Trois candidats et bien des idées au-delà du choix final

Publié le 02/02/2013 à 00:00, mis à jour le 31/01/2013 à 09:08

Trois candidats et bien des idées au-delà du choix final

Publié le 02/02/2013 à 00:00, mis à jour le 31/01/2013 à 09:08

À la fin janvier, les trois candidats à la chefferie du Parti libéral du Québec sont venus tour à tour nous exposer leurs idées, ici, à Les Affaires. Et vous savez quoi ? Nous y avons trouvé des propositions intéressantes qui n'avaient pas eu beaucoup d'échos ailleurs.

Est-ce à cause de la formule des débats, qui finit par mettre plutôt l'accent sur les divergences entre les candidats ? Faut-il y voir la propension des grands médias à rapporter d'abord leurs colletaillages ?

Toujours est-il qu'en matière de finances publiques, d'exploitation des ressources, de droits de scolarité et d'autres grands enjeux liés à l'économie québécoise, Raymond Bachand, Philippe Couillard et Pierre Moreau ont répondu à nos questions sans abuser de la langue de bois, y allant même de suggestions parfois inédites. Vous pourrez en lire le détail dans les textes signés par mon collègue François Pouliot, qui a dirigé les entrevues. J'y participais également, en compagnie de notre éditeur émérite, Jean-Paul Gagné. Première constatation : en matière économique, les trois candidats sont ferrés et maîtrisent bien leurs dossiers. Naturellement, ils se sentent encore plus à l'aise dans les domaines qu'ils ont respectivement gérés dans le cadre de leurs fonctions ministérielles : Pierre Moreau aux transports (et infrastructures), Philippe Couillard à la santé et Raymond Bachand aux finances. Mais un chef de parti se doit d'avoir une vision globale, et on a bien senti qu'ils débordaient sans trop de peine leurs premiers champs de compétences.

Sur le fond, les trois candidats partagent essentiellement les mêmes points de vue. C'est peut-être ce qui explique le lent démarrage de cette campagne qui n'a pas fait tant de bruit... jusqu'à tout récemment.

Selon eux, il faut augmenter les droits de scolarité, quitte à les moduler en fonction du coût réel des études et des perspectives de revenus après coup. La formule des redevances minières réaménagée par l'ancien gouvernement est dorénavant adéquate. Il faut toutefois veiller à ne pas trop les alourdir, pour éviter que le Québec ne devienne non concurrentiel face à d'autres juridictions canadiennes moins gourmandes. Oui au gaz de schiste, pourvu que l'environnement ne soit pas mis en péril, ce qui veut dire une meilleure connaissance préalable du territoire. Idem pour le pétrole. Par ailleurs, les Québécois sont lourdement imposés, et on arrive au point de bascule.

Sur la même lancée, il faut absolument empêcher l'État de continuer de s'endetter, soutiennent les candidats. Et l'indépendance de la Caisse de dépôt doit à tout prix être protégée, même si, selon son mandat, elle doit participer au développement économique du Québec. Les conseils d'administration des entreprises devraient aussi se voir investis de pouvoirs accrus pour être mieux outillés en cas d'offre hostile.

Dynamiser l'économie

Par ailleurs, chacun propose des initiatives originales pour dynamiser l'économie du Québec, et il conviendrait de les étudier plus en profondeur, peu importe l'issue de la campagne en cours.

Pierre Moreau, par exemple, propose la mise sur pied d'une table permanente de développement économique, qui réunirait ministres concernés et agents socioéconomiques, et servirait à assurer le suivi des projets importants. De son côté, Philippe Couillard envisage une réforme en profondeur de la fiscalité pour en faire un réel outil de développement, et non l'inverse. On devrait notamment éliminer les mesures qui deviennent des désincitatifs au travail. Sur l'épineuse question de l'exploitation éventuelle du pétrole dans le golfe du Saint-Laurent et les inévitables négociations avec Terre-Neuve pour définir quelle partie du gisement Old Harry appartient à qui, Raymond Bachand suggère la mise sur pied d'une coentreprise avec Terre-Neuve afin de gérer conjointement la ressource.

Sans oublier l'avenir des cégeps, celui des régimes de retraite publics, la direction que devrait prendre le système de santé québécois pour éviter qu'il n'écrase davantage les finances publiques, les transferts technologiques des centres de recherche vers des entreprises de pointe... À écouter les trois candidats, on retient déjà que le Québec se trouve devant une côte abrupte, mais qu'il a les moyens de la gravir s'il arrête de temporiser.

DE MON BLOGUE

Énergie

Pétrole de l'Alberta ici ? Les écolos contre, des gens de gauche pour

Selon le Centre canadien de politiques alternatives, «il est inacceptable qu'au Canada, un important exportateur de pétrole, une région entière soit ainsi touchée par l'insécurité énergétique liée à l'importation. Les gouvernements devraient favoriser le transport du pétrole vers les provinces de l'Est.»

Vos réactions

«Il faut rester vigilant pour protéger l'environnement, avec de telles sommes en jeu, et sans tomber dans la paranoïa, il y a des risques réels que l'on tourne les coins ronds, sans oublier le copinage et la corruption.»

- pbrasseur

«"Pas dans ma cours". Nouvelle devise québécoise [...] On trouve géniales les éoliennes... mais pas dans ma ville, loin dans le Nord au milieu des forêts. On veut du pétrole, mais pas de pipeline qui passe ici. On l'importe par milliers de barils, mais on refuse celui qui vient de l'Alberta. Non à l'exploitation de l'île d'Antiscosti. Non aux panneaux solaires sur le toit... ça ne fait pas beau. Bref, on veut tout par magie et gratuitement.»

- santastp

À écouter les candidats à la chefferie du PLQ, on retient que le Québec se trouve devant une côte abrupte, mais qu'il a les moyens de la gravir s'il arrête de temporiser.

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

rene.vezina@tc.tc

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