Couche-Tard, le plus grand succès de tous les temps

Publié le 21/07/2012 à 00:00, mis à jour le 19/07/2012 à 09:47

Couche-Tard, le plus grand succès de tous les temps

Publié le 21/07/2012 à 00:00, mis à jour le 19/07/2012 à 09:47

Le 11 juillet, lorsque j'ai mis en ligne mon blogue, j'étais loin de m'attendre à ce qu'il suscite autant d'intérêt. Jamais un de mes blogues n'a provoqué autant de réactions...

Car, voyez-vous, mon blogue traitait d'Alimentation Couche-Tard et je demandais si cette société n'était pas le plus grand succès entrepreneurial québécois de tous les temps.

L'idée d'écrire sur Couche-Tard s'est imposée après avoir jeté un coup d'oeil sur ses plus récents résultats financiers. En fait, lorsque j'ai lu le sommaire de ses résultats, j'ai dû me frotter les yeux de crainte que ce ne soit un rêve. En fait, je suis allé lire le communiqué au complet...

Pour son trimestre clos le 29 avril, la chaîne de dépanneurs a réalisé des bénéfices dépassant les 100 millions de dollars américains et plus de 450 M$ US pour son exercice clos le même jour. Cela, à partir de revenus de six milliards de dollars américains à son dernier trimestre et de près de 23 G$ US pour son exercice.

Oui, vous avez bien lu. L'entreprise de Laval a maintenant un chiffre d'affaires de 23 G$ US, si on comprend ses ventes d'essence.

À la fin de son exercice, Couche-Tard avait un total de 5 803 magasins, dont 1 264 sont affiliés. Si vous ajoutez à cela les établissements licenciés à l'international, son réseau atteint plus de 10 100 magasins. Avec l'acquisition toute récente de Statoil Fuel, la société ajoute plus de 2 300 magasins.

En révisant ces chiffres, je n'ai pu que ressentir une très grande admiration pour le trajet parcouru et les réalisations de la direction, en particulier Alain Bouchard, président et chef de la direction. Lorsque j'ai commencé à suivre la société, à la fin des années 1980, je me demande si sa valeur boursière était de 100 M$. Aujourd'hui, elle fait plus de profits que cela en un seul trimestre. En fait, la société vaut plus de 8 G$ à son cours récent, ce qui la classe parmi les plus importantes entreprises canadiennes.

Après le krach de 1987, un chroniqueur montréalais s'était moqué d'Alimentation Couche-Tard en écrivant qu'une chaîne de dépanneurs n'avait pas d'affaire en Bourse. Je me souviens de la réaction de M. Bouchard, qui ne comprenait pas pourquoi on s'en prenait à eux. En quelque sorte, ils y ont probablement trouvé une motivation supplémentaire.

Contre vents et marées

Le succès de Couche-Tard est remarquable, pas seulement en raison de son ampleur, mais surtout à mon avis parce qu'elle évolue dans un secteur si difficile. Les marges bénéficiaires sont microscopiques. En 2012, la marge nette a été inférieure à 2 %, ce qui signifie qu'il faut une gestion serrée et disciplinée pour être et demeurer rentable.

De plus, la concurrence est et a toujours été féroce, malgré plus de 20 ans de consolidation. Enfin, ce secteur a été frappé de tous les côtés depuis 25 ans, entre autres par les changements des heures d'activité et par les hausses extraordinaires des taxes sur les cigarettes, qui ont ouvert la porte à la contrebande.

À ses débuts, Couche-Tard était un nain dans un univers de géants (ayant comme concurrents les Provi-Soir, Perrette, Silcorp et bien des pétrolières). La direction a, de façon méthodique, grossi par des acquisitions, quelquefois toutes petites et d'autres fois gigantesques. Jamais la direction n'a dévié de son plan, refusant obstinément de payer plus cher que son prix prédéterminé. C'est ce qu'elle a fait il y a une vingtaine d'années lorsqu'elle a acheté Silcorp, devenant le plus important acteur dans son secteur au Canada. C'est ce qu'elle a fait de nouveau en refusant de hausser son prix pour acheter l'américaine Caseys il y a quelques années. C'est ce qu'elle a fait récemment en achetant Statoil, devenant un des plus importants du monde.

Cette discipline exemplaire s'est aussi reflétée dans la façon dont la direction a géré son capital, ajoutant de la dette quand cela en valait le coup, la remboursant rapidement et rachetant de ses actions de façon rationnelle et opportune.

Or, malgré la réussite extraordinaire de Couche-Tard, elle demeure à mon avis la réussite québécoise la plus sous-estimée. J'ai été à même de le constater par la réaction de ces nombreux lecteurs qui ont semblé «découvrir» cette entreprise à la suite de la publication de mon blogue.

Si j'avais à changer une chose de mon blogue, ce serait le point d'interrogation qui terminait le titre. Alimentation Couche-Tard EST le plus grand succès québécois de tous les temps. Bravo à Alain Bouchard et bravo à toute l'équipe d'Alimentation Couche-Tard.

DE MON BLOGUE

Placement

Le grand mystère obligataire

Le 9 juillet, les médias ont rapporté que la France avait souscrit des emprunts pour la première fois de son histoire à des taux négatifs, soit 3,9 milliards d'euros à un taux de - 0,005 %, pour des titres venant à échéance le 11 octobre.

Quel grand mystère en effet que ce comportement selon lequel, à coup de milliards, on confie de l'argent à des gouvernements surendettés, seulement pour un rendement négatif !

Aux États-Unis, les investisseurs donnent des milliards au gouvernement pour 10 ans et se contentent de 1,5 % par année. Grande ironie : la majeure partie de ces investisseurs le font, au moins en partie, par peur du marché boursier, peur justifiée par le lourd endettement du gouvernement américain.

La mathématique nous informe qu'acheter des obligations n'a aucun sens. Pourtant, c'est l'actif le plus populaire.

Vos réactions

«C'est le plus grand bull market [marché haussier] de l'histoire des obligations, et il se terminera par un krach en faveur du prochain bull market de la Bourse. Et c'est pour bientôt !»

- lespaq

«À mon avis, votre conclusion est bonne ; il va se perdre beaucoup d'argent dans les obligations..»

- nicagoss

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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