Mieux vaut demander l'absolution que la permission

Publié le 04/05/2013 à 00:00, mis à jour le 09/05/2013 à 09:06

Mieux vaut demander l'absolution que la permission

Publié le 04/05/2013 à 00:00, mis à jour le 09/05/2013 à 09:06

Dans moins d'un mois, Montréal accueillera la deuxième édition de C2-MTL, un événement consacré à la créativité qui s'est fait remarquer, l'année dernière, par sa programmation innovatrice à saveur internationale. C2-MTL apportait aussi un vent de fraîcheur à la ville, coincée par les manifestations incessantes du «printemps érable». Cette année, du 21 au 23 mai, on aura entre autres l'occasion d'y entendre des personnalités comme Sir Richard Branson, Philippe Starck et Elle Macpherson.

En mal d'identité, Montréal avait déjà adopté le thème de la créativité. Mais pour que le concept s'impose en allant au-delà du simple buzz word, il doit s'incarner dans la place de travail, et pas seulement pour les entreprises naturellement reconnues comme innovantes. S'immiscer dans la vie courante.

La poursuite de l'innovation s'accompagne forcément du risque d'échecs passagers. Cette question s'est retrouvée au coeur d'un colloque organisé par HEC Montréal, le 26 avril, sous le thème «Leaders créatifs : de l'idée à l'action».

C'est Réal Jacob, professeur à HEC et animateur de l'événement, qui en a le mieux résumé l'esprit : «Mieux vaut demander l'absolution que la permission», a-t-il dit, pour rappeler que rien ne remplace l'initiative. Mais il faut alors reconnaître le droit à l'erreur. C'est habituellement la force de dirigeants capables de laisser une marge de manoeuvre à leurs troupes. De là jaillit l'étincelle qui allume la créativité.

Pourquoi est-ce important ? Considérez cette statistique présentée par le magazine Forbes : «75 % des revenus des entreprises qui réussissent proviennent de produits qui n'existaient pas il y a cinq ans».

Autrement dit, on ne peut plus rien tenir pour acquis. Ceux qui s'assoupissent, si brillants soient-ils, risquent de se faire éclipser. Regardez ce qui arrive à Apple, dont la suprématie est ébranlée par de nouveaux acteurs apparemment plus affamés.

Cette référence aux données de Forbes était incluse dans la présentation de Laurent Simon, lui aussi professeur à HEC Montréal et codirecteur de Mosaic, un groupe qui travaille sur le management de la création à HEC. Il a rappelé qu'aujourd'hui on parle moins de l'économie du savoir - un terme pourtant dominant il n'y a pas si longtemps - et davantage de l'économie de la créativité. «Savoir quoi faire est maintenant plus difficile que de le faire», a-t-il lancé.

L'illustration concrète en a été remarquablement livrée par Stéphane Cardin, producteur chez Ubisoft Montréal, qui a captivé l'auditoire en racontant comment son équipe a rebondi après avoir dû reconnaître un échec qui aurait pu conduire à son démembrement.

Dans l'industrie du jeu vidéo, les produits sont développés par des «studios» qui regroupent différentes compétences complémentaires. M. Cardin dirigeait un studio de quelque 150 personnes. Après s'être échiné avec son groupe pendant plus de deux ans à concevoir un jeu mal aligné, il a dû se rendre à l'évidence : mieux valait jeter l'éponge. Mais, comme il voulait conserver le noyau de son équipe, il a réussi à convaincre la direction de lui donner six mois pour en concevoir un tout nouveau - et il a aussi convaincu ses gens de le suivre, alors qu'ils étaient plutôt démoralisés et auraient pu se joindre à un autre studio.

C'est alors que M. Cardin a mis de côté ses expériences en management pour imaginer une nouvelle atmosphère de travail. Il est devenu un véritable leader créatif. Six mois plus tard, au siège social d'Ubisoft à Paris, à partir du prototype qu'il avait développé de toutes pièces avec son monde, on lui donnait le feu vert pour lancer la production...

Son bilan ? Il faut parfois lâcher prise, fédérer les gens autour de soi et s'amuser.

Toutes les entreprises ne sont pas bâties sur le même moule qu'Ubisoft, mais c'est vrai que l'absolution devrait être considérée partout au moins aussi bien, sinon mieux, que la simple permission.

Retraites, suite et fin

Mes deux dernières chroniques touchant la question des retraites m'ont valu de nombreux courriels. Je ne pourrai répondre à tous les commentaires, et il me faut passer à autre chose, mais la preuve est faite : c'est un sujet brûlant qui préoccupe grandement la population. Et il faudra encore travailler fort pour trouver une formule qui rassure les gens, dont le coeur se serre à l'idée de la retraite.

DE MON BLOGUE

L'industrie minière

L'après-Chibougamau et l'espoir venu des mines

Il y a de bonnes chances que le gouvernement Marois dévoile enfin sa politique sur les redevances minières (et plus largement, sa stratégie touchant le développement du Nord québécois) dès le début de la semaine [...] Il serait temps. Dans les milieux concernés, on vit le supplice de la goutte d'eau depuis six mois.

Vos réactions

«On ne peut pas aller avec un système ultra compliqué comme l'Australie lorsqu'on serait les seuls en Amérique du Nord à avoir un tel système. Il faut être de son temps et être un peu comme les autres de temps en temps. C'est bien beau la société distincte, mais il faut aussi être réaliste.»

- SB

«Il y a aussi la future Loi sur les mines qui sera annoncée avec son nouveau nom : " Loi sur la disparition du secteur minier québécois ". Les rumeurs les plus folles circulent dans les cafétérias du MRN concernant le contenu de cette loi.»

- jpthoma1

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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