Apprenez à vivre avec les conflits d'intérêts

Publié le 20/10/2012 à 00:00, mis à jour le 18/10/2012 à 10:05

Apprenez à vivre avec les conflits d'intérêts

Publié le 20/10/2012 à 00:00, mis à jour le 18/10/2012 à 10:05

Les conflits d'intérêts dans les marchés financiers sont nombreux et impossibles à éliminer. Voilà pourquoi les investisseurs et les épargnants doivent en être conscients et en tenir compte dans leur prise de décision.

Ce sujet refera la manchette. En effet, on a entrepris une enquête approfondie aux États-Unis quant aux conflits d'intérêts, laquelle pourrait pousser les autorités canadiennes à en faire autant.

L'organisme chargé de la réaliser, la Financial Industry Regulatory Authority (FINRA), examine ainsi comment les fournisseurs de services financiers (courtiers en valeurs mobilières et sociétés financières) définissent et gèrent les conflits d'intérêts. C'est la première étude systématique de cette nature à être menée.

Là pour rester

Cette étude ne devrait pas influencer les investisseurs. En effet, peu importe les résultats, les conflits d'intérêts sont inhérents à la nature même de cette industrie, comme c'est le cas dans de nombreux autres secteurs.

D'ailleurs, le piège le plus important consiste à croire que les organismes de réglementation s'occupent de cet aspect pour vous. C'est impossible. Le croire est un des grands dangers cachés du placement sous toutes ses formes.

Même si les sociétés financières, en réponse aux pressions des organismes comme la FINRA, prêchent la pureté, elles continueront d'être au centre d'un conflit naturel et fondamental. Les produits financiers doivent être d'abord et avant tout rentables pour ces entreprises et leurs représentants.

C'est une réalité inévitable de la vie économique. Par exemple, les conseillers financiers peuvent difficilement gagner leur vie en disant à leurs clients d'acheter un fonds négocié en Bourse et de le conserver pendant 20 ans sans rien faire (combien seriez-vous prêts à payer pour recevoir ce conseil ?)

D'où la tentation, la nécessité devrais-je dire, d'offrir des produits plus complexes.

Un peu comme l'entrepreneur en construction qui vous propose des services qui font son affaire, le courtier en valeurs mobilières, en tentant d'atteindre vos objectifs, doit générer des revenus pour gagner sa vie et répondre aux attentes de ses patrons. Tout cela en rendant service à ses clients.

L'investisseur qui gère lui-même son portefeuille affronte également des conflits d'intérêts lorsqu'il se fait dire par un président de société ouverte que tout va bien et que les perspectives de croissance sont formidables. Un autre exemple : le gestionnaire utilisant toutes les tribunes possibles pour mousser les titres qui garnissent son portefeuille (avez-vous déjà rencontré un gestionnaire qui admet que tel titre qu'il détient est un chien ?)

C'est pourquoi, quelles que soient les réformes bien intentionnées, l'investisseur devra continuer d'utiliser comme arme principale son jugement. Pour sa part, l'épargnant doit et devra toujours se demander en quoi le produit (ou le service) qu'on lui offre lui est profitable et en quoi il est payant pour celui qui le vend. Savoir cela est la clé pour l'aider à prendre une décision éclairée.

Ce n'est pas toujours facile, en raison notamment de la complexité de nombreux produits et également de celle de la structure du secteur financier et des liens qu'il établit.

La nature humaine à l'oeuvre

En passant, il est difficile de cerner objectivement les conflits à cause de la nature humaine. Par exemple, lors d'une étude récente réalisée par l'économiste George Loewenstein, de l'université Carnegie-Mellon, on a demandé à des médecins d'examiner les conflits possibles chez les planificateurs financiers. On a aussi demandé à ces derniers de faire de même concernant les médecins. Les médecins ont été outrés du fait que les planificateurs acceptaient des stylos, des repas gratuits et d'autres faveurs éducationnelles de la part de sociétés de placement.

Pourtant, ces mêmes médecins ne voyaient rien de mal à accepter eux-mêmes le même genre de «cadeaux» de la part de sociétés pharmaceutiques. Ils ne voyaient pas en quoi cela compromettait leur intégrité.

De leur côté, les planificateurs financiers ont demandé qu'on interdise aux médecins d'accepter ces cadeaux pour éviter que leur objectivité ne soit compromise. Vous ne serez pas surpris d'apprendre que ces planificateurs ne voyaient pas la nécessité de se faire interdire ces mêmes cadeaux !

En bref, nous sommes beaucoup plus alertes à détecter les conflits chez les autres que chez soi-même...

DE MON BLOGUE

Bourse

On parle trop des profits !

La saison de la publication des bénéfices trimestriels a commencé le 9 octobre. Et si vous ne savez pas que les sociétés américaines publieront des profits en baisse à leur troisième trimestre (une première depuis 2009), vous avez été absent de la planète depuis plusieurs semaines. Plusieurs médias en ont parlé récemment. La très grande majorité des stratèges en ont fait l'élément central lié aux perspectives à court terme des Bourses.

J'en ai tellement entendu parler que j'estime que, pour une fois, on parle trop des profits. On parlait moins des bénéfices lorsqu'ils étaient en forte croissance ! En fait, on en parlait, mais d'abord pour souligner le fait qu'il était normal qu'ils rebondissent après avoir disparu en 2008-2009, et ensuite pour mettre en évidence la relative faiblesse des revenus, le caractère insoutenable des marges bénéficiaires, etc. Bref, on n'y a jamais vraiment cru...

Vos réactions

«Les "experts" sont rarement bons pour prédire l'avenir.»

- FCX

«Pour être optimiste, il faudrait que les Américains créent de la vraie richesse, pas seulement une parodie de richesse.»

- marciano

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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