Ce n'est pas la faiblesse du dollar américain qui propulse le huard, mais le dynamisme et les caractéristiques de l'économie canadienne, dont le sort est très lié aux ressources naturelles.
Au quatrième trimestre de 2007, le huard avait touché un sommet de 1,08 $ US parce que le dollar américain dégringolait par rapport aux principales devises. Toutefois, la situation est bien différente aujourd'hui, dit François Barrière, vice-président, marchés internationaux, chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
" Le dollar américain s'apprécie, mais le dollar canadien s'apprécie encore plus vite ", dit-il, précisant que le huard et le peso mexicain sont les devises les plus dynamiques du monde en ce moment.
Deux groupes de devises s'apprécient plus rapidement que le dollar américain : les monnaies des pays qui profitent directement de la reprise aux États-Unis (le Canada et le Mexique), et celles des pays producteurs de ressources naturelles (le Canada, l'Australie, l'Afrique du Sud, le Brésil et la Norvège).
" Le Canada se retrouve dans les deux groupes ", précise François Barrière.
1. Les exportations canadiennes moins concurrentielles dans plusieurs pays
Les exportateurs qui s'arrachent les cheveux en raison de la parité avec le dollar américain ne sont pas sortis de l'auberge. Le huard s'apprécie non seulement par rapport au billet vert, mais aussi face à l'euro, à la livre sterling et au yen japonais. En revanche, le dollar canadien a reculé par rapport à une autre devise forte, le dollar australien. L'envolée du huard face aux principales devises nuira aux exportateurs qui ont diversifié leurs marchés pour atténuer la force du taux de change canado-américain. " Nos exportations seront également moins concurrentielles dans la zone euro ou en Grande-Bretagne ", estime François Barrière, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
2. Les prix au détail au Canada ne reflètent pas la force du huard
Dollar américain, euro, livre sterling, yen japonais, yuan chinois (dont la valeur est arrimée au billet vert) : l'envolée du huard par rapport aux principales devises devrait entraîner une baisse des prix au détail. Quand une monnaie s'apprécie, cela réduit les coûts d'importation pour les détaillants. Or, de février 2009 à février 2010, l'indice des prix à la consommation est en hausse au pays, selon Statistique Canada. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette situation, selon Robert Desormaux, professeur de marketing à HEC Montréal. Les détaillants veulent obtenir de meilleures marges, ils veulent écouler leurs stocks existants, ou compensent la hausse du prix du carburant.
3. La parité avec le dollar américain est là pour rester
La valeur du huard par rapport au dollar américain suit étroitement le prix du baril de pétrole. Comme le Canada est un important producteur de pétrole, plus la demande pour l'or noir est forte, plus celle pour notre monnaie augmente. Le facteur de corrélation entre le huard et le prix des denrées est de 0,96 (sur une échelle de 1), note George Vasic, analyste chez UBS. Les économistes ont observé que le huard atteignait la parité avec le billet vert quand le baril avoisinait 90 $ US. Actuellement, il s'échange à 84 $ US. " Je ne serai pas surpris que le baril touche 100 $ US en 2010 ou 2011 ", dit Martin Lefebvre, économiste principal au Mouvement Desjardins. La parité est donc là pour rester.
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