BLOGUE. L’histoire d’Henry Gribbohm est profondément pathétique et elle pourrait servir d’exemple à ne pas suivre pour bien des prétendus investisseurs.

La nouvelle a fait le tour de la planète : «un homme perd toutes les économies de sa vie en jouant à un jeu de carnaval».

M. Gribbohm, citoyen de 30 ans de la ville d’Epsom au New-Hampshire, a en effet perdu 2 600$ en tentant de gagner un jeu Xbox Kinect pour ses enfants.

En lisant son aventure, je me suis rappelé mon enfance alors qu’à chaque fin d’été nous allions à Expo-Québec, attirés surtout par les manèges. Il y avait aussi de nombreux kiosques avec des jeux d’adresse où on pouvait gagner de gros toutous. Ma mère, à chaque année, nous répétait que ces jeux étaient des attrapes-nigauds, dans le sens que celui qui gagne est soit très chanceux ou son toutou lui a coûté une petite fortune.

Henry Gribbohm a tenté sa chance à un jeu appelé «Tubs of Fun» dont le but est de lancer une balle dans un seau de façon à ce qu’elle y reste. Ce qui paraît très simple, n’est-ce pas ?

Surtout que la personne responsable du kiosque a fait une démonstration, réussissant à chaque fois !

M. Gribbohm a d’abord perdu 300$ pour quitter le carnaval et aller vider son compte de banque. Il est retourné jouer pour ainsi perdre un autre 2300$, le reste de toutes ses économies!

Le reste de l’histoire est encore plus pathétique. Complètement déprimé par sa perte, il s’est retrouvé à la police pour porter plainte. Les autorités mènent ainsi une enquête. Comme c’est devenu si typique dans notre société, au lieu de prendre ses responsabilités pour sa stupidité, la personne pointe du doigt un coupable, le plus souvent corporatif.

Ceci dit, il est évident que ce genre de jeu est fondamentalement pipé. Pas besoin d’un QI de 100 pour réaliser que s’il était si facile de gagner un Xbox –ou un toutou- l’exploitant du kiosque ne ferait pas long feu...

Dans ce cas, le «truc» se retrouve dans la démonstation par le personnel qui dépose une balle dans le seau avant de lancer une deuxième balle. La présence de la première balle fait pencher le seau par le bas en plus d’amortir le choc de la deuxième balle, facilitant grandement la réussite.

Toutefois, avant que le client ne lance sa balle, le préposé se fait un devoir d’enlever les deux balles. Oups....soudainement la réussite devient bien plus difficile.

Si vous ne voyez pas le rapport avec la Bourse, le voici. Ce monsieur s’est lancé dans ce jeu sans réfléchir une seconde à ses règles, son fonctionnement et ses difficultés. Hum, il me semble qu’il y a beaucoup d’investisseurs qui en font autant, croyant eux aussi que c’est facile.

«On achète et quand ça monte, on vend.» Ouais, sauf que dans la vraie vie, c’est pas mal plus difficile.

De plus, après avoir perdu 300$, notre joueur s’est obstiné de façon difficile à comprendre. Il avait perdu plus que ce que coûte le Xbox rendant son comportement profondément irrationnel.

Dans le jargon du joueur au casino, il voulait se refaire, autre attitude destructrice. Encore là, plusieurs investisseurs boursiers se comportent de façon semblable. Après avoir perdu une petite fortune sur un petit titre pourtant si prometteur, ils cherchent un autre titre ultra spéculatif pour se reprendre.

Au lieu de prendre du recul pour s’examiner...

Ce qui me rappelle le dicton bien connu au poker «Si vous ne trouvez pas le pigeon de la table , il se pourrait bien que ce soit vous …

La question que vous devez vous poser : êtes-vous un pigeon boursier?

Bernard Mooney