Regarder les bonnes choses

Publié le 09/11/2011 à 10:18, mis à jour le 09/11/2011 à 12:17

Regarder les bonnes choses

Publié le 09/11/2011 à 10:18, mis à jour le 09/11/2011 à 12:17

Blogue. La saison des résultats financiers, cuvée troisième trimestre 2011, tire à sa fin. Et jusqu’à maintenant, les résultats des entreprises sont étincelants.

Plus de 70% des sociétés du S&P 500 ont publié des résultats supérieurs aux attentes, en route vers une progression des profits de plus de 12% pour le trimestre. Les revenus sont en hausse de 14%, selon UBS. Pas mal pour une économie faible, au bord de la récession!

J’écris cela et je sais que ce n’est pas si important. En fait, cela dépend du genre d’investisseur que vous êtes. Si vous investissez uniquement dans les fonds négociés en Bourse (FNB) et que vous avez acheté un FNB représentant le marché boursier américain, alors là c’est très important pour vous. La valeur intrinsèque de votre placement vient d’augmenter de façon significative.

Par contre, si vous êtes comme moi et que vous investissez dans une vingtaine d’entreprises choisies avec soin (supposément!), alors cette donnée a une importance marginale. Je vous avouerai d’ailleurs que si je changeais de place avec vous, je ne passerais pas cinq minutes à me soucier des profits du S&P 500.

En effet, qu’est-ce que cela me donne de voir les sociétés du S&P accroître leurs bénéfices de 12% si mes sociétés en portefeuille elles publient des résultats en baisse?

Cette donnée peut servir, en servant de «benchmark», soit de point de comparaison. Par exemple, si vous calculez que vos sociétés ont une croissance de 2% de leurs bénéfices alors que celles du S&P 500 croissent de 15%, vous avez peut-être un problème dans votre portefeuille, n’est-ce pas?

Mais le plus important à mon avis est d’examiner la performance économique de vos titres un à un. Et c’est là qu’il est facile de se perdre dans les considérations moins importantes.

J’aime bien lire les compte-rendus des appels conférence que bien des entreprises font pour expliquer leurs résultats. Les dirigeants dissèquent leur performance du trimestre et cela me donne une meilleure compréhension des activités de la société.

Sauf que je deviens un peu frustré lorsque les analystes posent des questions qui me semblent si peu pertinentes pour l’investisseur à long terme. Par exemple, une des sociétés que je suis a publié des résultats nettement supérieurs aux prévisions à son trimestre clos le 30 septembre. Une des raisons : son taux d’impôt a été moins élevé que prévu.

Évidemmment, lorsque les financiers ont constaté cela (les dirigeants n’ont pas du tout cherché à cacher ce fait), la surprise est passée de bonne à mauvaise. Et les analystes ont passé pratiquement la moitié de la période de questions à demander des précisions aux dirigeants sur leur taux d’impôt.

Je sais pourquoi les analystes agissent ainsi. Ils établissent des modèles financiers (des fichiers Excel en fait) leur servant à prédire les bénéfices par action du trimestre et de l’exercice en cours et des prochains exercices. Lorsqu’un élément du modèle s’avère loin de la réalité (comme les taux d’imposition), oups, leur prévision s’avère également loin de la réalité. Et ils perdent la face devant leurs clients institutionnels.

Par contre, pour l’investisseur à long terme, ces éléments peuvent être peu importants, voire complètement anodins. J’aurais préféré dans mon exemple que les questions portent davantage sur l’évolution des prix des produits de la société, les nouveaux produits en développement, les efforts pour développer ses marchés en Amérique latine et en Asie, le comportement des compétiteurs, etc. Tous des éléments bien plus importants pour évaluer le potentiel et la valeur à long terme de la société.

Bernard Mooney

 

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