Domaine incomparable cherche acquéreur... et vocation

Publié le 15/06/2013 à 00:00

Domaine incomparable cherche acquéreur... et vocation

Publié le 15/06/2013 à 00:00

Une partie de l'ancienne seigneurie de Louis-Joseph Papineau, chef de l'insurrection de 1837, est à vendre depuis le mois de mars. Prix demandé : 81 millions de dollars. Un investissement attrayant, compte tenu de l'emplacement stratégique de cet immense territoire de 265 kilomètres carrés entre Montréal et Gatineau, mais difficile à rentabiliser.

Pour Marco Fournier, évaluateur agréé chez Consultants forestiers M.S., cette propriété est tellement unique qu'il s'avère difficile d'en évaluer la juste valeur. «Normalement, les immenses territoires à vendre se situent plus au nord et sont à vocation forestière. Les transactions se font entre des entreprises. Dans ce cas-ci, son emplacement, dans le sud du Québec, change la donne. Il est impossible d'établir des comparaisons», analyse-t-il.

Situé dans la vallée de la Petite-Nation, ce gigantesque espace regroupe plus de 70 lacs, 13 luxueux chalets ainsi qu'une marina privée. Actuellement, les lieux sont gérés par le Kenauk, une pourvoirie de luxe affiliée à la chaîne hôtelière Fairmont, qui gère également le Château Montebello, prestigieux hôtel en bois rond situé à proximité (mais qui ne fait pas partie de la vente). Ces deux centres de villégiature sont la propriété du Groupe immobilier Oxford, un fonds immobilier ontarien.

Un zonage peu limitatif

Étant donné la valeur actuelle du bois (306,30 $ US le 1 000 pieds mesure-planche au 31 mai, en chute de 18 % depuis le début de 2013), il est clair que les sociétés forestières ne se bousculeront pas pour acquérir ce domaine, dont le prix demandé équivaut à 1 250 $ l'acre.

Des promoteurs immobiliers pourraient-ils s'y intéresser ? La bonne nouvelle pour eux, c'est que son zonage récréoforestier est peu limitatif. On peut y exploiter la forêt, y construire des maisons unifamiliales et même y ériger des hôtels.

L'immense lac Papineau (1 290 hectares), parsemé de nombreuses îles et offrant des baies, affiche un énorme potentiel.

Toutefois, il y manque un atout de taille. «Il faut une montagne pour rentabiliser un centre de villégiature quatre saisons. Sinon, l'hiver est difficile», dit Gilles Larivière, consultant en hôtellerie chez Horwath HTL, une firme new-yorkaise de consultants spécialistes de l'hôtellerie, du loisir et du tourisme.

Un domaine exclusif de chasse et de pêche

Selon les experts consultés, la valeur du terrain et sa superficie rendent quasi impossible la rentabilisation d'un projet de villégiature ou de lotissement. «Selon moi, les acheteurs potentiels sont des gens aux poches très profondes, qui voudront acquérir un domaine exclusif de chasse et de pêche», affirme Jacques Magnan, évaluateur agréé et chargé de cours à l'UQAM. Si c'est le cas, ces gens-là seront amplement servis. Il se pêche au Kenauk de 20 000 à 25 000 poissons par année (truites, achigans et brochets) et on y abat de 50 à 60 cerfs de Virginie, sans oublier quelques orignaux.

Hertbert Ratsch, l'un des deux courtiers responsables de la vente de cette propriété, abonde dans le même sens. «Même si des investisseurs affichent de l'intérêt, je pense que cette réserve sera vendue à un petit groupe de passionnés de chasse et de pêche. L'idée de pouvoir chasser des trophées à seulement une heure de route de Montréal séduit les mordus», dit M. Ratsch, de Sotheby's International Realty.

Un parc provincial ?

Le Kenauk fait rêver les gens riches, mais aussi les écologistes. John McDonnell, de la Société pour la nature et les parcs-Vallée de l'Outaouais rêve de son acquisition par le gouvernement du Québec pour créer un parc national. «C'est une occasion unique d'agrandir la superficie des aires protégées dans le sud de la province, là où se concentre la plus riche biodiversité au Québec», explique-t-il.

Pour ce défenseur de l'environnement, un nouveau parc pourrait ouvrir le territoire à un vaste public, créer de nombreux emplois dans une région qui souffre économiquement et servir de corridor migratoire pour la faune. Actuellement, le gouvernement négocie, avec des propriétaires privés, l'achat de terres pour l'agrandissement du parc national du Mont-Orford. Pourquoi ne pas faire la même chose en Outaouais ? M. McDonnell n'exclut pas une campagne de mobilisation à ce sujet.

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