 à 14:35

[Photo : Bloomberg]

BLOGUE. C'est un important règlement qui vient de survenir aux États-Unis entre, d'un côté, Visa, Mastercard et des banques, et, de l'autre côté, plusieurs marchands américains. Au Canada aussi, ceux qui paient par carte de crédit pourraient bientôt être appelés à payer une surcharge. Question: comment éviter que le consommateur ne soit le dindon de la farce?

Visa et Mastercard acceptent de payer à plusieurs marchands quelques milliards de dollars pour régler un litige où les commerçants alléguaient subir un important préjudice. Des contrats abusifs, disent-ils, les empêchaient d'offrir un mode de paiement moins dispendieux que la carte de crédit à leurs clients. Pour cette raison, ils devaient prendre à leur charge des frais de transaction importants qui nuisaient à leur rentabilité.

Le règlement prévoit que les commerçants pourront désormais faire valoir à leurs clients qu'il existe un mode de paiement moins élevé et ajouter une surcharge raisonnable au prix d'achat du consommateur si celui-ci choisit quand même de régler par carte de crédit.

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Le principe pourrait bientôt se transporter au Canada, alors que le Bureau de la concurrence mène actuellement une bataille du genre pour les commerçants et le consommateur canadien.

On dit "mène pour les commerçants et le consommateur" parce que c'est ce que dit le Bureau. On a eu beau brasser la soupe de tous les côtés avec plusieurs collègues et amis, il apparaît cependant difficile de voir comment le consommateur pourra financièrement gagner avec un éventuel nouveau système.

Comment ça marche

Avant d'aller plus loin, une explication concrète sur comment le système fonctionne et sur comment, si vous payez toujours comptant ou par carte de débit, vous vous faîtes actuellement avoir par les affamés de la carte de crédit qui ne pensent qu'à leurs points primes.

Les commerçants doivent payer des frais qui vont de 1,5% à 3% lorsqu'un consommateur utilise sa carte de crédit. Généralement, plus la carte donne des points au consommateur, plus elle coûte cher en frais.

À titre comparatif, le coût d'une opération par carte de débit est de 0,12$, peu importe la valeur de l'achat. Ainsi, si vous achetez quatre pneus d'hiver pour 400$, il en coûtera 0,12$ au commerçant si vous payez par débit. Par contre, à 3% de redevances sur la carte de crédit, il lui en coûtera 12$. Avec l'augmentation des volumes, la différence devient importante et se reflète inévitablement sur l'ensemble des prix.

Les associations de commerçants disent que leurs membres subissent un préjudice et voient leurs profits être moindre. Ce n'est pas tout à fait notre lecture (ni celle que semble avoir le Bureau). Parce que tout le monde est dans le même bateau, il est plutôt facile de comprendre que le commerçant porte plutôt en bonne partie ces frais dans ses coûts généraux et fixe ensuite ses prix à un niveau plus élevé pour les absorber.

Une étude américaine de la Federal Reserve Bank of Boston estime d'ailleurs qu'il en coûte en moyenne aux ménages qui paient par débit près de 150$ par année en subventions à ceux qui paient par carte de crédit.

Qu'arrivera-t-il maintenant?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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