La presse vit de durs moments, mais elle peut se relever

Publié le 16/01/2010 à 00:00

La presse vit de durs moments, mais elle peut se relever

Publié le 16/01/2010 à 00:00

Les quotidiens de Canwest, y compris The Gazette, sont à vendre au plus offrant.

Il y aura un an, le 24 janvier, que le Journal de Montréal est sous le coup d'un lock-out.

La Presse a évité d'un cheveu la suspension de ses activités, voire la fermeture.

Les négociations sont tendues dans les journaux régionaux du Groupe Gesca.

En vérité, il n'y a que Le Devoir qui s'en sorte assez bien, lui qui a régulièrement tiré le diable par la queue, et c'est ce qui rend encore plus remarquable le fait qu'il vienne de célébrer ses 100 ans, le 10 janvier.

Ça va mal... La crise de l'imprimé est réelle, mais elle est vécue différemment ici qu'aux États-Unis, où les quotidiens disparaissent les uns après les autres faute de lecteurs. Au Québec, les quotidiens ont encore la faveur du public malgré des baisses de tirage. Cependant, ils sont sous pression. Les lecteurs sont maintenant sollicités de tous bords tous côtés par la vague Internet. C'est le nouveau cadre. La plupart des journaux ont maintenant leur site. Pourtant, leur passage vers Internet s'est souvent fait à contrecoeur. Pendant ce temps, les nouveaux médias fonçaient.

C'est vrai que le déploiement d'Internet a amené une plus grande démocratisation de l'information en redonnant du pouvoir à la base. Elle est bien finie, la démarcation traditionelle entre l'émetteur et le récepteur d'un message. Désormais, celui qui lit une nouvelle un jour peut fort bien l'enrichir le lendemain. Et il est possible d'avoir accès à une infinité de sujets, pourvu qu'on ait le temps pour en prendre connaissance.

Le " journalisme citoyen " dépoussière les vieilles habitudes, mais peut-on vraiment parler de journalisme ? De recherche des faits, d'analyse, de synthèse ? Cela dépend. Et la fougue du " journaliste citoyen, " masque ses limites : pas seulement sa maladresse occasionnelle, mais aussi le fait qu'il revêt parfois une fausse identité. Qui vous parle réellement ? Et il n'existe pas d'autorité qui puisse certifier la crédibilité d'un site comme on certifie la crédibilité des aliments biologiques.

Les quotidiens traditionnels ont aussi leurs failles. Mais au moins, on les connaît. Et leur authenticité est établie. En même temps, ces journaux ne peuvent plus nier le potentiel extraordinaire d'Internet. Ils ont déjà compris qu'il fallait investir le Web. Reste à inventer des modèles d'entreprise viables. Peut-être les internautes devront-ils oublier la gratuité en ligne et payer pour préserver une information digne de ce nom.

S'ils parviennent d'une façon ou d'une autre à consolider, ou même à élargir leur auditoire, les médias traverseront la crise actuelle. Elle n'aura finalement représenté qu'un chapitre dans leur longue évolution. Il faut l'espérer. Lire continuellement le journal sur un écran ne me plaît pas vraiment, pas plus qu'à la plupart d'entre vous, mais ne pas pouvoir le lire du tout serait un désastre.

Même les lois du travail sont mises à dure épreuve par les technologies de l'information, comme en fait foi la dispute qui touche le Journal de Montréal. Pendant que 250 salariés sont en lock-out, une quinzaine de cadres produisent le Journal depuis plus de 50 semaines. Comment y parviennent-ils ? Grâce à du renfort de l'extérieur.

Mais la loi anti-briseurs de grève ne devrait-elle pas s'appliquer ? Non, ont répondu les tribunaux. Les technologies de l'information viennent bouleverser la donne.

Le précédent conflit au Journal de Québec a déjà posé les balises. À l'époque, le syndicat avait protesté devant la Commission des relations de travail (CRT) en soutenant que le recours à une agence de presse et à une agence de photographes contrevenait au Code du travail. La Commission leur a d'abord donné raison, cependant, la décision a été renversée par la Cour supérieure. Celle-ci a statué qu'il n'y avait pas infraction, puisque le matériel était acheminé par voie électronique. Le travail ne s'effectuait pas dans l'établissement touché par le lock-out, a-t-elle dit.

Cette même notion s'applique maintenant au Journal de Montréal. Cette fois, la CRT a rejeté la plainte dès le départ. S'ajoute le fait que les textes fournis par la nouvelle agence de Quebecor, QMI, viennent de salariés d'autres divisions du groupe, déjà payés pour leur travail, ce qui serait légitime.

Les journalistes en lock-out entendent continuer de se battre, et l'affaire se rendra probablement jusqu'en Cour suprême. On doit quand même s'interroger : qu'arrive-t-il à l'esprit de la loi quand on la confine à un " établissement " dont se rit désormais Internet ?

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Option consommateurs et la CSN, même combat

L'année 2010 sera marquée, comme c'est souvent le cas chaque nouvelle année, par une série de hausses de tarifs. Option consommateurs s'en émeut. C'est légitime. Mais son argumentation n'est pas valable. Le jupon dépasse.

Vos réactions

"Le Québec s'est doté d'un filet social qui doit être protégé. Il ne faut donc pas s'offusquer de voir des organismes se lever et parler fort pour protéger les moins bien nantis. "

- socio-pôle

" Le Devoir titre ce matin : " 100 patrons 174 fois mieux payés que les travailleurs". Votre chronique paraît bien déplacée à côté de ce titre. Deux poids, deux mesures. "

- Tristan Douille

" Je connais des BS aptes au travail et qui se laissent vivre aux crochets de la société. Ils peuvent le faire parce que le système socialiste du Québec encourage la paresse au lieu d'encourager le travail. "

- Incubus

rene.vezina@transcontinental.ca

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