Soyez prudent avec les Bourses des pays émergents

Publié le 30/10/2010 à 00:00

Soyez prudent avec les Bourses des pays émergents

Publié le 30/10/2010 à 00:00

Cela fait l'unanimité : les Bourses des pays émergents feront mordre de la poussière aux Bourses des grands pays industrialisés au cours des prochaines années.

C'est justement parce que cela fait l'unanimité qu'il faut s'en méfier. Lorsque la plupart des experts chantent le même refrain, c'est que la mélodie commence à sonner faux aux oreilles des investisseurs prudents.

L'argent coule à flot dans les pays émergents. Selon The Institute of International Finance, des capitaux de 825 milliards de dollars américains (G$ US) seront investis dans ces pays cette année, 42 % de plus qu'en 2009.

De leur côté, les investisseurs américains ont été des acheteurs nets de fonds d'actions étrangères à hauteur de 29,8 G$ US depuis le début de 2010 (en date du 6 octobre), selon l'Investment Company Institute. Or, pendant ce temps, ils ont liquidé pour 71 G$ US de fonds d'actions américaines (et cela ne tient pas compte des actifs des fonds négociés en Bourse qui investissent à l'étranger).

Des arguments bien connus

De toute évidence, les épargnants américains sont en amour avec les actions des pays étrangers. On peut les comprendre. La Bourse américaine n'a presque rien fait depuis 10 ans, tandis que les promesses des pays émergents sont séduisantes.

En effet, les arguments favorables aux marchés comme ceux de la Chine, de l'Inde et du Brésil sont bien connus. Cette année par exemple, l'économie chinoise devrait croître trois fois plus que celle des États-Unis. C'est pour dire : une croissance de 8 % en Chine est considérée comme un ralentissement !

De plus, les pays émergents sont dans des situations financières nettement plus réjouissantes que celles des États-Unis et de la plupart des pays d'Europe. Pas surprenant que leurs marchés boursiers affichent de meilleurs rendements que ceux des pays occidentaux. Depuis 12 mois, l'indice MSCI marchés émergents a bondi de 16 %, tandis qu'à New York, l'indice S&P 500 a gagné environ 8 %.

Croissance n'égale pas rendement

Toutefois, cela ne constitue pas une garantie de haut rendement pour l'avenir.

Établir une corrélation entre la croissance d'un pays et son potentiel boursier est une grave erreur. Il n'y a pas nécessairement de lien. En fait, s'il y a un lien entre croissance économique et potentiel boursier, il est à l'inverse de ce qu'on pourrait penser. Selon une étude réalisée par des chercheurs de la London Business School, depuis 1900, les Bourses des pays qui affichent la croissance économique la plus faible ont réalisé des rendements plus élevés que celles des pays à croissance élevée.

Même à court terme, le lien est ténu. Par exemple, il est vrai que la croissance économique chinoise est de beaucoup supérieure à celle des États-Unis. Pourtant, sur un an (du 15 octobre 2009 au 15 octobre 2010), l'indice de la Bourse de Shanghai a stagné, alors que le S&P 500 s'est apprécié de 7,3 %.

Comprenez bien l'essence de mon message. Je ne dis pas que les Bourses des pays émergents dégringoleront demain matin. À mon avis, elles sont juste un peu trop populaires actuellement. Dans ce sens, c'est plutôt une invitation à la prudence.

Le temps est donc venu de vérifier si la pondération de ces titres dans votre portefeuille n'est pas exagérée. Par exemple, si plus de 25 % de votre capital est placé dans ces marchés, vous devez être conscient du risque élevé que cela représente. Ces Bourses sont reconnues pour leur forte volatilité.

Par ailleurs, si vous tentez votre chance avec les Bourses des pays émergents, n'oubliez pas de considérer des facteurs clés comme la liquidité des titres, la stabilité politique et sociale de ces pays et la qualité de l'information financière disponible.

Investir indirectement

Enfin, si vous cherchez une façon indirecte et beaucoup plus prudente de profiter de la croissance des pays émergents, je vous recommande de considérer l'achat de titres des grandes multinationales américaines, particulièrement celles que j'appelle les " méga-capitalisations " (les entreprises les plus importantes et les plus dominantes).

Comme je l'ai expliqué dans l'article intitulé " L'occasion d'une génération " publié le 11 septembre dernier, des géantes comme Coca-Cola, Procter & Gamble, Johnson & Johnson et McDonald's réalisent une importante partie de leurs revenus dans les pays émergents. En achetant leurs actions, vous profitez de la croissance de ces pays sans vous exposer à des risques élevés. En prime, ces titres s'échangent actuellement à leurs plus bas ratios cours-bénéfice depuis 50 ans, en partie parce que beaucoup d'investisseurs vendent leurs fonds d'actions américaines pour acheter des fonds spécialisés dans les pays émergents. Ironique, n'est-ce pas ?

De mon blogue

www.lesaffaires.com/bernard-mooney

Changer le REER

Le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce vient de déposer son rapport final intitulé : L'épargne-retraite : la clé d'une retraite confortable. Il comprend six recommandations pour aider les Canadiens à augmenter la sécurité du revenu de retraite. À cette occasion, je vous demande quels changements ou améliorations devrait-on apporter au REER et au CELI.

Vos réactions

" On devrait nous permettre de placer 18, voire 20 % du revenu avant impôt dans un CELI, au lieu de limiter la contribution annuelle à 5 000 $. "

- SB

" Le FERR devrait être amorti jusqu'à 95 ans au lieu de 90 ans, comme c'est le cas présentement. La longévité des couples justifie ce changement. "

- Guy Préfontaine

" On devrait avoir le droit d'avoir un compte en devises américaines dans le REER. "

- Arie de Jonge

" Le gouvernement devrait garantir un plafond d'impôt sur les futurs retraits du REER en fonction du taux d'imposition marginal de l'épargnant au moment où il fait sa contribution. "

- yletourneau

bernard.mooney@transcontinental.ca

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