Le gouvernement chinois semble avoir échoué dans sa tentative de ranimer la confiance sur les marchés boursiers mondiaux en annonçant, le 9 novembre, un plan de relance de l'économie d'une valeur de 586 milliards de dollars américains.
Le plan de la Chine a fait peu d'étincelles en Bourse. Deux séances après son annonce, l'indice S&P TSX avait perdu 1,8 %.
Le pays a annoncé des investissements dans une dizaine de secteurs : agriculture, infrastructures de transport, réseaux d'aqueducs et d'électricité, environnement, innovation technologique, etc.
Le plan chinois prévoit également des baisses d'impôt et un accès plus facile au crédit pour les ménages à faibles revenus des régions rurales ainsi que pour les PME.
Dong Tao, économiste en chef pour l'Asie chez Credit Suisse, prévoit que 60 % du plan sera consacré au secteur du transport. Il s'attend également à une détente modérée de la politique monétaire du pays, plutôt qu'au resserrement auquel on assiste depuis le début de l'année.
" Ces mesures devraient jouer un rôle important dans la stabilisation de la croissance de l'économie chinoise à 8 % annuellement dès que les premiers effets se feront sentir, vers la mi-2009 ", indique Dong Tao.
L'économiste prévoit que le PIB de la Chine progressera de 7,2 % l'an prochain.
Peu d'effet sur l'économie avant la mi-2009
Michael Gregory, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux, voit aussi d'un bon oeil le plan chinois.
Mais il note que les investisseurs ont vite réalisé qu'il faudra probablement plus de six mois avant que les mesures annoncées aient un effet assez important sur la croissance économique chinoise pour avoir des répercussions positives en Occident, notamment une augmentation du prix des matières premières.
À son avis, l'économie mondiale continuera de souffrir à court terme, car les plans économiques d'urgence adoptés par plusieurs pays n'ont pas réussi à vaincre le pessimisme qui persiste en Bourse.
" Le fait que le plan chinois s'étale jusqu'à la fin de 2010 y est sûrement pour beaucoup. L'annonce signifie également que le gouvernement chinois reconnaît que la santé de l'économie nationale est minée par la crise financière mondiale ", précise M. Gregory.
De la poudre aux yeux
Selon Derek Scissors, chercheur du centre d'études asiatiques pour l'organisme The Heritage Foundation, le plan du gouvernement chinois n'est que de la poudre aux yeux.
" Le plan représente environ 16 % du PIB annuel de la Chine. Or, il s'agit en grande partie d'un regroupement de mesures qui ont déjà été annoncées ", explique M. Scissors.
M. Scissors cite notamment le programme de reconstruction après le séisme du 12 mai dans la région du Sichuan.
" Le plan ne constitue même pas une petite surprise pour quiconque connaît les problèmes qu'éprouve l'économie chinoise. Ceux qui comptaient sur la vigueur de celle-ci pour sauver le monde d'une crise financière seront déçus ", ajoute le chercheur.
Derek Scissors précise que le PIB chinois a crû de 12 % en 2007, avant de reculer à 9 % au troisième trimestre de 2008, soit la plus faible croissance en cinq ans. Cela représente un recul significatif pour la Chine.
Richard Kelly, économiste principal pour TD Economics, note que le plan ne comporte aucune aide financière importante pour les exporteurs qui doivent composer avec une baisse de la demande mondiale et pour le secteur immobilier, également très fragile.
M. Kelly ne croit pas que les investisseurs devraient se réjouir du plan chinois. Il note dans le passé, les mesures gouvernementales ont eu un faible effet sur le prix et la demande des matières premières.
Soulignons que le prix du pétrole a touché son plus bas niveau en 20 mois au lendemain de l'annonce du plan de l'État chinois.
denis.lalonde@transcontinental.ca