Départ en force des Bourses : est-il trop tard pour investir ?

Publié le 09/02/2013 à 00:00, mis à jour le 07/02/2013 à 09:54

Départ en force des Bourses : est-il trop tard pour investir ?

Publié le 09/02/2013 à 00:00, mis à jour le 07/02/2013 à 09:54

En pleine période des REER, le marché boursier a connu un mois de janvier glorieux. L'indice canadien S&P/TSX a progressé de plus de 3 %, tandis que son équivalent américain, le S&P 500, s'est apprécié de 5 %.

Depuis le creux de cet automne, l'indice américain a bondi de 11 % tandis que notre marché a gagné 8,5 %. Dans un contexte où le rendement des titres à revenu fixe est anémique, ces gains sont exceptionnels.

Assez pour pousser bien des épargnants à craindre le marché boursier. Le S&P 500 se retrouve à 1 500, un sommet depuis 2007. Plus paniquant encore, ce niveau de 1 500 représente également le sommet atteint en 2000 pour le marché américain - oui, il y a 13 ans !

Ces comparaisons peuvent susciter bien des craintes chez les investisseurs.

Ainsi, plusieurs épargnants ne peuvent s'empêcher de se demander si la Bourse est due pour une de ces corrections qui peuvent être si douloureuses.

Autrement dit, n'est-il pas trop tard pour investir à la Bourse ? Après tout, les principaux indices ont plus que doublé depuis le creux de 2009 et le début de ce marché haussier.

Avant de répondre à la deuxième question, je dois vous dire que suis incapable de répondre à la première. Je ne peux prédire que la Bourse vivra une correction dans les prochains mois. Malgré mes 30 ans d'expérience, je ne peux pas anticiper le comportement de la Bourse à court terme. D'ailleurs, personne n'en est capable.

Bonne nouvelle, ce n'est pas nécessaire pour faire beaucoup d'argent dans les actions.

La question de savoir s'il est trop tard est intéressante, car elle nous force à jeter un coup d'oeil au potentiel de la Bourse pour les prochaines années. Mon point de départ est que vous devriez prendre en considération les actions uniquement dans un horizon de plusieurs années, au moins de cinq à dix ans.

Toute autre perspective nous fait glisser vers la spéculation, ce qui équivaut à ouvrir la porte aux désastres. Si vous en avez assez de vous faire prendre par la Bourse, cessez de l'aborder comme un spéculateur.

Un scénario optimiste...

À long terme, la performance de la Bourse repose sur deux éléments fondamentaux : les bénéfices des entreprises et ce que les investisseurs paient.

Les sociétés du S&P 500 doivent réaliser des bénéfices de 112 $ US en 2013, et les analystes prévoient plus de 120 $ US en 2014. Historiquement, les entreprises américaines ont accru leurs bénéfices à un taux annuel composé d'environ 7 % depuis plus de 60 ans.

À une croissance de 7 % par an, cela donne des profits de plus de 168 $ US dans cinq ans, soit en 2019. À un multiple de 15 fois ces profits, vous avez un S&P 500 à plus 2 500, ce qui se compare à environ 1 500 actuellement. Cela donne une appréciation de 68 %, soit environ 11 % par an non composé. Sans inclure le rendement du dividende d'environ 2 %.

... et un scénario pessimiste

Si vous me dites que ce scénario est trop optimiste, allons-y d'un scénario pessimiste, soit une croissance annuelle des bénéfices de seulement 5 %.

En vertu de ce scénario, les profits du S&P 500 en 2019 seraient de 153 $ US. À 15 fois les bénéfices, l'indice américain se retrouverait à presque 2 300, pour un gain de 53 % en six ans. C'est près de 9 % par an, sans compter le dividende.

Cela se compare à un rendement des obligations américaines de 10 ans à 1,98 %.

Avec un ratio cours/bénéfice de 15, j'anticipe tout de même une bonne hausse des taux d'intérêt, soit 5 à 6 % pour les obligations de 10 ans, environ trois fois le taux actuel.

En comparant ces rendements potentiels avec n'importe quel titre à revenu fixe, la Bourse est intéressante.

Si vous trouvez cet exercice simpliste, je vous répondrai que c'est le même calcul qui aurait pu vous avertir que la Bourse était dangereuse en 2000. À cette époque, les bénéfices du S&P 500 étaient d'environ 52 $ US. Ce qui veut dire que, cinq ans plus tard, on pouvait prévoir des profits de près de 73 $ US.

À 15 fois ces bénéfices, cela donne une valeur cible d'un peu moins de 1 100 pour le S&P 500. Or, cet indice tournait autour de 1 500 en 2000. Ce qui signifie que, si les sociétés de cet indice performaient comme cela a été le cas historiquement et que les investisseurs acceptaient de payer un ratio cours/bénéfice raisonnable, vous auriez, cinq ans après, une perte de capital de plus de 25 % !

Donc, si vous craignez la Bourse en raison de sa performance depuis 13 ans, je peux vous rassurer : son évaluation rend ses perspectives bien plus intéressantes.

DE MON BLOGUE

Placement

La grande puissance du REER

Le principal attrait du REER est de pouvoir accumuler du capital qui s'apprécie à l'abri de l'impôt. C'est ce qui m'a frappé en relisant le compte rendu d'une conférence donnée par Charles Munger, le partenaire de Warren Buffett, sur l'art d'investir.

M. Munger explique qu'il y a une énorme différence entre faire un placement qui s'apprécie de 15 % par année pendant 30 ans à l'abri de l'impôt et faire un rendement de 15 % par an, tout en payant de l'impôt sur ce rendement chaque année.

Charles Munger calcule qu'avec un taux d'impôt de 35 % sur le gain en capital à la fin du 30 ans, il vous reste un gain annuel composé de 13,3 %. À l'opposé, si vous payez un impôt de 35 % sur le gain annuel de 15 %, votre rendement net après 30 ans et après impôt sera de 9,75 %. «La performance de 3,5 % sur une période de 30 ans est vraiment renversante», dit M. Munger. C'est ce que permet le REER...

Vos réactions

«Beaucoup font l'erreur de déposer des sommes dans un REER, alors qu'il serait plus rentable pour eux de rembourser leurs dettes improductives.»

- codepre$$

«La contribution au REER procure un remboursement d'impôt. Si ce remboursement est investi également, les rendements sont encore plus élevés.»

- L'investisseur intelligent

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

bernard.mooney@tc.tc

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