Pourquoi avez-vous fait ce documentaire et quelle a été votre plus grande découverte ?
J'ai toujours voulu connaître l'histoire de mon grand-père. On entend partout parler de lui, mais je voulais avoir la version des gens de ma famille, pour comprendre qui il était vraiment. Quant à ma découverte, c'est sa persévérance. Il a travaillé pendant plusieurs années avant de réussir. C'était quelqu'un qui ne lâchait pas. Pour lui, quand on croyait à quelque chose, il fallait aller jusqu'au bout.
Comment la mort d'un des fils d'Armand Bombardier, qui n'a pu être transporté à l'hôpital à cause de l'enneigement des routes, a été déterminante dans la mise au point de la première autoneige ?
Ce drame lui a fait prendre conscience de l'urgence d'agir. Il avait un don pour la mécanique depuis qu'il était jeune. Il a conçu son premier véhicule à 15 ans ! Très tôt, il avait donc cette fougue pour réaliser un jour un véhicule qui pourrait circuler en hiver. Mais ce drame familial a été un élément déclencheur. Ce sentiment d'urgence, on le retrouve d'ailleurs souvent chez les créateurs. On peut toujours avoir des idées et vouloir les améliorer. Mais de là à passer aux actes... Dans le cas de mon grand-père, le moteur n'était pas encore au point avant la mort de son fils. Cette mort a tout accéléré.
Quand Armand Bombardier meurt en 1964, son frère Germain prend la relève quelque temps, pour ensuite céder la barre à Laurent Beaudoin, le gendre de votre grand-père. Quelle était la différence fondamentale entre les deux hommes ?
Chez mon grand-père, c'était beaucoup son côté inventeur qui primait. Il créait sans cesse de nouveaux équipements de production. Il avait aussi un côté entrepreneur, qui lui a permis de faire grandir l'entreprise. Pour sa part, la force de mon oncle Laurent résidait dans son entrepreneurship. C'est un homme d'affaires aguerri, qui n'était pas un créateur sur le plan de l'ingénierie. Cela dit, c'était quand même un grand créateur, pour avoir réussi tout ce qu'il a accompli. C'est d'ailleurs lui qui a compris qu'il fallait aller chercher de la technologie à l'extérieur de Bombardier pour faire croître l'entreprise.
francois.normand@transcontinental.ca
