La baisse du prix du pétrole à la rescousse des bénéfices

Publié le 29/11/2008 à 00:00

La baisse du prix du pétrole à la rescousse des bénéfices

Publié le 29/11/2008 à 00:00

Par Denis Lalonde

Il n'y a pas que les automobilistes qui peuvent se réjouir de la baisse du prix du pétrole. En ces temps économiques difficiles, le plongeon de l'or noir pourrait avoir l'effet d'un baume sur les résultats de plusieurs entreprises au quatrième trimestre de 2008.

Le baril de brut a touché un creux annuel de 48,35 $ US au New York Mercantile Exchange le 21 novembre, un plongeon de plus de 67 % par rapport à son sommet de 147 $ US atteint le 11 juillet.

Un avantage pour les transporteurs ferroviaires

Selon UBS, la baisse des coûts du carburant devrait profiter au secteur ferroviaire.

"Les contrats à terme sur le pétrole pour 2009 se négocient en moyenne à 64 $ US le baril, ce qui représente une baisse de 35 % par rapport au prix de 99 $ US en 2008", précise l'analyste Rick Paterson, dans une note à ses clients.

Il ajoute que les entreprises de transport ferroviaire imposent à leurs clients une surcharge pour compenser la hausse du prix du pétrole. Or, en période de recul des prix, il faut habituellement deux mois pour que ces surcharges suivent la tendance.

Ce petit décalage pourrait avoir un impact positif de 3 à 5 % sur les résultats financiers des transporteurs ferroviaires. Rick Paterson soutient que la baisse du prix du carburant amortira partiellement la diminution du volume de marchandises qui frappe le secteur depuis le début de la crise financière. Le recul de la demande de véhicules, de métaux de base et de produits agricoles est notamment pointée du doigt.

Bénéfique pour les pétrolières ?

"Il est un peu tôt pour affirmer que la baisse du pétrole aura un impact positif sur les marchés boursiers, particulièrement dans les secteurs des transports, des métaux et de la production de pâtes et papiers, réputés énergivores", indique Carlos Leitao, stratège et économiste en chef chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

M. Leitao insiste sur l'importance d'analyser cas par cas la situation de chaque entreprise.

Il rappelle qu'au printemps et au début de l'été, de nombreuses sociétés ont choisi de se protéger contre l'envolée du prix du brut en concluant des contrats à terme à des prix de loin supérieurs aux cours actuels.

"Celles qui ont adopté cette pratique perdront beaucoup d'argent au quatrième trimestre. Ironiquement, les pétrolières qui ont vendu une bonne partie de leur production à l'avance aux prix plus élevés d'avant pourraient, elles, bénéficier de la situation à court terme", souligne-t-il.

Une manne de capitaux qui aidera tôt ou tard

À long terme, les injections colossales de capitaux dans le système financier par la Réserve fédérale et par les autres grandes banques centrales s'avéreront aussi un baume pour les marchés financiers et pour l'économie.

Le gouvernement américain s'est engagé à prêter, investir ou garantir 7 400 milliards de dollars américains pour soutenir le système financier, évalue Bloomberg après avoir calculé les sommes de tous les plans annoncés depuis 15 mois.

"Ces mesures d'une ampleur sans précédent finiront tôt ou tard par avoir un impact positif", croit Martin Roberge, analyste quantitatif chez Marchés des capitaux Dundee.

La meilleure occasion d'achat de la décennie

M. Roberge croit aussi qu'à son niveau actuel, la Bourse américaine offre la meilleure occasion d'achat de la décennie pour les investisseurs dont l'horizon de placement s'étend sur plusieurs années.

La chute de 40 % du S&P 500 depuis 13 semaines est si importante qu'il faut remonter à la crise pétrolière de 1974-1975 pour observer une telle dégringolade. À moins qu'une dépression similaire à celle des années 1930 ne survienne, les Bourses ont probablement déjà connu la pire période de leur mouvement baissier, estime M. Roberge.

De plus, l'indice américain S&P 500 a retrouvé la valeur d'aubaine qu'il avait lors du plancher boursier de 1974, puisqu'il est évalué à un ratio de 10 fois le bénéfice moyen réalisé au cours des cinq dernières années.

À titre comparatif, lors du plancher de 2002, les indices boursiers nord-américains se négociaient à un ratio de 17 à 18 fois le bénéfice par action. "C'était une occasion d'achat moins attrayante qu'actuellement", ajoute M. Roberge.

Le stratège souligne qu'il est toutefois possible que les Bourses nord-américaines baissent davantage d'ici la fin de l'année, car la vague de ventes de titres pour des raisons fiscales n'est pas terminée. En outre, on ignore combien de fonds spéculatifs seront forcés de liquider leurs placements sous la pression d'une clientèle qui souhaite récupérer ce qu'il reste de ses investissements.

denis.lalonde@transcontinental.ca

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