Détrompez-vous, la hausse ne profite pas qu'aux GAFA

Publié le 06/08/2020 à 16:06

Détrompez-vous, la hausse ne profite pas qu'aux GAFA

Publié le 06/08/2020 à 16:06

Contrairement à la croyance générale, le rebond de 49% du S&P 500 depuis le 23 mars n’appartient pas qu’à la technologie ou aux titres GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon).

C’est ce que démontre un survol de la performance des onze secteurs de cet indice phare par James Paulsen, stratège en chef de The Leuthold Group qui vise à déboulonner le mythe de la domination de la techno.

Les médias financiers accordent une telle attention à la performance de tête des plus grandes vedettes de la technologie et de leur influence disproportionnée sur l’indice (une pondération de 25%) qu’ils en oublient le reste de l’indice.

S’il est vrai que les cinq plus gros poids lourds (Apple, Amazon, Microsoft, Alphabet et Facebook) ont donné un rendement de 35% par rapport au recul de 5% des 495 autres membres de l’indice S&P 500 depuis le début de l’année (jusqu’au 23 juillet), il n’en reste pas moins qu’une multitude d’autres titres participent à l’élan.

James Paulsen fait valoir que cinq des onze secteurs du S&P 500 ont fait mieux que le gain de 49% du S&P 500 depuis le 23 mars. Trois d’entre eux sont des industries tributaires de l’économie et ne contiennent aucun GAFA.

Il s’agit du secteur des matériaux qui a gagné 62%, de celui de l’énergie qui a rebondi de 56% et enfin du secteur industriel qui a avancé de 50%.

Le stratège rajoute que chacun des onze secteurs de l’indice s’est apprécié d’au moins 29% en un peu plus de quatre mois, la majorité sans l’aide de la technologie ou des chouchous de l’ère numérique.

«Trois secteurs ont gagné plus de 60%, deux secteurs ont avancé de 50 à 56% et trois autres de 40 à 43%. Ça ressemble pas mal à un marché haussier bien réparti», affirme le stratège réputé pour sa vision optimiste des marchés.

En plus, les secteurs «retardataires» sont ceux de la consommation de base, des services aux collectivités, des fonds immobiliers et de la santé, quatre industries que l’on considère traditionnellement comme des refuges.

D’autres indices montrent aussi des progrès en coulisse. L’indice arithmétique Value Line, composé de 1700 sociétés équipondérées, a grimpé de 64% depuis le 23 mars. C’est plus que la hausse de 56% de l’indice des titres de croissance du S&P 500 qui vole la vedette, renchérit-il.

Le Russell 2000, l’indice représentatif des titres à faible capitalisation, ainsi que l’indice équipondéré du S&P 500 ne surpassent pas le S&P500, mais « les plus grosses valeurs boursières ne constituent pas l’unique façon de participer au marché haussier», relance le stratège.

James Paulsen cite aussi la performance respectable des actions des marchés étrangers et même celle des «titres de valeur boudés» par les investisseurs. L’indice MSCI marchés émergents a avancé de 44%, l’indice MSCI Monde ex-États-Unis de 39% et l’indice des titres de valeur du S&P 500, de 37%.

Un autre graphique, qui couvre les 100 derniers jours, révèle que la moyenne mobile des titres qui montent augmente tout comme celle du volume de négociation des titres qui s’apprécient.

Le stratège y voit deux autres signes que le mouvement haussier s’élargit et n’est pas que «l’affaire de cinq sociétés», contrairement à la perception populaire.

Pendant ce temps au Canada

À Toronto, celle que l’on a baptisée Amazon Junior, Shopify (SHOP, 1092,03 $), pèse plus de 6% dans l’indice S&P/TSX, après avoir doublé sa valeur boursière à 173 milliards de dollars en sept courts mois.

C’est davantage que le poids de 5% d’Amazon (AMZN,3239,39 $US) et équivaut au poids d'Apple dans le S&P 500.

Malgré tout, la remontée de 47% du S&P/TSX depuis le 23 mars attrape aussi plus de titres dans son filet.

Un récent commentaire sur les bons résultats du fournisseur de traverses et de poteaux Stella-Jones (SJ, 43,18$), au deuxième trimestre, révélait que son action avait explosé de 87% depuis le mois avril.

Le producteur d’énergie renouvelable Innergex (INE, 22,30$) a aussi rebondi de 54% depuis son creux d’avril parce que des nouveaux projets devraient améliorer sa capacité à verser sa distribution. Sa consoeur Boralex (BLX, 33,86 $) a fait encore mieux avec un bond de 84% depuis le 23 mars.

Les exemples se multiplient. L’industrie du bois et des matériaux de construction flambe et ses producteurs aussi.

Canfor (CFP, 16,06$), Interfor (ITP, 15,49 $), Norbord (OSB, 41,56 $) et West Fraser (WFT, 66,39$) ont gagné 36%, 36%. 40% et 39% respectivement au seul mois de juillet.

La résilience de l’immobilier résidentiel, jusqu’à maintenant, en a pris plus d’un par surprise. L’élan emporte le distributeur méconnu de bois Goodfellow (GDL, 5,80$) ainsi que le producteur de bois d’œuvre CanWel Buldings Materials (CWX, 6,44$). Le premier a sursauté de 37% en juillet et le deuxième a plus que doublé depuis le 23 mars.

Jean-Michel Gauthier, analyste de Banque Scotia, attribue ce rattrapage aux récents résultats financiers qui s’avèrent meilleurs pour les industries plus cycliques que stables.

Si ce changement de régime se poursuivait, dit-il, ce serait de bon augure pour le marché haussier.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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