Or : la chute du prix, une occasion d'achat ?

Publié le 17/08/2013 à 00:00, mis à jour le 15/08/2013 à 09:34

Or : la chute du prix, une occasion d'achat ?

Publié le 17/08/2013 à 00:00, mis à jour le 15/08/2013 à 09:34

Voici la prophétie qui se trouvait au mois d'avril en ces pages, au moment où le prix de l'or était de 1 550 $ US l'once.

«On est également assez préoccupés par la valeur des fonds négociés en Bourse. Ils détiennent maintenant autant d'or à eux seuls que le Fonds monétaire international (FMI). Si jamais le FMI devait vendre de l'or, il le ferait de façon ordonnée. Mais les investisseurs institutionnels et individuels ne le feront pas ainsi. Dans l'éventualité où une reprise haussière tarderait trop, on pourrait bien voir des sorties importantes venir mettre de la pression supplémentaire. Le prix de l'or ne devrait pas s'effondrer, mais il pourrait encore reculer.»

Où est le prix de l'or aujourd'hui ? Autour des 1 300 $ US l'once, après avoir atteint les 1 200 $ US.

Pour une fois, le prix de l'or semble ne pas avoir réagi instantanément, à l'inverse de la prophétie (un phénomène que l'on appelle la chance !).

Cela dit, avec la correction, la question se pose de nouveau : serait-ce le temps de revenir vers le marché aurifère ?

Le hasard de nos lectures nous a fait tomber sur le point de vue de l'un des plus grands partisans du métal précieux : John Ing, de Maison Placements Canada.

Pourquoi John Ing voit l'or grimper

Les habitués du secteur connaissent bien le personnage. «In Gold we trust», pourrait être sa devise. Il reste convaincu que le prix du lingot ne recule que pour mieux rebondir. Pronostic pour la fin de l'année : l'once d'or grimpera à 2 000 $ US. Et, attachez bien votre tuque, sur un horizon non précisé, il voit le métal précieux atteindre... 10 000 $ US !

Le gestionnaire estime que nous sommes dans une période qui pourrait être qualifiée de «calme avant la tempête».

L'assouplissement quantitatif mené par la Réserve fédérale américaine (FED) est, à ses yeux, une bombe à retardement. L'opération permet de faire flotter l'économie en faisant grimper l'endettement des ménages et des administrations publiques.

Le service de la dette américaine ne représente actuellement que 0,9 % du PIB des États-Unis, le plus bas niveau en 50 ans. Mais lorsque les obligations cinq ans du gouvernement retourneront à la moyenne historique (près de 6 %), ce service pourrait coûter 600 G $ US par année, plus que tout autre programme fédéral, à l'exception de la sécurité sociale. Le trouble s'amènera.

Par ses opérations d'achats d'obligations, ajoute-t-il, la FED finance actuellement 40 % de toutes les émissions de dette au pays. Il faudra bien un jour sortir de cette situation, mais comment ? Si la FED se retire, les obligations perdront en valeur et elle exposera alors le système bancaire à d'importantes pertes, puisqu'une bonne partie de sa capitalisation repose sur la valeur de ces obligations. Des pertes que les banques n'ont toujours pas les moyens d'encaisser. En parallèle, les taux d'intérêt grimperont et les défauts de paiement des ménages viendront accentuer la spirale. Bref, la crise sera pire que celle de 2008.

Là ne s'arrêtent pas ses inquiétudes. Le marché des produits dérivés affiche, à ses yeux, un risque plus grand encore. Il est évalué à 600 trillions de dollars américains, soit plus de 10 fois le PIB mondial. Bien que la communauté financière soutienne que pour un perdant sur ces produits, il y a aussi un gagnant, de récentes données montrent que les swaps de taux d'intérêt et de devises utilisent encore plus l'emprunt qu'en 2008.

M. Ing a-t-il raison ?

Les craintes qu'il soulève ne sont pas sans fondement. Et il n'est pas seul dans son camp.

Son pessimisme apparaît cependant trop grand. La majorité des inquiétudes sont liées au crédit. Il est vrai qu'une hausse des taux d'intérêt peut potentiellement faire dérailler l'économie. Mais, pour le moment, il n'y a pas de signaux d'une envolée marquée sur une courte période.

Même si la reprise manque un peu de souffle, elle progresse, et le paysage semble évoluer en faveur d'un retrait progressif des opérations d'assouplissement. Tant que la remontée des taux se fera graduellement, sur une période de quelques années, il ne devrait pas y avoir de choc.

Pendant ce temps, les fonds négociés en Bourse continuent d'alimenter le doute. Entre le moment de la dernière chronique et aujourd'hui, le nombre d'onces d'or qu'ils détenaient a fondu de 18 %. C'est énorme, et c'est en grande partie ce qui explique la chute. Leur niveau (autour de 63 millions d'onces, selon Davy) est néanmoins toujours de 57 % supérieur à celui de la fin 2008 (40 millions), date où la crise financière avait amené beaucoup d'investisseurs sur le marché de l'or.

Dans l'éventualité où la reprise envisagée par M. Ing ne se présenterait pas d'ici la fin de l'année, quelque chose nous dit qu'il y a un potentiel d'abdication encore assez élevé chez ceux qui sont toujours dans les FNB. D'autres sorties de fonds ne sont pas à exclure, une pression de plus donc vers le bas.

On continuerait d'éviter le secteur pour l'instant.

DANS LE DÉTAIL

Maison Placements aime les titres d'Agnico Eagle et d'Eldorado Gold. Elle note que même celui de Barrick Gold (qui connaît toutes sortes d'ennuis) peut-être intéressant, tellement le marché est déprimé.

Le titre sur cinq ans

Agnico-Eagle (AEM, 30,24 $)

Recommandation des analystes

Achat 2

Surperformance 4

Conserver 15

Sous-performance 1

Vendre 2

Cible moyenne : 36,25 $

Le titre sur cinq ans

Eldorado (ELD, 8,66 $)

Recommandation des analystes

Achat 4

Surperformance 10

Conserver 5

Sous-performance 1

Cible moyenne : 10,85 $

Le titre sur cinq ans

Barrick (ABX, 18,70 $)

Recommandation des analystes

Achat 5

Surperformance 5

Conserver 17

Sous-performance 1

Cible moyenne : 24,20 $

francois.pouliot@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

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