Réponse à Navarro et NP : Retour au capitalisme soutenable requis !

Publié le 18/07/2010 à 14:08

Réponse à Navarro et NP : Retour au capitalisme soutenable requis !

Publié le 18/07/2010 à 14:08

Par Paul Dontigny Jr

Blogue : Réponse à Navarro et NP suite à leurs commentaires dans mon article blogue précédent :

Chers Navarro et NP, Goldman Sachs ne fait pas affaires avec "la population américaine".  Elle fait affaires avec 1% de la population et avec toutes les institutions financières mondiales, incluant les caisses de retraite et compagnies d'assurances ainsi que les gouvernements, qui eux, font affaires avec la population. 

Goldman a participé allègrement à la bulle de produits dérivés qui a mis en danger le système financier mondial ... crise qui est encore loin d'être réglée.  Les pertes seront acheminées par Fannie et Freddie et toutes sortes d’autres organismes gouvernementaux et paragouvernementaux et en bout de ligne, c'est la population qui paiera le sauvetage de Goldman et des autres comme Citigroup, AIG, Well’s Fargo, Fannie etc. 

Si vous spéculiez avec un effet de levier de 40:1 et plus et que vous amassiez 100$ millions dans vos poches personnelles net d'impôts pendant 10 ans, et que la onzième année vous aviez une perte de 500$ millions, ça ne devrait pas être à la population qui fait un salaire moyen autour de 40 000$ par année de payer votre perte pour assurer que vous puissiez conserver votre 100$ millions gagné précédemment … surtout si votre levier avait été procuré grâce à des garanties gouvernementales (donc par la population) comme les garanties de dépôts dans les banques.  Ajoutons que pour réaliser c es gains, vous auriez trompé ou fait du « front running » sur le dos de vos propres clients qui vous percevaient comme leurs conseillers financiers, ou conseiller en « trading ».

Ajoutons à l'équation que les gains de 100$ millions étaient personnels, mais que les pertes se retrouvent dans des compagnies détenues par des investisseurs publics (bonus VS pertes).  Il est facile de voir que si on accepte ce genre de transactions comme une règle qui gouverne un système financier et économique, nous courons vers la ruine collective. 

Ainsi, il n'y a pas de logique pour qu'un petit groupe de gestionnaires-dirigeants se fassent attribuer 10% des actions d'une énorme compagnie publique pour leur gestion d'une période de 4 à 5 ans. 

Les principes de rémunération que nous avons eus depuis 20 ans sont bons théoriquement pour promouvoir les bons résultats, mais les méthodes choisies et les taux d'application que les dirigeants se sont attribués sont de toute évidence disproportionnés et appliqués de manière inappropriée, de façon telle que ces formules répandues à grande échelle ont promu la spéculation à court terme au lieu de promouvoir l'entreprenariat qui bâti du solide à long terme.  Les compagnies sont gérées aussi pour être vendues.

Comme je l’ai souvent dit, les historiens surnommeront cette période comme étant « the looting of America ».

Le capitalisme soutenable est fondé sur la notion de bâtir, beaucoup plus que sur a notion de spéculation.  Le risque d'affaires est bien différent du risque aléatoire qui correspond à la spéculation.  Je propose d'aider ceux qui prennent un risque d'affaires mais de laisser à eux-mêmes ceux qui prennent un risque de spéculation.

On peut prendre un grand risque d’affaires, ce qui ne signifie pas qu’il s’agisse de spéculation.  Nous devons accepter les spéculateurs car ils jouent un rôle crucial dans le capitalisme soutenable.  Mais ils ne doivent pas être supportés et protégés au point où ils s’approprient ou mettent en danger les compagnies industrielles ou financières.

Il est absolument inacceptable qu’on leur ait permis de s’approprier le système financier mondial. 

Et pourtant, Goldman Sachs avait fait exactement la même erreur vers la fin des années 20 et le début des années 30 avec l’utilisation de levier dans des « trusts », l’équivalent des hedge funds d’aujourd’hui.  Ces fonds utilisaient le levier pour acheter d’autres fonds qui utilisaient le levier, qui achetaient d’autres fonds … etc.  (lisez le livre « The Great Crash of 1929 de John Kenneth Galbraith – chapitre 3). 

À ma connaissance, Goldman avait été transformée par la suite en compagnie qui recherchait la valeur et le risque d’affaires à long terme, approche qui a rendu cette firme incroyablement profitable et respectée … jusqu’en 1999, date à laquelle les lois de protection contre les excès du levier et des conflits d’intérêts ainsi que de d’autres pratiques financières excessives ou douteuses, ont été abolies.

Et en 10 ans, le même degré de destruction a été accompli que dans les 5 années qui ont précédé le krach de 1929.

Nous devons faire un ménage semblable à celui de la grande dépression des années 30 et ce ménage, pour être utile et valide, doit éliminer la capacité aux institutions financières d’agir contre leurs propres clients, d’utiliser un excès de levier qui met en danger ces institutions et le système financier, et doit aussi restaurer la séparation des tâches ou des business de la finance afin de réduire les conflits d’intérêts.

C’est le plan que Obama a présenté à sa première intervention au sujet de la crise.  Les lois passées devront être mise en application pour voir si les excès ont été adressés, sans toutefois mettre le système en danger à très court terme en tentant de régler les problèmes trop vite.

On ne peut tout régler rapidement car nous devons avant tout réduire graduellement la taille de l’industrie des produits dérivés à une grosseur qui ne met pas en danger le système.  Il faut donc réduire la capacité d’effectuer certaines transactions, sans par le fait même créer une vague de défauts qui aurait un effet domino.  Mais il est certain qu’on ne peut plus permettre de continuer à augmenter le risque.

Il faut revenir à un capitalisme qui n’est pas contrôlé que par les financiers et les spéculateurs.  Voici une citation intéressante de John Hussman : (article compet)

“If our only response to excess consumption is to pull out all the stops trying to "stimulate" consumption every time it falters; if our only response to reckless lending is to defend the bondholders every time their poor allocation of capital threatens to produce a loss for them, then quite simply, we will destroy our economy, our future, and our standard of living. The last thing I want to be is a cheerleader for the bears here. But quite honestly, it's difficult to envision a return to long-term saving, productive investment, and thoughtful allocation of capital until - as happens every two or three decades - the speculative elements of Wall Street are crushed to powder. “

Paul Dontigny Jr, M.Sc., CFA

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