Le Comité de suivi Osisko Malartic de nouveau sur les rails

Publié le 04/05/2013 à 00:00

Le Comité de suivi Osisko Malartic de nouveau sur les rails

Publié le 04/05/2013 à 00:00

Le Comité de suivi Osisko Malartic vient d'être remis sur les rails. Il avait été dissous en décembre en raison de son incapacité de livrer son mandat, soit d'assurer un lien entre la communauté et Osisko, qui a construit une mine d'or à ciel ouvert sur la moitié de la municipalité de Malartic, ce qui a entraîné une importante délocalisation.

Une nouvelle équipe a été formée ; elle sera dirigée par un ingénieur de Val-d'Or, Michel Gilbert. C'est Johanne Gélinas, associée en développement durable chez Raymond Chabot Grant Thornton, qui a été chargée de poser un diagnostic sur la crise du Comité. Elle doit également faire des recommandations en vue d'en améliorer la gouvernance et de lui permettre de bien faire son travail. Les Affaires l'a rencontrée dans son bureau de Montréal.

Les Affaires - Que peut-on reprocher au Comité de suivi ?

J.G. - Sa faiblesse. Je dirais que, au départ, tous les ingrédients étaient là pour faire un bon gâteau, mais que l'équipe ne savait pas cuisiner. Le Comité manquait d'expertise technique, de leadership et de continuité. Il a eu trois présidents en deux ans et demi. Il n'est pas allé chercher d'expert à l'extérieur. Il n'a jamais invité à sa table des représentants des ministères du gouvernement du Québec qui auraient pu l'éclairer. La haute direction d'Osisko, au motif de vouloir laisser le comité indépendant, ne l'a pas assez soutenu.

L.A. - Le Comité a déploré manquer de financement. Était-ce le cas ?

J.G. - On ne peut pas dire que le niveau de financement offert par Osisko était le problème. Nous avons étudié d'autres comités de suivi dans d'autres minières, et il n'est pas rare qu'ils n'aient pas de financement pour réaliser des contre-expertises. De plus, Osisko avait mentionné qu'elle était prête à financer de l'expertise, mais le comité ne le lui a jamais demandé ! Par ailleurs, à cause de la forte polarisation dans la communauté, le comité marchait constamment sur des oeufs. Bref, c'est très délicat de faire porter le blâme à qui que ce soit dans cette affaire. On a joué de malchance, de manque de capacités et d'une perception négative.

L.A. - Quel est votre principal diagnostic ?

J.G. - Après avoir rencontré 40 personnes représentant toutes les parties prenantes et avoir parlé pendant une heure à chacune, nous avons conclu à une perte de confiance, totale, au sein de la communauté. C'est le curé qui l'a le mieux exprimé en parlant de «mal de vivre ensemble». Les choses ont dérapé assez tôt dans le projet minier. Cela s'est vite polarisé. Si quelqu'un osait critiquer Osisko, il était catalogué anti-Osisko. Le comité n'a pu servir de tribune à un dialogue.

L.A. - À qui reprocher cette perte de confiance ?

J.G. - À la minière. À cause de certains comportements, la direction s'est mis beaucoup de monde à dos. L'ensemble des gens interviewés nous ont dit qu'ils n'étaient pas contre le projet, du moment qu'il était réalisé de la bonne façon.

L.A. - Lorsque Les Affaires s'est rendu sur place en janvier 2012, une propriétaire alléguait que le chef de la direction financière l'avait appelée un 31 décembre pour régler sur- le-champ la vente de sa maison...

J.G. - Je sais. Je ne veux pas donner de noms, la direction sait où elle a erré. Mais je répète ce qui est écrit dans notre rapport : lorsqu'on est une grande entreprise face à plus petit que soi, on a la responsabilité morale de faire des efforts pour faciliter les relations, de manifester de l'empathie, une sensibilité accrue et de l'écoute. Il a été décidé que, dorénavant, ce serait le vice-président des ressources humaines d'Osisko qui s'occuperait des relations communautaires et non le chef de la direction financière.

L.A. - Quelles sont vos principales recommandations ?

J.G. - Nous avons revu la composition du comité, avec un expert plus compétent. Nous recommandons qu'il soit rémunéré, car, à mon avis, ce travail n'a pas à être fait bénévolement. J'entends aussi recommander au BAPE d'en appeler à l'avenir à une implication des ministères - santé, ressources naturelles, environnement - au sein de ce genre de comités de suivi. Pour revenir à Malartic, je souhaite aussi que le Comité de vigilance de Malartic [qui a eu plusieurs confrontations avec la haute direction de la minière] s'assoie avec le Comité de suivi. Je pense qu'il est mieux de discuter quand on est tous à l'intérieur de la tente que lorsque certains sont dehors. Le Comité de suivi pourrait aussi se retrouver valorisé s'il se donnait le mandat de discuter de l'après-Osisko, c'est-à-dire de ce que la population souhaite voir dans 15 ans, lorsque la mine fermera. Il faut s'en occuper maintenant, alors que l'assiette fiscale de la ville est bien garnie.

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