La haute technologie à la rescousse de Rome

Publié le 20/05/2016 à 13:00

La haute technologie à la rescousse de Rome

Publié le 20/05/2016 à 13:00

ANALYSE (Rome, État de New York) - Fermeture de l'aéroport militaire, délocalisation des emplois manufacturiers, exode des jeunes... La ville de Rome, dans l'État de New York, a subi un long déclin ces dernières décennies. Mais elle revit tranquillement grâce à sa conversion aux hautes technologies.

«Nous avons amorcé une transition d'une société industrielle à une société high-tech», affirme la mairesse de Rome, Jacqueline Izzo, en marge de la signature d'une entente économique ce jeudi soir entre sa ville et celle d'Alma.

Le maire de la ville du Lac-Saint-Jean, Marc Asselin, participait à une mission de l'Union des municipalités du Québec (UMQ) dans l'État de New York, du 18 au 20 mai.

Cette mission vise à voir comment les villes de Syracuse, Rome et Rochester essaient de relancer leur économie en misant sur de nouveaux secteurs.

Rome était une ville prospère dans les années 1960, alors que sa population dépassait les 50 000 habitants. Elle a notamment été un pôle important pour l'industrie du cuivre. À son apogée, environ 10% du cuivre utilisé aux États-Unis était produit à Rome.

Rome et Alma misent sur les drones

L'entente entre Rome et Alma - deux villes de 34 000 habitants - cherche notamment à faciliter les échanges dans l'industrie des drones, un secteur de niche au coeur du développement économique des deux villes.

Aux États-Unis, Rome fait partie de l'un des six sites désignés par la Federal Aviation Administration (FAA) pour faire des tests pour les drones.

En pleine croissance, l'industrie des drones commerciaux est en voie de révolutionner plusieurs pans de l'économie, et ce, de l'agriculture à la logistique en passant par la gestion des feux de forêt et la recherche de personnes disparues.

Le hic, c'est que la réglementation aux États-Unis - et du reste au Canada - limite actuellement le déploiement de ces appareils pour des raisons de sécurité.

La multiplication du nombre de drones accroît le risque de collision avec les avions. L'enjeu consiste donc à élaborer un système ou une procédure permettant aux drones d'éviter les collisions, et ce, comme s'il y avait un pilote dans les airs - et non pas uniquement au sol.

Le centre de test de drone de Rome est situé au Griffiss International Airport.

La mairesse Izzo fonde beaucoup d'espoir dans les drones. «Les applications commerciales sont énormes, que ce soit pour le détaillant Amazon ou la Poste américaine par exemple», dit-elle en entrevue avec Les Affaires.

Peu de création d'emplois pour l'instant

Mais pour l'instant, cette industrie crée relativement peu d'emplois pour remplacer les milliers de postes perdus au fil des ans dans le secteur manufacturier, admet le directeur du Griffiss International Airport, Russell Stark, en nous faisant visiter le site.

Le développement de l'industrie des drones soulève aussi des enjeux de protection de la vie privée, sans parler de son utilisation par le gouvernement américain pour éliminer des terroristes au Moyen-Orient, dénonce le Upstate Drone Action Coalition.

Pour relancer son économie, Rome mise aussi sur les nanotechnologies, la fabrication de semi-conducteurs et les travaux de l'Air Force Research Laboratory.

Ce centre de recherche effectue des travaux de R-D dans divers secteurs, dont la cybersécurité. En 2014, il a reçu un financement d'un milliard de dollars américains, dont 20 millions de dollars de la part d'entreprises privées.

Les travaux de l'Air Force Research Laboratory sur les drones militaires ont aussi des retombées technologiques sur les drones commerciaux développés à Rome.

Le marché mondial des drones atteindra 100 G$US en 2020, dont 21 M$ pour les drones commerciaux, selon étude publiée en mars par la firme Goldman Sachs.

Pour sa part, la FAA estime que les ventes de drones commerciaux franchiront le cap des 600 000 cette année, pour atteindre 2,7 millions d'appareils en 2020, rapporte le Wall Street Journal.

 

 

 

 

 

 

 

 

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand