Plaidoyer pour la richesse

Publié le 01/09/2012 à 00:00, mis à jour le 30/08/2012 à 10:34

Plaidoyer pour la richesse

Publié le 01/09/2012 à 00:00, mis à jour le 30/08/2012 à 10:34

Il y a deux semaines, François Legault, chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), a déclaré que les Québécois étaient « très suspicieux à l'égard du secteur financier ». Cette citation m'a fait sursauter.

Après réflexion, je me suis rendu compte que la déclaration du politicien reflétait un problème qui dépassait le secteur financier. Au Québec, de plus en plus, on se méfie des gens riches, de ce fameux « 1% » mis en vedette par le mouvement « Occupy Wall Street ».

Je le constate lorsque je rencontre des gens au hasard et qu'ils apprennent que ma passion est de suivre la Bourse, d'y investir et d'écrire à son sujet. Leur réaction est un mélange de surprise et de dégoût. C'est comme si je devais avoir honte d'être associé au secteur financier.

Cet été par exemple, une dame a résumé sa pensée en me disant qu'elle en avait contre tous ces profiteurs financiers qui ne pensent qu'à l'argent...

Sans vouloir généraliser, il s'agit d'une attitude qui reflète un grave malaise dans notre société. Celui-ci n'est pas nouveau, mais s'est accru depuis la crise financière de 2008-2009. Et il n'est pas limité au Québec, quoiqu'il soit encore plus intense ici.

Riche = malhonnête

Ce malaise trouve son origine dans la relation que nous entretenons avec l'argent et la richesse. On semble vouloir revenir aux valeurs judéo-chrétiennes des années 1950, à la différence que le prêcheur n'est plus un curé, mais un blogueur, un éditorialiste ou un politicien.

De plus en plus de gens croient que, si vous êtes riche, vous êtes probablement malhonnête. Cette idée fait maintenant partie de notre culture.

Supposons, comme c'est la croyance populaire, que la crise ait été provoquée par les méfaits de gens d'affaires corrompus, comme les présidents de nombreuses institutions financières. On parle probablement de 50, peut-être de 100 personnes, non ? Admettons que ces individus sont des escrocs, grugés par l'avidité et la soif irrationnelle de toujours avoir plus d'argent, peu importe les moyens et les conséquences.

Les gestes de ces gens et les allusions les concernant ont fait les manchettes des millions de fois dans le monde entier depuis quatre ans. Or, il est évident que c'est une erreur de conclure, parce qu'une centaine de dirigeants d'entreprise se sont comportés en escrocs, que tous les dirigeants sont des monstres d'avidité.

De plus, c'est probablement l'inverse qui est vrai. En effet, je connais de nombreux gens d'affaires et aucun, oui aucun, ne peut porter cette étiquette. J'irai plus loin. Sans être des saints (les pauvres que je connais ne sont pas des saints non plus), la très grande majorité de ces personnes, dirigeants d'entreprise, investisseurs et entrepreneurs, ont réussi et ont amassé une certaine fortune par des moyens que je qualifierais de vertueux.

En effet, ces individus ont travaillé fort, 10 à 12 heures par jour, six ou sept jours par semaine pendant plusieurs années, investissant leur argent avec sagesse et gérant leur entreprise avec compétence.

Leur richesse, leur argent, est le reflet de leur compétence, de leur acharnement, de leur créativité et de leur volonté à prendre des risques. Voilà, en fait, comment la grande majorité des gens riches le sont devenus !

Maintenant, en quoi tout ce que je viens de vous décrire est-il mal ? Est-ce que ces entrepreneurs prospères devraient avoir honte de leur réussite ?

La richesse est un résultat

Si vous me dites que la plupart de ces gens sont obsédés par l'argent, je vous confirme que c'est faux. Car, si vous fondez une entreprise et que vous êtes motivé seulement par l'argent, vos chances de réussite sont pratiquement nulles.

Pourquoi ? Parce que l'argent est un résultat. Lorsqu'un entrepreneur travaille, il ne passe pas son temps à penser à l'argent. Il pense à gérer son entreprise de son mieux, à concevoir de nouveaux produits et services, à résoudre les problèmes de ses clients, à réduire ses coûts, à développer des marchés, etc.

Ces actions, menées de façon compétente, conduisent à long terme à la richesse. Et il n'y a jamais de garantie.

Par conséquent, si vous voulez devenir riche, vous devez, avant, devenir plus efficace, plus compétent, plus persévérant, etc. Vous devez donc « enrichir » votre personnalité, d'abord et avant tout. Cela est vrai autant dans le monde des affaires qu'à la Bourse.

Lorsque vous présentez la richesse de cette façon, l'aventure du monde des affaires devient plus attrayante.

Or, n'a-t-on pas besoin de plus de gens qui lancent des entreprises, peu importe le secteur, créent des emplois et tentent de s'enrichir ? Plus une société comporte de telles personnes, plus elle crée de la richesse, celleci servant à prodiguer de meilleurs soins de santé, à mieux entretenir nos infrastructures et à donner une meilleure éducation à nos enfants. La richesse n'est pas le problème ; elle fait plutôt partie de la solution.

DE MON BLOGUE

Fiscalité

Washington fait frémir Wall Street

Je commençais à désespérer ! Depuis plusieurs jours, le marché boursier progresse comme si tous les problèmes de la planète étaient réglés. Mais voilà que deux manchettes en provenance du site de la chaîne spécialisée CNBC nous préviennent de la future crise, qui se profile à l'horizon. Et elle concerne ce que les Américains qualifient de fiscal cliff (ou « précipice fiscal »). D'abord, d'importantes réductions d'impôt viennent à échéance le 31 décembre. Ensuite, des réductions des dépenses gouvernementales sont prévues à partir du 1er janvier. Ces deux événements sont perçus comme des menaces pour l'économie. Le stratège David Kostin, de Goldman Sachs, prévoit une baisse de 12% du S&P 500 et recommande aux investisseurs de vendre leurs actions avant que cette crise ne prenne toute la place dans l'actualité...

Vos réactions

« À ce que je sache, il n'y a toujours rien de réglé en Europe. » - mario.lalonde

« Rien de mieux que de suivre un site ou une chaîne comme CNBC pour se planter. » - forth

« Le fiscal cliff va probablement faire peur à bien du monde. » - martin dupont

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.