L'économie canadienne s'endort pendant que l'économie américaine s'éveille

Publié le 08/12/2012 à 00:00, mis à jour le 06/12/2012 à 15:15

L'économie canadienne s'endort pendant que l'économie américaine s'éveille

Publié le 08/12/2012 à 00:00, mis à jour le 06/12/2012 à 15:15

Il est fascinant d'observer comment la situation d'un pays peut changer. Ces changements s'opèrent toutefois si lentement qu'il faut prendre un bon recul pour les voir.

Il y a 12 ans, après l'éclatement de la bulle technologique, plusieurs facteurs ont provoqué une puissante tendance favorable à l'économie canadienne. Or, dans les prochaines années, ces mêmes facteurs pourraient jouer contre le Canada et devraient également favoriser l'économie américaine.

Commençons par jeter un coup d'oeil sur les années récentes. À l'échelle mondiale, une explosion de la demande, en provenance particulièrement de l'Asie, a provoqué une forte hausse des prix de la plupart des matières premières, en premier lieu par les produits pétroliers. Par exemple, le prix du pétrole a été multiplié par six, de 2000 à 2008.

Avec ses importants gisements dans l'Ouest, toute l'économie canadienne en a profité.

1 Reprise immobilière

Une économie prospère et les grandes déceptions boursières ont poussé les Canadiens en masse et avec enthousiasme vers le marché immobilier. Le prix des maisons a ainsi progressé année après année. Et même la crise financière n'a provoqué qu'un recul éphémère, le prix des maisons continuant de s'apprécier un peu partout au Canada jusqu'à cette année.

Comme l'économie allait bien et que les consommateurs se sentaient plus riches, ces derniers ont apporté leur appui à la croissance en dépensant. Leur ratio d'endettement par rapport au revenu disponible atteint maintenant 163,4 %, un sommet de tous les temps, semblable au niveau d'endettement des consommateurs américains avant la crise de 2008.

On se retrouve aux portes de 2013, et tous ces facteurs sont maintenant inversés et jouent contre l'économie canadienne.

Pendant ce temps aux États-Unis, c'est l'opposé, ou presque. Après des années de timide reprise, les signes provenant de ces mêmes facteurs sont encourageants. Ainsi, le secteur immobilier rebondit enfin, aidé par l'inévitable force économique de l'offre et de la demande. De 2002 à 2007, on a construit presque deux millions de nouvelles maisons aux États-Unis. C'est l'offre. Pendant la même période, il s'est créé en moyenne 1,3 million de nouveaux foyers, ce qui représente une bonne partie de la demande potentielle.

Cela a provoqué un immense surplus, qui explique en partie la chute des prix, surtout celle de l'activité immobilière. L'an dernier par exemple, tandis qu'on fondait 1,1 M de nouveaux foyers, on bâtissait seulement 700 000 nouvelles maisons. Ce niveau d'activité est insoutenable à long terme, et c'est pour cela qu'on observe une reprise.

2 Boom pétrolier

Comme le Canada durant la décennie précédente, les Américains vivent leur propre boom pétrolier, gracieuseté des découvertes liées aux technologies de la fracturation hydraulique. On peut être pour ou contre, mais les États-Unis sont en train de réduire significativement leur dépendance à l'égard du pétrole du Moyen-Orient.

C'est un développement extraordinaire qui reste sous-estimé.

En un mot, la croissance de la production pétrolière aux États-Unis depuis 2008 a dépassé celle de n'importe quel autre pays, après plus de 20 années de déclin constant.

«La hausse de la production d'énergie a déjà réduit le coût des importations pétrolières de 175 milliards de dollars américains par rapport à ce qu'il était il y a cinq ans», selon l'analyste pétrolier indépendant Daniel Yergin.

D'ailleurs, cette relance pétrolière américaine devrait au moins ralentir la progression des prix pétroliers, ce qui est favorable aux consommateurs, des deux côtés de la frontière. Par contre, si la hausse de la production devait faire chuter les prix, l'économie de l'Ouest canadien pourrait en souffrir, elle qui a été un pilier depuis plus de 10 ans.

La revitalisation de ces deux industries (pétrole et immobilier) promet une plus forte création d'emplois aux États-Unis au cours des prochaines années.

3 Désendettement des consommateurs

Enfin, si la crise financière a été très douloureuse, elle a eu le bon côté de forcer les foyers américains à réduire sensiblement leur niveau d'endettement. Quatre années plus tard, les progrès sont remarquables : les paiements sur la dette par rapport au revenu disponible sont en effet à leur plus bas depuis 1993.

C'est ici qu'on peut faire le lien final avec le Canada. Alors que notre économie affrontera des vents de face importants dans les prochaines années, le foyer moyen canadien est plus endetté que jamais, à l'inverse de son voisin américain qui, lui, devrait profiter de plusieurs tendances favorables.

Comme il est curieux d'observer ce renversement fondamental, alors que ce qui jouait en faveur du Canada joue maintenant contre lui. Et parallèlement, ce qui jouait contre les États-Unis lui est maintenant favorable.

Les Canadiens peuvent toutefois se consoler à l'idée qu'ils devraient à tout le moins profiter de cette renaissance américaine. Souhaitons-le !

DE MON BLOGUE

Immobilier

Une notion de rendement trompeuse

Parler de rendement lorsqu'on parle de l'appréciation du prix d'une résidence unifamiliale est une erreur. En effet, acheter une maison neuve est loin d'être comparable à l'achat d'une obligation, d'une action ou d'un CPG. Lorsque j'achète une de ces valeurs, je mets un capital déterminé, et puis c'est tout.

C'est loin d'être la même chose lorsque j'achète une maison. D'abord, la plus grande partie du temps, cet achat est fait en empruntant une grande partie du capital. De plus, la résidence familiale ne procure pas de revenus. Bien au contraire, car il faut débourser chaque année pour l'entretien, les taxes et les assurances. Alors, pour vraiment calculer le rendement d'une maison, il faudrait tenir compte de tous ces facteurs.

Vos réactions

«L'immobilier, c'est toujours et avant tout le terrain. Un investisseur en immobilier sérieux, quand il achète une maison, il achète le terrain.»

- mohamedqc

«Pour ma part, lorsqu'il est question d'investissement, je préfère de loin les actions ordinaires à l'achat d'une maison !»

- polangevin

«J'ai toujours vu la maison comme une dépense du même type que l'automobile.»

- SB

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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