BLOGUE Le Vatican a décidé de faire sa part pour sortir le Portugal de la crise. Il vient d’accepter qu’on transforme deux congés religieux portugais ( All Saints Day, 1er nov et Corpus Christi, 60 jours après Pâques) en jours de travail. Et ce, à partir de 2013 pour les cinq prochaines années.
À cela, le gouvernement de Pedro Passos Coelho ajoute deux autres jours travaillés en éliminant les congés célébrant la création de la république portugaise ( 5 octobre) ainsi que l’indépendance en 1640 ( 1er décembre).
Ainsi, au cours des cinq prochaines années, les Portugais travailleront 20 jours de plus. La question: d’autres États européens suivront-ils l’exemple du Portugal? Il semble que l’Espagne – qui, tout comme le Portugal, offre 14 jours fériés à ses citoyens en plus des vacances payées – y songe aussi. Les Italiens, quand à eux, profitent de 11 jours fériés. Pour fins de comparaison:
-les travailleurs québécois ont 8 jours fériés;
-les travailleurs américains en ont 10;
-les travailleurs chinois en ont 7;
-les travailleurs François en ont 12;
-les travailleurs britanniques en ont 9;
-les travailleurs allemands en ont 12;
-les travailleurs chinois en ont 9;
-les travailleurs indiens en ont 13.
Le Portugal a bénéficié du soutien financier de la Banque Centrale Européenne et du FMI l’an dernier. Il s’en est suivi un programme sévère d’austérité où l’on a réduit le salaire des fonctionnaires et augmenté les taxes. L’embellie tarde à venir. On évoque la nécessité d’un autre sauvetage financier pour le Portugal.
Réduire le nombre de congés fériés c’est ouvrir une boîte de Pandore. La question: le gouvernement portugais, et les autres gouvernements européens qui l'imiteront, ont-ils un véritable plan pour la suite des choses? S’il n’agit que d’un geste isolé, cela ne mènera pas bien loin. Quatre jours de travail de plus dans une année auront-ils une incidence significative sur le PIB? Il faudra voir si le gouvernement Passos Coelho profitera de l’occasion pour amorcer une réflexion et un dialogue sur la productivité et l’innovation. Sur la culture du travail aussi. Sur la relation que les Portugais entretiennent avec leur travail. Remarquez que j’ai employé le mot dialogue. C’est un défi pour n'importe quel gouvernement, j’en conviens.
Mais, sans une stratégie plus vaste, ces quatre jours de congés en moins feront figure de mesure désespérée, même un peu risible. Ce doit être une étape, un élément que l’on peut rattacher à un plan plus vaste. Il faut expliquer la cohérence de cette mesure, où celle-ci s’insère dans le plan de relance, pourquoi on l’implante. Faute de quoi on aura l’impression que le gouvernement portugais est désespéré ce qui n’aidera en rien à rassurer les marchés. Ce sera plutôt le contraire. On se dira que ce gouvernement n'a plus aucune munition.
Lire ma chronique précédente présentant une vidéo humoristique sur l’élection de François Hollande.
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