De " Yes We Can " à " No, You Can't "

Publié le 23/01/2010 à 00:00

De " Yes We Can " à " No, You Can't "

Publié le 23/01/2010 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Barack Obama est au pouvoir depuis maintenant un an. Sa cote de popularité, qui était de 65 % lors de son assermentation, s'établit maintenant à environ 50 %. Elle est inférieure à 40 % chez les blancs, ce qui est une très mauvaise nouvelle.

Celui-ci n'a pas répondu aux attentes démesurées qu'il a créées avec son " Yes We Can " et son immense talent de communicateur. Il faut se rappeler qu'il n'a reçu que 53 % des voix, malgré un appui populaire exceptionnel, ayant convaincu de nombreux électeurs désabusés à voter (70 % de ceux-ci l'ont appuyé). Il a utilisé habilement Internet pour faire en sorte que ses messages électoraux parviennent directement à 13 millions de personnes.

L'enthousiasme qu'il a suscité et qui a mené des millions de personnes à financer sa campagne électorale a tiédi. Plusieurs ont crû élire un sauveur qui réparerait les dégâts laissés par George W. Bush (guerre en Irak, crise financière, récession, déficit budgétaire énorme, chute de la crédibilité des États-Unis à l'étranger, etc.).

Il a promis de donner une assurance maladie aux Américains qui n'en ont pas, de fermer la prison de Guantanamo dans un délai d'un an, de sortir les troupes américaines d'Irak, de relancer l'économie, de créer et de protéger des emplois, de corriger les lacunes du système financier, d'éliminer les abus dans la rémunération des dirigeants, de permettre aux victimes de la crise de conserver leur maison, de faire de la politique autrement (en gouvernant avec plus de transparence et en ralliant les républicains), et d'éliminer les délais indus dans la mise en vigueur d'initiatives nécessaires pour l'État.

Un an plus tard, le bilan est mitigé.

Certains groupes sont sûrement satisfaits : les élites intellectuelles et médiatiques, les communautés technologiques, les scientifiques, les dirigeants syndicaux, les écologistes, les fonctionnaires et les travailleurs des industries propres, entre autres.

Il n'en va pas ainsi, toutefois, pour d'importants groupes d'intérêt proches du Parti républicain : la droite religieuse, les capitalistes durs, les racistes, les cols bleus qui ont perdu leur emploi, les familles qui ont perdu leur maison et les pacifistes.

Même s'il n'a rien d'un idéologue, M. Obama rencontre une opposition extrêmement coriace. Des groupes d'intérêt paient des fortunes à des lobbyistes pour miner la crédibilité des projets de loi des démocrates auprès des membres du Congrès. La droite a des ténors bien placés dans certains médias, qui déversent jour après jour des faussetés sur sa personne et son administration. La désinformation qu'ils utilisent et leurs vociférations n'ont aucun équivalent parmi les groupes qui soutiennent le président.

C'est un fait inéluctable : Barack Obama a livré peu de résultats, à part le programme de relance économique de 787 milliards de dollars et le sauvetage de l'industrie automobile. Les projets de loi du Sénat et de la Chambre des représentants sur la réforme du régime des soins de santé ne sont pas encore conciliés à cause de l'obstruction des républicains.

Cette réforme pourrait même être remise en question avec l'élection au Massachusetts, mardi, de Scott Brown, qui devient le 41e sénateur républicain au Congrès. Cette victoire permettra aux républicains de décupler leur opposition au projet de loi sur la santé, le principal engagement de Barack Obama.

Bien des promesses n'ont pas été réalisées. La prison de Guantanamo n'est toujours pas fermée, la réforme du système financier tarde, des primes excessives sont encore payées à Wall Street, 25 millions d'Américains sont sans travail ou occupent un emploi précaire, des milliers de familles ont perdu ou vont perdre leur maison, le rapatriement des troupes en Irak est reporté, les photos des tortures à la prison d'Abu Ghraib ne seront pas publiées, pas plus que certains courriels sur le sauvetage de la société financière AIG. Les États-Unis s'embourbent en Afghanistan et la sécurité des Américains reste menacée.

Il n'est pas sûr que le président soit bien entouré. Tim Geithner et Larry Summers, qui viennent de Wall Street, résistent à une vraie réforme du système financier.

Malgré l'image d'intégrité de Barack Obama, son leadership est affaibli et la pente à remonter paraît abrupte. Dure, dure, la vie politique aux États-Unis.

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