Profitez de l'essor des gaz de schiste... en évitant les fuites

Publié le 14/04/2012 à 00:00

Profitez de l'essor des gaz de schiste... en évitant les fuites

Publié le 14/04/2012 à 00:00

La baisse récente des titres de services pétroliers est le prélude d'un orage intense à l'horizon, mais également d'une occasion d'achat à moyen et à long terme.

La forte hausse de la production de pétrole et de gaz naturel à partir des formations géologiques dites étanches a changé la donne pour les fournisseurs de services pétroliers. En 2011 et en 2012, leur niveau d'activité et de rentabilité a atteint un record.

Grâce à la fracturation hydraulique, aux forages horizontaux, à quelques techniques accessoires et, facteur crucial, à un prix élevé du pétrole, on peut en effet exploiter de nouveaux gisements de pétrole et de gaz dans les formations de schiste autrefois non exploitables, et revitaliser d'anciens champs pétroliers abandonnés.

À tel point que la production pétrolière aux États-Unis s'est remise à augmenter, selon Michael Mazar, analyste des services pétroliers pour BMO Marchés des capitaux. L'Agence internationale de l'énergie prévoit que la production de pétrole brut aux États-Unis passera de 7,9 millions de barils par jour à la fin de 2011, à 9,1 M vers 2015.

«Pour atteindre cette production, il faudra nécessairement des investissements massifs en forage, non seulement pour hausser la production, mais aussi pour compenser le taux de déclin des puits existants. Cela veut dire beaucoup de travail pour les entreprises de forage et de fracturation», fait valoir M. Mazar.

L'analyste est d'avis que la fracturation pourrait permettre de réduire l'ampleur des cycles qui touchent les fournisseurs de services pétroliers, mais qu'elle ne l'éliminera pas totalement. Il note en effet qu'en dépit de la chute du prix du gaz naturel à un niveau inégalé depuis des décennies, le nombre de d'installations de forage en service a continué d'augmenter en 2011, et ce, notamment grâce à la fracturation.

Un secteur cyclique

La forte rentabilité des derniers trimestres a permis à plusieurs sociétés d'augmenter leur dividende. Calfrac Well Services (Tor., CFW, 26,44 $) a haussé le sien de 400 % (pour un rendement de 0,71 %), Trican Well Service (Tor., TCW, 14,03 $), de 200 % (rendement de 0,67 %) et Canyon Services Group (Tor., FRC, 11,64 $), de 140 % (rendement de 4,88 %). Pour sa part, Savanna Energy Services (Tor., SVY, 7,65 $) a introduit un dividende à hauteur de 0,35 $ l'action (rendement de 4,65 %).

Même si les fournisseurs de services pétroliers tournent à plein gaz, les spécialistes interrogés sont divisés sur les perspectives à court terme du secteur, lequel a été historiquement l'un des plus volatils de la Bourse.

Joanne Hruska, vice-présidente d'Aston Hill Asset Management et gestionnaire du fonds Catégorie IA Clarington Énergie (actif de 10 M$), soutient que la fracturation est un facteur de croissance pour les sociétés de services pétroliers. Toutefois, elle prévient que les titres resteront sensibles au prix du pétrole, lequel dépend de la vigueur de l'activité économique mondiale, en particulier de celle des pays émergents. «C'est le bon moment d'acheter les titres des entreprises de services pétroliers. Elles ont beaucoup de commandes présentement et leur évaluation boursière est basse», dit Mme Hruska.

Selon elle, les titres de services pétroliers sont en général plus volatils que ceux des producteurs. La raison : ils ont plus de coûts fixes à supporter, ce qui les désavantage lorsque les tarifs baissent. En revanche, ils inscrivent plus de profits quand les prix montent.

Les sociétés de services se divisent en deux groupes : celles qui louent leurs installations de forage et les services de productions afférents, et celles qui fracturent les puits creusés. Parmi les premières, Mme Hruska préfère Precision Drilling (Tor., PD, 9,66 $), le plus important fournisseur de plateformes de forage canadien. Près de 75 % de ces plateformes servent à la recherche de pétrole brut.

