Pas aussi pingres qu'on le prétend, les Québécois

Publié le 20/12/2008 à 00:00

Pas aussi pingres qu'on le prétend, les Québécois

Publié le 20/12/2008 à 00:00

S'il y a une manchette qui me déplaît, et qui revient de façon lancinante année après année, c'est bien celle-ci : "Les Québécois sont les Canadiens les moins généreux en matière de dons de charité."

C'est déplaisant, parce que cette analyse annuelle de l'Institut Fraser, publiée récemment, réveille à tout coup de vieux démons qui mettent à mal notre identité.

En un mot, nous serions les pingres des pingres. En plein temps des Fêtes, ce n'est pas précisément un compliment. Et c'est de nature à alimenter notre propension collective à l'autodénigrement. Comme société, nous ne serions pas à la hauteur.

Un instant ! Je marque ma dissidence.

Les chiffres sont les chiffres, c'est indiscutable. Les Québécois versent en moyenne 0,33 % de leurs revenus à des oeuvres charitables, comparativement à 1,14 % pour les Manitobains (les plus généreux au Canada) et 3,84 % pour les citoyens de l'Utah (les plus généreux aux États-Unis).

Mais je jette un premier pavé dans la mare. Prenons, par exemple, le taux d'imposition provincial pour la deuxième tranche de revenu : de 30 545 à 66 000 $, au Manitoba, de 37 500 à 75 000 $ au Québec. Au Manitoba, ce taux est de 12,75 % ; au Québec, il s'établit à 20 % !

En d'autres mots, ceux qui appartiennent à la classe dite moyenne, ici, paient beaucoup plus d'impôts à leur gouvernement provincial. En contrepartie, nous bénéficions de garderies à 7 $, d'un régime d'assurance parentale, d'un régime d'assurance médicaments, des droits de scolarité universitaire les plus bas au pays, d'un filet de sécurité sociale sans égal...

Nous payons déjà une bonne beurrée à l'État. Un, il nous en reste moins dans nos poches, et deux, on peut supposer, à juste titre, qu'il se sert de cet argent pour venir en aide aux démunis. À tort ou à raison, l'État est devenu notre Providence. Le réflexe, légitime, du citoyen ordinaire peut alors se traduire ainsi : "Que le gouvernement fasse son travail."

Et il y a cette abondance de téléthons, radiothons, guignolées et autres collectes de dons qui font appel aux sentiments et auxquels les Québécois ont toujours été sensibles. Oh ! ils ne versent pas de gros montants, mais ce sont autant de contributions qui échappent aux statistiques. Mettre en doute l'esprit de solidarité des gens d'ici, comme se risque à le faire l'Institut Fraser, est gratuit et déplacé.

Vous noterez que je n'ai pas fait référence aux gens de l'Utah, ces champions de la vertu (et partisans farouches de la National Rifle Association, qui fait du lobbying en faveur du port d'armes). Dans le même esprit, ils paient beaucoup moins d'impôts, et la taxe de vente n'y dépasse pas 7 % (alors que les Québécois paient une TPS de 5 % et une TVQ de 7,5 %).

La morale de cette histoire ? Il est plus facile d'avoir le coeur sur la main quand l'État ne vient pas en même temps puiser dans votre poche.

Les Québécois pourraient-ils se montrer plus "généreux" ? Idéalement, oui. On se rend bien compte que l'État ne peut pas tout faire et que les besoins ont rarement été aussi grands. Tout appui supplémentaire est bienvenu.

Mais dans le contexte actuel, que voulez-vous, nous avons déjà beaucoup donné. Qu'on ne vienne pas nous sermonner en plus.

Quotidien... quelques jours par semaine

Aux États-Unis, la presse écrite vit des moments difficiles, et certains médias en sont réduits à de curieux expédients.

Le Detroit Free Press vient d'annoncer qu'il abandonne la livraison à domicile, sauf pour les numéros plus rentables des jeudi, vendredi et dimanche. Les autres jours, allez chercher votre journal au dépanneur... ce qui ne manquera évidemment pas de réduire les tirages.

Pendant ce temps, un réputé chroniqueur financier, Jon Friedman, de MarketWatch.com, suggère au (jadis) prestigieux hebdomadaire Newsweek d'abandonner la partie. Le New York Times doit mettre un immeuble en garantie pour obtenir un prêt de 200 millions de dollars. Et le groupe Tribune (Chicago Sun Times, Los Angeles Times, etc.) est acculé à la faillite.

Le portrait est assez clair. De véritables institutions qu'on croyait quasi éternelles sont appelées à disparaître, tout au moins dans leur format papier.

Ici ? Comme le village gaulois de l'histoire, nos journaux résistent et s'en tirent relativement bien. Mais comme celui que vous tenez dans vos mains, il leur faut se renouveler et utiliser toutes les plateformes à leur disposition. C'est le passage obligé pour la pérennité... et pour éviter de finir au musée.

rene.vezina@transcontinental.ca

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