Faillite de Parasuco: la faute à l'ego et au logo

Publié le 06/02/2015 à 15:35

Faillite de Parasuco: la faute à l'ego et au logo

Publié le 06/02/2015 à 15:35

Par Diane Bérard

BLOGUE. Le détaillant québécois Parasuco déclare faillite. Salvatore Parasuco ferme ses sept boutiques. Seules les activités en ligne survivront.

Cette faillite était prévisible depuis au moins trois ans. Il existe un signe avant-coureur qui ne trompe pas lorsqu’il est question de marque de vêtements : le logo. Je m’explique. J’ai longtemps compté parmi les fidèles clientes de la chaîne Parasuco. Leurs jeans étaient bien conçus. Et puis, chaque saison, une ou deux pièces plus originales retenaient mon attention. Des articles mode originaux d’assez bonne qualité pour durer quelques saisons. Puis, lentement, le logo a pris toute la place. Il est devenu de plus en plus difficile de trouver une création Parasuco qui n’affichait pas le logo et le nom Parasuco. Et ce, de façon de plus en plus criarde d’une saison à l’autre. Or, je refuse de servir de panneau publicitaire aux créateurs ni aux détaillants. Qu’ils investissent en pub.


« Il est devenu difficile de trouver une création Parasuco sans le logo et le nom Parasuco. Les vêtements étaient des panneaux publicitaires. »

Ce glissement vers des vêtements au logo tapageur a annoncé le début de la fin pour la marque Parasuco. Il faut comprendre ce qui se cache derrière cette omniprésence du nom. C’est une manifestation de l’ego de l’entrepreneur/créateur. Et lorsque l’ego d’un entrepreneur teinte ses décisions, ça n’augure rien de bon. Il cesse de penser au client.

Salvatore Parasuco n’aspirait plus à ce que ses clients achètent ses vêtements. L’entrepreneur voulait que chaque client fasse la promotion de son nom. Cette arrogance a déclenché la suite. Baisse de la qualité des produits. Réduction de l’effort de créativité. Produits de plus en plus uniformes. Peu à peu, les vêtements Parasuco ont été réduits au rôle de panneaux publicitaires.

Vous me direz qu’une certaine clientèle affectionne les logos bien évidents. C’est une façon de montrer qu’on a les moyens de s’offrir telle ou telle marque. Il faut nuancer cette affirmation. C’est probablement vrai pour un certain groupe de consommateurs. Mais ce groupe est moins nombreux qu’avant. Et puis, pour vouloir afficher une marque aux yeux de tous, il faut que cette marque soit assortie d’un certain prestige. Parasuco n’est pas Vuitton. On n’appartient pas à un club sélect quand on porte un vêtement Parasuco.

Tout cela est bien triste. Pour les employés des boutiques qui perdent leur emploi, bien sûr. Pour le Québec qui perd un autre détaillant.

Il serait facile de conclure, encore une fois, que c’est le commerce en ligne qui a eu la peau de Parasuco. Plusieurs le feront. La vérité est que Parasuco a eu la peau de Parasuco.

La prochaine fois que vous constaterez que le nom ou le logo d’un détaillant prend de plus en plus d’importance sur ses vêtements, dites-vous que c’est le début de la fin. Que ce détaillant ou ce créateur tient plus à sa notoriété qu’à ses clients. Et que ses décisions sont désormais passées par filtre.

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