Le titre se vend à environ 7 fois les bénéfices prévus de 2012, ratio qui pourrait grimper à plus de 10 au sommet du cycle. Bien que la société ait connu des problèmes financiers en 2008, Mme Hruska croit que son bilan est maintenant l'un des plus solides de l'industrie. La société s'est abstenue de réintroduire son dividende pour renforcer son bilan.

Parmi les entreprises de fracturation, Mme Hruska a investi surtout dans Calfrac plutôt que dans Trican. Elle explique la faiblesse récente du titre de Calfrac par la crainte de voir émerger une suroffre d'équipements. «Nous croyons que ce repli est une occasion d'acheter Calfrac. La société a inscrit des revenus et des profits records, et a haussé son dividende. Cela ne se reflète pas dans le cours actuel», soutient Mme Hruska.

Poseidon Concepts (Tor., PSN, 13,99 $), qui a inscrit son titre en Bourse en 2011, fait aussi partie de ses favorites. Cette société a mis au point un système de réservoirs volumineux dans lesquels sont entreposés les rejets liquides de la fracturation. Ce système permet à Poseidon de traiter ces résidus liquides de façon plus sécuritaire que ses concurrents, tout en faisant épargner beaucoup d'argent à ses clients.

«Ce n'est pas une société purement de forage comme Precision, ni purement de fracturation comme Calfrac, mais sa croissance suivra celle de la fracturation et du forage pétrolier. Et elle verse un généreux dividende de 1,04 $ par action», explique Mme Hruska.

Couramment, son portefeuille du secteur énergie comporte 32 % de titres de sociétés de services pétroliers, 41 % de titres de producteurs de pétrole et 27 % de titres de producteurs de gaz.

Sprott a liquidé ses titres de services pétroliers

Eric Nuttal, gestionnaire du portefeuille de 145 M$ du Sprott Energy Fund pour Sprott Asset Management, est plus pessimiste. M Nuttal a liquidé récemment tous ses titres de sociétés de services pétroliers. Pourtant, à la fin de décembre 2011, ils occupaient presque tous les 10 investissements les plus importants de son portefeuille, et ce, pour la première fois depuis plusieurs années.

«Il y a beaucoup d'incertitude dans les secteurs du pétrole et des services pétroliers. Pour le moment, la relation entre le risque et le rendement ne les favorise pas», dit l'expert.

Le gestionnaire craint que la baisse du prix du gaz naturel n'entraîne une réduction substantielle des flux monétaires des producteurs dans la deuxième moitié de 2012. Dans ce cas, leurs dépenses de capital dans l'exploration pétrolière seront réduites proportionnellement, entraînant moins de commandes pour les entreprises de services.

Selon M. Nuttal, avant de réinvestir dans les titres de services, il faudra soit que les titres deviennent très sous-évalués, soit que des changements dans la conjoncture le convainquent qu'une baisse des investissements ne se concrétisera pas en 2012.

S'il retourne dans le secteur, Precision Drilling sera parmi les premiers achats. La société se vend sous sa valeur comptable, dégage des profits, a pu hausser ses tarifs en 2012 et offre un titre très liquide.

Ses choix suivants iraient du côté de Calfrac, Trican et Canyon, avec un petit penchant pour Canyon. Cette dernière offre un généreux dividende, concentre ses activités au Canada et est bien positionnée pour tirer profit du développement du nouveau bassin de pétrole du schiste de Duvernay.

Il prévient toutefois que tous ces titres pourraient connaître des soubresauts en Bourse au cours des prochains mois.

Mason Granger, gestionnaire du fonds Sentry Energy Growth and Income Fund (actif de 226 M$), n'a pas de titres de services pétroliers dans son portefeuille, lequel est axé sur la stabilité des revenus du secteur pétrolier.

«Nous jugeons les titres de sociétés de services trop volatils et trop cycliques», tranche M. Granger. Il croit toutefois que la fracturation n'est rien de moins qu'une révolution pour les producteurs pétroliers et gaziers. «Son influence est énorme. Plusieurs observateurs commencent à croire que cette technologie permettra aux États-Unis d'obtenir leur indépendance énergétique.»

L'abondance des gaz de schiste a contribué à faire chuter le prix du gaz naturel

- 51,8 % en trois ans

Source : Bloomberg

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