Savez-vous combien vous coûtent vos placements ?

Publié le 07/04/2012 à 00:00

Savez-vous combien vous coûtent vos placements ?

Publié le 07/04/2012 à 00:00

Le 20 mars, j'ai blogué pour dénoncer certains produits présentés comme des fonds négociés en Bourse (FNB), mais qui trahissent leur véritable raison d'être.

La force du FNB est de permettre d'acheter passivement un marché dans son ensemble à faible coût. Or, plusieurs sociétés financières offrent des portefeuilles gérés de FNB en facturant par exemple des frais de 1,7 %. Comme je le dénonçais dans mon blogue, les investisseurs achètent ce genre de produit en pensant qu'il s'agit d'un FNB. Mais ceux-ci ne le sont qu'en apparence, puisqu'ils ne comportent pas de faibles frais.

Quelques heures plus tard, j'ai reçu un courriel d'un planificateur financier bien connu qui, tout en me demandant de ne pas le citer, dénonçait lui aussi un grave problème : «On n'a pas un portrait clair de l'ensemble des frais facturés. Souvent, on oublie les taxes, on ne présente parfois que les frais du conseiller et on omet les frais des titres gérés, etc.»

Cette source ajoute que les conseillers honnêtes, qui divulguent la totalité des frais sont pénalisés, devant expliquer de long en large les pratiques de la concurrence sous les yeux sceptiques des clients.

Toute une panoplie de frais

C'est un sujet crucial, car bien des épargnants ne savent pas compter et ne savent pas quoi compter.

John Bogle, fondateur des fonds Vanguard, disait avec beaucoup de sagesse que les rendements sont incertains, mais que les frais sont des certitudes. En fait, les rendements sont une promesse que personne ne contrôle vraiment. Par contre, vous pouvez en grande partie contrôler vos coûts. Si vous le faites de façon disciplinée, vous améliorez vos chances de vous enrichir à long terme. Et lorsque vous connaissez l'impact des frais sur les rendements, vous commencez à être un épargnant avisé.

La première étape est de systématiquement faire la guerre aux frais et aux coûts de toutes sortes. Quand je parle de frais, j'inclus les frais liés à votre simple compte de banque, à l'émission de chèques ou à l'utilisation d'une carte de débit. Sans oublier des coûts comme les coûts de transaction, les commissions, les frais liés à la conversion d'une devise, les frais de gestion, les frais relatifs à l'écart entre le cours acheteur et le cours vendeur, les impôts sur les revenus d'intérêts, les dividendes et les gains en capital, les frais d'administration, les frais de financement si vous empruntez pour investir, etc.

Pour savoir combien vous coûtent vos placements, ce sont tous ces frais que vous devez évaluer. Faites l'exercice et calculez combien d'argent vous avez payé, souvent sans le savoir, pour tous vos placements en 2011. Vous serez en avance sur la plupart des épargnants, qui ignorent que bien des gens s'enrichissent avant eux.

Rendement affiché et rendement réel

L'épargnant conscient de l'importance des frais aura une saine méfiance face à tous les rendements affichés, parce qu'ils sont en grande partie fictifs. Prenons l'exemple d'un fonds investissant dans des placements dits «alternatifs», très à la mode depuis quelques années chez les investisseurs insitutionnels. On vous mentionne que ce fonds a réalisé un rendement de 15 %.

La seule lecture de ce rendement vous fait saliver, n'est-ce pas ? Un instant ! Il ne faut pas oublier les frais. Si vous aviez investi 1 000 $ dans ce fonds, votre rendement aurait été de 150 $. Ce type de gestionnaire facture habituellement 2 % de l'actif, plus une participation aux profits de 20 %. Ce taux de 2 % réduit votre rendement à 130 $ et la participation aux profits, d'un autre 26 $, à 104 $.

Habituellement, ce genre de fonds fait un grand nombre de transactions chaque année. Cela signifie qu'il est fort possible que votre 104 $ soit un gain complètement imposable. Selon votre taux d'imposition, cela peut retrancher un autre montant de 23 à 25 $ de votre rendement, laissant environ 80 $.

Notez le parcours : nous sommes partis d'un rendement ronflant de 15 %, à un rendement réel après impôts de 8 %.

Comparez maintenant cette situation à celle d'un investisseur qui achète un FNB représentant l'indice S&P/TSX au Canada et qui réalise un rendement de 10 % avant les frais. Il paiera des frais de gestion de 0,25 %, ce qui diminuera son rendement à 9,75 %. Supposons encore qu'en bon investisseur à long terme, il n'a pas vendu. Donc, il n'a payé aucun impôt. Certes, il paiera des impôts un jour, lorsqu'il vendra, mais c'est lui qui contrôle le moment le plus propice pour cela. Cet investisseur s'est donc enrichi de 9,75 %, ce qui est mieux que le rendement de 15 % du fonds «alternatif».

Vous constatez qu'avant de vous exclamer devant un rendement affiché, vous avez un travail à faire. Si un conseiller vous présente des rendements, essayez de calculer ce rendement après tous les frais. Si on vous offre des produits, insistez sur la divulgation complète de tous les frais, y compris la rémunération de votre conseiller.

C'est la seule façon pour vous d'avoir toutes les données pour prendre une décision éclairée.

DE MON BLOGUE

Médias sociaux

L'hypocrisie a un nom : Facebook

Facebook a une mission ronflante. Dans son prospectus, Mark Zuckerberg, président, écrit qu'elle a été bâtie pour accomplir une mission sociale - faire de la planète un monde plus ouvert et plus «connecté». Il ajoute qu'il y a un besoin immense à donner à chacun une voix... Lorsqu'on exprime haut et fort de telles valeurs, il faut être prêt à accepter la facture qui vient avec.

Déjà, la constitution du capital-actions de Facebook me frustre, avec ses deux catégories d'actions, les actions A donnant droit à un vote et les B, à 10 votes... Évidemment, M. Zuckerberg garde pour lui la majorité des actions à 10 votes.

Cette même société qui veut créer un monde plus ouvert ne voit aucun problème à créer deux classes d'actionnaires.

Si ce n'est pas de l'hypocrisie, qu'est-ce que c'est ?

Vos réactions

«On pourrait résumer le raisonnement de Facebook par un commentaire fictif de Mark Zuckerberg : "Faites ce que je dis et pas ce que je fais !"»

- alkemira

«Facebook fait partie d'une révolution de notre monde.»

- cerealmaker

«Je crois qu'on peut très bien vivre sans Facebook.»

- terreneuva

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

bernard.mooney@tc.tc

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