Arts de la scène : faire plus avec moins

Publié le 24/11/2012 à 00:00

Arts de la scène : faire plus avec moins

Publié le 24/11/2012 à 00:00

En raison de l'étroitesse du marché local, les spectacles québécois doivent se tourner vers l'exportation pour tenter d'amortir leurs coûts de production sur une plus longue période de diffusion. Or, le marché des tournées internationales des arts de la scène est sévèrement touché par la crise économique, a-t-on pu constater à l'occasion de la dernière édition de la Conférence internationale des arts de la scène (CINARS), qui a eu lieu à Montréal du 12 au 18 novembre.

En Europe, point de chute privilégié des compagnies québécoises, les gouvernements font des coupes draconiennes dans leurs subventions culturelles. Ce qui incite les diffuseurs à accueillir moins de troupes étrangères - elles ont tendance à prioriser les compagnies locales - pour des périodes plus courtes et des cachets réduits.

«Au Royaume-Uni, nos cachets de 2012 équivalent à ceux de 2001», dit Pierre MacDuff, directeur de la compagnie montréalaise Les Deux Mondes. De 1996 à 2005, leur pièce de théâtre Leitmotiv a été jouée 176 fois dans 70 villes de 20 pays différents. Fruit de plusieurs mois de recherche, ce spectacle intégrait de nouvelles technologies, exigeait deux jours de montage et une équipe de huit personnes. Aujourd'hui, «il me serait impossible de refaire Leitmotiv», dit Pierre MacDuff.

M. MacDuff craint un certain appauvrissement des arts de la scène si la tendance se maintient. «Je n'ai rien contre l'artiste qui se promène partout dans le monde seul avec sa valise, dit-il. Il peut être inventif, mais pour innover, il faut des budgets.»

Dans les troupes de danse, on tente de maximiser le nombre de spectacles en un minimum de jours, relate l'agent Marc-Antoine Arrieta, qui représente la troupe montréalaise Virginie Brunelle. «Comme les danseurs travaillent souvent pour plusieurs troupes, ils sont épuisés et se blessent davantage», dit-il.

Plus forts ensemble

Des stratégies plus porteuses se répandent : les coproductions permettent de partager les risques financiers et les effectifs tout en élargissant la diffusion. Ainsi, la nouvelle création des Deux Mondes, intitulée Gold Mountain, a été coproduite avec une troupe de Londres. D'autres choisissent les collaborations avec des artistes, parfois issus d'autres disciplines : ainsi, l'ensemble musical Constantinople s'est associé à Sinha Danse pour offrir un spectacle, auquel pourrait collaborer un compositeur mexicain, a-t-on pu apprendre à CINARS.

Tandis que le gouvernement Harper à Ottawa a éliminé son soutien aux compagnies en 2008, les troupes québécoises continuent de bénéficier de celui de Québec, qui aide à les défrayer du coût de leurs tournées internationales. «Si on n'avait pas cela, on ne serait pas concurrentiels», soutient le président de CINARS, Alain Paré.

Il se réjouit du fait que la participation à la conférence n'a pas chuté cette année. «Nous sommes un lieu de réseautage pour les compagnies partout dans le monde. Elles en ont besoin plus que jamais.»

30 %

Réduction des subventions à la culture aux Pays-Bas pour 2013.

Source : Global Performing Arts Group, Pays-Bas

3,9 M$

Contribution du gouvernement du Québec aux tournées internationales des arts de la scène du Québec en 2011.

23,1 M$

Retombées économiques au Québec de ces tournées en 2011.

Source : Conseil des arts et des lettres du Québec

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