«Je me souviens» n'aide pas vraiment à la créativité

Publié le 03/11/2012 à 00:00, mis à jour le 01/11/2012 à 09:45

«Je me souviens» n'aide pas vraiment à la créativité

Publié le 03/11/2012 à 00:00, mis à jour le 01/11/2012 à 09:45

On ne se rend pas compte tous les jours à quel point on vieillit.

Chronologiquement parlant, l'Expo 67 est plus près de la Deuxième Guerre mondiale qu'elle ne l'est d'aujourd'hui. Et c'est pareil pour les Jeux olympiques de 1976.

Le souvenir de ces deux événements phares dans l'histoire récente de Montréal demeure puissant, pour certains en tout cas. Pour les baby-boomers, oui. Pour les gens de 40 ans et moins, non. Il nous faudra bien un jour trouver d'autres symboles de notre «ouverture sur le monde» pour les galvaniser.

Cette observation lapidaire est venue d'Éric Fournier, producteur exécutif chez Moment Factory, qui participait le 24 octobre à une conférence organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). Les quelque 400 personnes présentes en sont restées saisies.

Sur la scène, la discussion portait précisément sur la créativité et les facteurs qui favorisent son épanouissement. C'est là un enjeu majeur pour Montréal, pour l'instant empêtrée dans les crises - et les cônes orange -, mais qui se cherche depuis un bon moment une identité forte. En mai dernier, le succès de C2-MTL, ces journées consacrées à la créativité et l'innovation, a renforcé le sentiment que la ville peut et doit jouer ces cartes pour se faire valoir sur la scène internationale.

Encore faut-il qu'émergent de nouvelles générations de créateurs qui sauront trouver des modèles inspirants. De là l'intérêt des Moment Factory, Sid Lee et autres firmes innovatrices qui servent par leurs coups d'éclat internationaux de porte-étendards à Montréal, qu'on voudrait tournée vers l'avenir.

Durant la discussion, Éric Fournier a quand même fait état du Cirque du Soleil et de son rayonnement mondial, comme pour signaler que le Québec et Montréal n'étaient pas entrés en hibernation après les Olympiques de 1976. Le Cirque n'est pas seul ; d'autres organisations de premier plan mettent en évidence le talent québécois, mais la nostalgie des grands événements des années 1960 est 1970 est tenace. Avec une devise comme «Je me souviens», ce n'est pas étonnant.

Il faudra pourtant tourner la page si nous voulons véritablement dynamiser l'économie montréalaise en misant sur la créativité et l'innovation, d'autant plus que ce sont des thèmes populaires partout sur la planète. La concurrence est féroce. À Barcelone, Amsterdam, San Francisco et ailleurs, on se proclame créatif. Comment se distinguer ? Et surtout, comment faire pour en tirer de réels bénéfices, au-delà de l'autocongratulation ?

C'est loin d'être entendu. Les intentions sont intéressantes, mais le plan de match reste flou. Il faudra y aller par des essais tout en acceptant les erreurs, disait Jean-François Bouchard, de Sid Lee, qui faisait aussi partie du panel. Surtout, ne pas hésiter à foncer. L'humilité est mauvaise conseillère quand vient le moment d'attirer l'attention sur ses mérites.

Il prêche lui-même par l'exemple quand il dit qu'on doit faire de C2-MTL, dont la deuxième édition aura lieu en mai prochain, le «Davos de l'innovation et de la créativité». Le nouveau ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur, Jean-François Lisée, a notamment repris l'idée il y a quelques jours. Si le projet lève, ne serait-ce que partiellement, il servira déjà à nettoyer l'air de tous les relents de tous les scandales déterrés par toutes les commissions Charbonneau de ce monde.

Faut-il demander pardon à Maclean's ?

Justement, en parlant de M. Lisée et des allégations de corruption endémique dans le monde de la construction au Québec : comme bien d'autres, il a été de ceux qui ont cloué au pilori (dans L'actualité) l'article dévastateur du magazine Maclean's qui présentait, il y a deux ans, le Québec comme le paradis de la corruption au Canada. Rappelez-vous la page couverture avec le Bonhomme Carnaval.

Nous nous sommes indignés. De quel droit ? Et surtout, en vertu de quelle méthodologie ? Encore une vision xénophobe du Canada anglais qui nous comprend si mal...

La commission Charbonneau nous oblige maintenant à nous regarder sans complaisance dans un miroir. D'accord, la corruption n'est pas unique au Québec, et on aimerait bien savoir qui trafique quoi dans les autres provinces.

Cependant, l'étalage calamiteux des magouilles qui empoisonnent l'attribution des contrats à Montréal et Laval est plus qu'embarrassant : il nous forcera dorénavant à plus de retenue avant de crier à l'incompréhension et aux préjugés quand le ROC se permettra quelques remarques acides sur le Québec.

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Vos réactions

«Avec les menaces souvent répétées de la première ministre d'aller chercher 50 % des profits des compagnies et celles de la ministre Ouellet de récupérer 3 à 4 milliards de redevances supposément perdues, vous croyez qu'il reste encore des investisseurs et compagnies assez stupides pour investir ici ?»

- jpthoma1

«Permettez-moi de confirmer que le Plan Nord était une bonne chose pour le Québec. Mais Charest et sa gang voulaient s'en servir comme d'un truc marketing pour "masquer" leur mauvaise administration et surtout la corruption qui les gangrenait...»

- dencour

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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