Ce n'est pas trop tôt !
Nous en avons fini avec 2008, l'année où un mot quasiment oublié est revenu nous hanter : récession. À l'automne, la tempête qui déferlait sur les États-Unis s'est étendue à toute la planète.
Désormais, les yeux se tournent vers les gouvernements, redevenus le rempart ultime contre les assauts de la crise, et surtout vers la future administration Obama, perçue à tort ou à raison comme l'antidote à la récession.
Entre-temps, on peut tout au moins revenir sur l'année écoulée pour en recenser les faits marquants. Évidemment, le palmarès pourrait ne décliner que les multiples effets de la crise, puisque c'est elle qui a retenu l'attention depuis l'été. Mais bien d'autres événements sont survenus en 2008, une année qu'on a eu tendance à voir monochrome - en noir.
Voici donc mon classement bien personnel des 10 faits marquants de l'année.
1 Indiscutablement, ce fut l'année des escrocs. Elle a commencé avec la sentence de 12 ans de prison infligée à Vincent Lacroix avant de se conclure avec l'affaire Madoff, une fraude 500 fois plus grande. On peut se demander combien d'autres bandits cravatés vont continuer de sévir avant d'être démasqués. Dans l'intervalle, Conrad Black a pris le chemin de la prison, l'Autorité des marchés financiers a porté 682 chefs d'accusation dans le dossier Mount Real, et j'en passe.
2 Malgré tout, certains entrepreneurs ont foncé. Ce fut donc aussi l'année des bâtisseurs. Un des plus beaux exemples en est donné par Daniel Gauthier, l'ancien président du Cirque du Soleil, qui a poursuivi la transformation du Massif de Petite-Rivière, dans Charlevoix, en une station touristique quatre saisons. Il pilote le plus important investissement privé dans l'Est du Québec.
3 Mais ce fut aussi l'année des désillusions. À Montréal, il a fallu se résoudre à la disparition du Grand Prix. Le patron de la Formule 1, Bernie Ecclestone, préfère maintenant les Dubaï et Abu Dhabi de ce monde, capables (pour l'instant) de le couvrir d'or. La région de Québec n'a pas été épargnée, subissant la fermeture inattendue de l'usine de sandales Crocs.
4 Tant va la cruche à l'eau qu'elle se casse, dit-on, et on craint que l'histoire se répète du côté de Lévis : ce fut l'année de la Davie, l'entreprise bipolaire par excellence au Québec. Un jour, le chantier naval met la clé sous la porte. Puis il est racheté par des Norvégiens peu connus. Puis Davie suspend à nouveau ses activités, avant d'annoncer qu'elle a obtenu du financement et qu'elle peut rappeler ses quelque 1 100 employés... et en embaucher 500 autres.
5 Comment ne pas parler de l'année des régions blessées, avec l'effondrement de l'industrie forestière ? De l'Abitibi au Lac-Saint-Jean en passant par La Tuque et Donnacona, usines de sciage et papetières ont souffert. Peut-on imaginer un sauvetage du secteur forestier en 2009, comme on en prévoit un pour l'industrie automobile canadienne ?
6 Friture sur la ligne, ou " votre appel est important pour nous " : ce fut également l'année de BCE, qui nous a tenus en haleine jusqu'à ce qu'une obscure analyse de KPMG ne vienne compromettre sa vente, au soulagement probable de Teachers' et de ses alliés, au déplaisir des actionnaires de BCE. Le géant canadien des télécommunications peut espérer rebondir, d'autant plus qu'il n'aura pas à traîner une dette supplémentaire de 32 milliards de dollars.
7 Si vous aviez de gros travaux en chantier, c'était votre année - et ce sera encore le cas en 2009 - l'année des infrastructures. À lui seul, le gouvernement du Québec y consacre 30 milliards de dollars jusqu'en 2013, et le fédéral s'apprête à investir davantage que prévu.
8 On se rappellera aussi de 2008 comme de l'année où la bulle des matières premières a éclaté : le pétrole ne vaut plus que le quart de sa valeur de l'été 2008, et les prix des denrées - potasse, uranium, cuivre, etc. - reculent.Bernie Ecclestone aurait-il été bien imprudent de miser sur l'or noir du Moyen-Orient ?
9 Et que dire de la Bourse ? Ce fut malheureusement l'année où on passe à Liberté 75. Les reculs dépassent 35 %, tant à New York qu'à Toronto, et personne n'y échappe, que ce soit la Caisse de dépôt ou nos pauvres REER.
10 Enfin, ce fut l'année de la résilience québécoise. Pendant des mois, nous avons a attendu que le choc nous renverse, à l'image de ce que vivent les États-Unis. Ils ont perdu 2 millions d'emplois en 2008, tandis que le Québec en a gagné. Notre village gaulois ne résistera pas éternellement, mais c'est déjà ça de pris, et qui sait ce qui peut survenir en 2009 ? En tout cas, je vous la souhaite belle et bonne.
DE MON BLOGUE
www.lesaffaires.com/rene-vezina
L'ère du zéro
Que faire si la bête continue à charger quand on a épuisé ses cartouches ? C'est la question qu'on se pose un peu partout maintenant que la Fed vient de ramener son taux directeur à près de zéro. On dit officiellement " dans un cours cible entre 0,25 et 0 % ".
Le patron de la Fed, Ben Bernanke doit se croiser les doigts pour que cette ultime mesure fonctionne !
Vos réactions
" Pouvez-vous m'expliquer pourquoi ma banque demande, pour le renouvellement de mon hypothèque, 5,6 % pour un an et 6,6 % pour trois ans ou cinq ans, tout en tenant compte que l'emprunteur a un excellent dossier de crédit ? Pourquoi d'autres pays exigent de leurs banques qu'elles refilent toutes les baisses des taux d'intérêt aux emprunteurs, mais que ce ne soit pas le cas au Canada ? "
- Benoît Le Nabec
" J'ai posé un peu la même question à mon institution, bref on m'explique que le taux directeur n'est pas la même chose que le taux préférentiel. Il pourrait être à zéro et je payerai toujours au moins 2,5 %, voire 3,5 %. En gros, pourquoi faire cela pour stimuler l'économie mais ne pas en faire bénéficier celui qui fait rouler l'économie, le consommateur ? "
- David
rene.vezina@transcontinental.ca
