Secteur et segment de marché
Depuis trois ans, le marché immobilier vit une transformation qui, si les courants de fonds venant l’affecter sont toujours plus ou moins présents et en action, les résultats cumulatifs commencent à davantage se faire sentir. Cela crée des occasions d’investissement pour certains segments de marché à l’intérieur de secteurs bien définis. Par contre, des risques accrus apparaissent également pour d’autres segments, d’autres secteurs et on peut carrément parler de menaces lorsque les deux, mauvais créneau dans un secteur délaissé, sont juxtaposés!
En d’autres termes, le temps où n’importe qui pouvait acheter n’importe quel bien immobilier n’importe où, attendre un peu (parfois sans même que l’encre de la promesse d’achat soit sèche) et revendre à profit pour s’en vanter haut et fort, est révolu.
Voici deux exemples récents dont j’ai eu connaissance :
Au début de l’été dernier, les dirigeants d’une institution financière de Sept-Îles m’ont contacté afin d’organiser une conférence pour les acheteurs de première propriété. Le besoin d’information est toujours présent. Par contre, le marché immobilier de la Côte-Nord, tributaire essentiellement des industries forestières et minières, est tellement particulier dans ce secteur qu’en discutant avec ces gens, je me suis rendu compte que le besoin d’information était avant tout un besoin de motivation! C’est qu’en ce moment, il n’y a, à toute fin pratique, aucune propriété à vendre ou logement disponible à louer. Cette situation est due au fait, d’une part, qu’au cours des 25 dernières années environ, aucun immeuble à revenus ne fût construit puisque les deux principaux moteurs économiques tournaient soit au ralenti ou étaient à l’arrêt. Maintenant que l’industrie minière recommence à investir et à créer des emplois par centaines, dans un contexte euphorique généré par les annonces, même si encore flou, du Plan Nord, la demande dépasse largement l’offre.
Pendant ce temps, plus au sud, dans la région de la métropole, un collaborateur me racontait en début de semaine que le logement loué pour sa fille il y a deux ans, dans un immeuble tranquille, est devenu invivable en raison de la dégradation de la clientèle locative, qui rime habituellement avec un resserrement du marché locatif. Résultat : pour réussir à louer, plusieurs propriétaires laissent tomber les mesures élémentaires de vérifications des demandes de location. Ce bon père de famille a loué, après avoir trouvé sans difficultés, un second logement à sa fille et demeure à ce jour, incapable de sous-louer le premier.
Martin Provencher, auteur-conférencier en immobilier
