Faut-il avoir les lunettes de Google à l'oeil ?

Publié le 06/07/2013 à 00:00, mis à jour le 04/07/2013 à 09:40

Faut-il avoir les lunettes de Google à l'oeil ?

Publié le 06/07/2013 à 00:00, mis à jour le 04/07/2013 à 09:40

Porterez-vous des lunettes Google (Nasdaq, GOOG, 873,65 $ US) ? Le produit, qui devrait arriver sur le marché dans quelques mois, suscite l'intérêt des investisseurs.

Les verres binoculaires sont en fait un petit ordinateur. Les premiers modèles pesaient huit livres. Celui qui est aujourd'hui testé par 2 000 développeurs a bien maigri, et est plus léger que la plupart des montures ordinaires.

Grâce à Android, les lunettes offrent nombre des fonctionnalités qu'on retrouve sur les téléphones intelligents. Il est possible de faire des recherches, de prendre des photos, de filmer, de lire ou d'envoyer des courriels. L'exécution peut être commandée par la voix, le toucher et même, dit-on, par le mouvement oculaire.

Le modèle n'utilise pour l'heure que le Wi-Fi, mais certains spéculent sur le fait qu'il pourrait aussi y avoir éventuellement un modèle 3G.

Que faire avec le produit ?

C'est la grande question.

Des spécialistes estiment qu'il sera révolutionnaire et nous fera entrer dans une toute nouvelle ère, qui transformera nos vies.

Ainsi, au petit déjeuner, vous pourrez terminer vos céréales en enfilant vos lunettes afin de savoir quels sont les tronçons de route à éviter. En passant devant un Starbucks, une fenêtre contextuelle (pop-up) apparaîtra pour vous informer que le café y est au rabais.

Au spectacle auquel vous assisterez en soirée, terminées les questions du genre : «Où est-ce que j'ai vu cette personne, déjà ?» Les lunettes reconnaîtront les individus et vous fourniront nombre d'informations qui les concernent en puisant dans le Web.

Est-ce que ça annonce une ère meilleure ? Pas de quoi nous donner envie de s'y engager à pleine voile. D'autant qu'on voit mal comment on pourrait porter nos lunettes traditionnelles en même temps que celles de Google.

Histoire de voir si quelque chose ne nous échappait pas, on a sondé notre collègue Julien Brault, qui suit le secteur techno, et qui est nettement mieux placé que nous pour évaluer le potentiel du produit.

À long terme, Julien voit un certain potentiel dans les lunettes, mais il estime qu'il est plutôt limité, au départ. Dans l'immédiat, il y voit surtout une utilité pour les déplacements en auto ou à vélo, comme GPS.

C'est la reconnaissance faciale qui, croit-il, pourrait être la plus porteuse. Cependant, pour l'instant, Google ne permet pas à ses développeurs de travailler sur une application du genre en raison de la réprobation sociale qu'elle entraînerait.

Constat : il ne semble pas encore vraiment y avoir dans les cartons d'utilisations susceptibles de donner au produit une extraordinaire force de traction sur le marché.

Quelques comparables

Le constat fait, il reste à quantifier le nombre de paires de lunettes que Google pourrait vendre au cours des prochaines années. Avec une paire de lunettes qui devrait se détailler de 300 à 400 $ US (Wi-Fi) et de 500 à 600 $ US (3G), la maison Oppenheimer envisage trois scénarios potentiels. Une pénétration de masse, de niche ou mitoyenne.

Une pénétration de masse équivaudrait à celle de l'iPod d'Apple et représenterait des ventes de près de 58 millions d'unités sur cinq ans. On l'a vu précédemment, il est très douteux que les lunettes génèrent chez le consommateur le même enthousiasme que l'iPod.

Le scénario de niche est de son côté pour le moins pessimiste, avec une projection de 1 million d'unités vendues sur cinq ans. Ça semble trop peu. Il y a tout de même quelques geeks sur la planète.

Le scénario de base semble le plus intéressant. On parle de cinq millions d'unités après cinq ans. À ce rythme, le produit croîtrait à la même vitesse que les accessoires de l'application Nike+, qui s'adresse aux coureurs. Quelque chose nous dit que ça pourrait être en fait un peu plus que cela.

Au final ?

Celui qui pense investir dans Google ne devrait pas trop se casser la tête avec les lunettes. À 19 fois le bénéfice prévu de 2013, le titre ne semble actuellement accorder aucune valeur au produit. Un échec ne devrait donc pas peser sur les cours. À l'inverse, un succès à 5 millions d'unités en cinq ans pourrait donner un élan marginal au titre.

Les fournisseurs de composants de lunettes offrent une autre avenue. Si cinq millions de lunettes vendues ne représentent qu'un apport marginal pour Google, il s'agit d'un apport assez formidable pour l'industrie du microaffichage. Oppenheimer estime que des fournisseurs comme Himax Technologies (HIMX, 5,46 $ US) et eMagin (EMAN, 3,63 $ US) pourraient en bénéficier. Ça demeure cependant hautement spéculatif.

DANS LE DÉTAIL

Sur le radar

Le titre sur cinq ans

Google (GOOG ; 873,65 $ US)

Recommandation des analystes

Achat 13

Surperformance 15

Conserver 12

Sous-performance 0

Cible moyenne : 935,30 $ US

Le titre sur cinq ans

Himax TechN. (HIMX ; 5,46 $ US)

Recommandation des analystes

Achat 2

Surperformance 2

Conserver 0

Sous-performance 0

Cible moyenne : 8,50 $ US

Le titre sur cinq ans

emagin (EMAN ; 3,63 $ US)

Recommandation des analystes

Achat 1

Surperformance 1

Conserver 1

Sous-performance 0

Cible moyenne : 6,00 $ US

francois.pouliot@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

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