Le faible taux de chômage au Québec, un mirage

Publié le 20/03/2010 à 00:00

Le faible taux de chômage au Québec, un mirage

Publié le 20/03/2010 à 00:00

Statistique Canada vient de publier son bilan de l'emploi pour février et le Québec a encore des raisons de se réjouir... en apparence. Car il suffit de fouiller un peu pour comprendre que, dans les faits, le portrait est loin d'être brillant.

D'abord, les bonnes nouvelles : le taux de chômage au Québec (8,1 %) reste légèrement sous la moyenne nationale (8,2 %), même si la majorité des nouveaux emplois ont été créés dans l'Ouest et en Nouvelle-Écosse. Par contre, le Québec a récolté des milliers d'emplois à temps plein tandis qu'il en perdait à temps partiel, gagnant ainsi au change.

Premier bémol : de façon générale, au pays, c'est la fonction publique qui a soutenu l'emploi. Quelque 6 500 salariés du secteur privé ont perdu leur travail. Ce n'est certes pas le signe d'une économie vigoureuse. Les gouvernements ont bien tenu le fort pendant la récession et leurs interventions ont limité les dégâts. Cependant, l'investissement privé tarde à se manifester et il faudrait éviter de resserrer le crédit puisque de nombreuses entreprises sont en convalescence.

Mais il y a pire. Le Québec se classe encore loin au-dessous de la moyenne nationale quant au taux d'emploi, une statistique aussi significative que le taux de chômage. Et à cet égard, certaines villes québécoises importantes sont en queue de peloton.

Le taux de chômage est calculé d'après la proportion de personnes qui cherchent un emploi et qui n'en trouvent pas. Elles sont inscrites dans des registres et on peut suivre leur progression. Ce taux diminue lorsque de nombreux emplois sont créés, et grimpe lorsque de nombreuses entreprises cessent leurs activités. Mais pour être compté dans le taux de chômage, il faut travailler ou être inscrit sur les listes de chercheurs d'emploi.

Pour sa part, le taux d'emploi permet une lecture plus globale : il tient compte de toutes les personnes en âge de travailler qui occupent un emploi. Aux fins de ce calcul, on considère l'ensemble de la population âgée de 15 à 64 ans. C'est vaste, mais le barème est le même pour toutes les provinces. Il est vrai que bien des jeunes sont encore aux études, et que bien des sexagénaires sont à la retraite. On peut cependant convenir qu'il n'y a pas de différence significative d'une province à l'autre. On peut donc comparer des comparables.

Au Canada, en février, le taux d'emploi moyen était de 61,5 %; il n'était que de 59,7 % au Québec. En Ontario, où le taux de chômage est plus élevé qu'au Québec, le taux d'emploi s'établissait à 61,1 %. En Alberta, il atteignait 67,9 %. Autrement dit, en Ontario, les chômeurs sont plus activement à la recherche de travail qu'au Québec, et une plus grande part de la population active travaille. Les chiffres sont clairs : calmons-nous et cessons de clamer que nous sommes en meilleure position que nos voisins. Ce n'est pas vrai.

La situation est particulièrement préoccupante dans certaines agglomérations. Au Québec, le taux d'emploi culmine à Gatineau (67,9 %), dépasse légèrement la moyenne nationale à Québec, et se situe juste sous cette moyenne à Montréal. Cependant, à Sherbrooke, le taux d'emploi n'est que de 58 %; il descend à 55,8 % à Saguenay et dégringole à 52,8 % à Trois-Rivières ! Sur deux personnes en âge de travailler, une seule occupe un emploi. Pourquoi des chiffres aussi faibles ?

Les Québécois partent plus hâtivement à la retraite que les autres Canadiens, ce qui élimine nombre de personnes comprises dans le calcul du taux d'emploi; certains grands centres, comme Montréal, comptent une forte proportion d'étudiants qui ne participent pas encore au marché du travail.

Toutefois, cela n'explique pas tout. Dans les faits, pour être conséquent, le taux de chômage devrait être élevé au Québec, ce qui indiquerait que les sans-emploi cherchent activement un travail pour améliorer leur sort. Or, ce n'est pas le cas.

Arrêtons donc de fanfaronner au sujet de notre taux de chômage relativement bas et regardons la réalité en face. Au Québec, bien des personnes ne cherchent plus à travailler parce qu'elles sont découragées, ou simplement parce qu'elles n'en ont pas envie. Et dire qu'on évoque une pénurie imminente de main-d'oeuvre ! Et dire qu'on déplore le lourd fardeau fiscal qui pèse sur les épaules des salariés, de ceux qui se lèvent tous les jours pour aller travailler ! Il y a là un malaise profond qu'il faudra reconnaître avant de pouvoir parler de la bonne santé de l'économie québécoise.

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