Entrées en Bourse au Québec: on récolte ce qu'on sème

Publié le 04/11/2014 à 09:49

Entrées en Bourse au Québec: on récolte ce qu'on sème

Publié le 04/11/2014 à 09:49

Ceci dit, le déclin permanent des PAPE s’explique principalement à mon avis par la concentration excessive de l’industrie financière et par la réglementation excessive. Par définition, qui dit PAPE dit petites entreprises. Et les grandes sociétés financières qui dominent si outrageusement l’industrie n’ont aucun intérêt pour ces petites entreprises, surtout pas pour prendre le risque de les mener en Bourse avec les revenus insignifiants qu’elles représentent par rapport aux risques.

Que les grosses financières n’aient aucun intérêt n’est pas un péché en soi. Ce qui est cancérigène, c’est qu’il n’y a plus de place, plus du tout, pour les plus petites sociétés financières spécialisées.

Lorsque j’ai commencé à interviewer André Gaumond et Gaétan Morin, ils travaillaient pour la firme de courtage Bell Guinlock, spécialisée en ressources, particulièrement dans la couverture des petites sociétés (l’exploration minière était aussi en vogue en raison de l’attrait fiscal des actions accréditives). Or, il n’y a plus de place pour les Bell Guinlock aujourd’hui, les petites financières ne pouvant survivre pour plusieurs raisons, mais surtout parce qu’elles étouffent sous le fardeau réglementaire. C’est vrai pour les firmes de courtage comme pour les sociétés de gestion.

Depuis 30 ans, chaque cycle boursier a provoqué une nouvelle vague de nouvelles réglementations plus complexes, plus coûteuses et plus coercitives. De façon à créer un environnement où seules les grandes sociétés financières peuvent survivre et prospérer (les grandes banques canadiennes dominatrices sont confortablement installées au centre de l’industrie).

On pourrait dire qu’en voulant une industrie supposément «pure», on a tué les petites sociétés d’où proviennent l’innovation, la prise de risque, l’entrepreneurship et aussi la plus grande partie des premiers appels publics à l’épargne.

J’irais jusqu’à dire que c’est aussi vrai dans le monde du capital de risque dominé et monopolisé au Québec par deux créatures étatiques, la Caisse de dépôt et placement et le Fonds FTQ.

L’enfer est pavé de bonnes intentions, comme on dit. C’est exactement le cas pour ce qui est de la réglementation de l’industrie financière, qui est allée trop loin.

Si vous voulez relancer les PAPE, il faut commencer par déréglementer de façon significative l’industrie, pour permettre aux petites sociétés de naître, de respirer et de prospérer.

Bernard Mooney

P.S . Il n’y a pas que le secteur financier qui se noie dans la réglementation excessive. Toute notre économie pourrait trouver un nouveau souffle si on relâchait un peu cet étau. BM

 

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