L'apathie de ce côté-ci, l'espoir de l'autre

Publié le 24/01/2009 à 00:00

L'apathie de ce côté-ci, l'espoir de l'autre

Publié le 24/01/2009 à 00:00

Avouez que vous vous êtes senti un peu envieux.

Les États-Unis sont plongés dans la crise, mais rarement a-t-on vu autant de gens parler d'espoir. Je sais, nous allons finir par en revenir, mais l'effet Obama dépasse ce qu'on aurait pu imaginer. Le premier président noir arrive à un moment stratégique, et comme il a le sens de l'Histoire, sa voix porte haut et fort. Le voir devant le mausolée de Lincoln, discourant au même endroit où Martin Luther King avait lancé son fameux "I have a dream", était assez pour donner des frissons.

Oublier les problèmes actuels, ne serait-ce que pendant quelques jours, a dû faire du bien aux Américains. Surtout que leur nouveau président leur demande de tourner la page, au-delà des divergences liées à la couleur de la peau ou aux allégeances politique.

L'avenir est en marche, leur dit-il. La réaction touchante des Américains, presque naïve puisque leur pays continue de s'enfoncer, montre à quel point l'intangible est important en temps de doute. Ils semblent avoir retrouvé un peu de confiance, un ingrédient essentiel pour faire face à l'adversité.

Pendant ce temps, au Canada, nos politiciens s'adonnent à la chicane et au picossage. Et même si notre économie est encore en bien meilleur état que celle des États-Unis, une crainte surgit : si nous étions en train de rater notre chance ?

La comparaison entre les dirigeants américains et les nôtres est douloureuse.

Barack Obama n'est pas un magicien. Certaines de ses intentions sont déjà controversées. Son plan de relance prévoit des baisses d'impôt et des tonnes de nouvelles dépenses. À ce rythme-là, le déficit budgétaire américain va dépasser mille milliards de dollars, soit 6 ou 7 % du produit intérieur brut (PIB).

Ailleurs, pour faire partie de l'Union européenne par exemple, les pays doivent (en principe) limiter leur déficit à 3 % du PIB. À moyen terme, le déficit américain est insoutenable, et Barack Obama le sait bien. C'est pourquoi il parsème aussi ses discours d'allusions aux sacrifices à venir. Des coupes sont à prévoir.

Mais il parle aussi de destinée. Les Américains ont besoin de se faire dire qu'ils peuvent gagner. Dans son discours d'assermentation, il a martelé : "The challenges will be met." Et si son cri du coeur peut les inspirer, Yes they can.

À côté, nos dirigeants ont l'air de pee-wees. En pleine crise, à Ottawa, on se demande encore si le prochain gouvernement sera issu d'une invraisemblable coalition ou si le pays retournera aux urnes dès la fin de janvier. Si c'est le cas, les conservateurs l'auront cherché.

Un dirigeant au style aussi autoritaire que le président français Nicolas Sarkozy a recruté plusieurs personnes qui ne sont pas des alliés politiques naturels pour donner à son gouvernement un air d'union nationale. Obama a fait pareil en maintenant le républicain Robert Gates au poste de secrétaire à la Défense.

Au Canada, comme s'ils voulaient jeter de l'huile sur le feu, les conservateurs souhaitent supprimer les subventions aux partis politiques. Qu'ils aient tort ou raison importe peu. Ils devraient réaliser que la période actuelle est mal choisie pour les provocations et les combats de coqs.

Et dans ces accrochages, sentez-vous une grande vision ? Un désir sincère de guider la population vers des lendemains qui chantent ? Évidemment, aucun de nos chefs politiques n'a le charisme, ou le regard inspirant, de Barack Obama. Mais ils en ont l'air encore plus dépourvus quand ils se menacent les uns les autres.

Au moins, nous avons compris que la récession sera plus que "technique", comme l'avait dit le ministre des Finances, Jim Flaherty. Maintenant que les élections sont passées, son homologue québécoise, Monique Jérôme-Forget, n'exclut plus la possibilité d'un déficit au Québec. C'est déjà ça. La prochaine fois, elle l'admettra ouvertement... Mais tous ces froids énoncés sont bien peu inspirants.

Je revois tous ces gens, les Tiger Woods, Tom Hanks et compagnie, entonnant America The Beautiful, la main sur le coeur, pour accompagner Beyoncé devant le Mausolée. Désolé pour les cyniques, mais ce n'était pas du chiqué. On sentait l'émotion. Les Américains ont, au-delà de leurs nombreux défauts, cette extraordinaire faculté de croire en eux-mêmes quand on leur en donne l'occasion.

La crise continue de sévir et des millions de gens vont perdre leur emploi, quand ce n'est pas leur maison. Tel est le lot des Américains pour les prochains mois. Mais ils peuvent enfin rêver. Demain sera meilleur.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, je me sens envieux.

rene.vezina@transcontinental.ca

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