Et si le sans fil était concurrentiel?

Publié le 05/09/2011 à 21:00, mis à jour le 05/09/2011 à 21:09

Et si le sans fil était concurrentiel?

Publié le 05/09/2011 à 21:00, mis à jour le 05/09/2011 à 21:09

BLOGUE. La décision la semaine dernière de Shaw Communications d’abandonner l’idée de se lancer dans la téléphonie sans fil en a surpris plus d’un, en particulier à la lumière du motif invoqué : trop de concurrence dans cette industrie.

Pourtant, voilà des années que les Canadiens se plaignent du manque de concurrence dans le secteur du sans fil. L’arrivée de nouveaux joueurs suite à la mise aux enchères de nouvelles fréquences en 2008, le plus visible au Québec étant évidemment Vidéotron, a semble-t-il bien peu fait pour apaiser cette perception.

Pire, les consommateurs commencent déjà à rêver de voir de nouveaux joueurs étrangers, américains notamment, débarquer à l’occasion de la prochaine enchère, actuellement prévue pour la fin 2012. Rappelons que cette enchère sera rendue possible grâce au tout récent passage de la télévision hertzienne analogique au numérique, qui a libéré des fréquences.

Le gouvernement conservateur est d’ailleurs le premier à miser sur cette enchère pour faire augmenter le niveau de compétition, mais il doit d’abord modifier la loi pour permettre la propriété étrangère dans ce domaine, un autre débat.

Bref, il existe un certain consensus, tant populaire que politique, à l’effet que l’industrie de la téléphonie mobile souffre d’un manque de compétition. Et voilà qu’un très grand nouvel arrivant potentiel, Shaw, recule après y avoir pourtant déjà investi des sommes considérables, dont 189,5 M$ simplement pour une plage de fréquences.

Contradictoire

Et si Shaw avait raison? Si le sans fil était ultracompétitif? Ça ressemble presque à une hérésie, mais il y a pourtant d’autres signes en ce sens.

Au Québec, une fois éclairci le capharnaüm des marques et sous-marques, un abonné a le choix entre quatre fournisseurs : Rogers (Rogers, Fido, Chatr), Bell (Bell, Solo, Virgin Mobile), Telus (Telus, Koodo) et Vidéotron.

À Montréal, il y en a un cinquième : Public Mobile.

Ce n’est disons pas autant de concurrence que dans le domaine de la vente au détail de hot-dog, mais c’est quand même potable. C’est déjà mieux que dans d’autres secteurs des télécoms comme la télévision ou la téléphonie locale. C’est même mieux que les supermarchés.

Reste la théorie oligopolistique voulant que ces « concurrents » travailleraient en réalité main dans la main pour maintenir les prix à un niveau élevé. Sans dire qu’elle est impossible, disons qu’elle est hautement improbable.

Il faut connaître quelques personnes travaillant à l’intérieur de ces entreprises pour comprendre à quel point la rivalité est féroce et profonde. Il faut beaucoup d’imagination pour voir Bell et Quebecor travailler ensemble…

Malgré tout, il y a tout autant de signes en sens inverse. D’abord les prix. Malgré une nette amélioration au cours des trois ou quatre dernières années, on n’a généralement pas à chercher longtemps pour trouver ailleurs qu’au Canada des forfaits à nous faire pâlir d’envie.

Puis les résultats financiers. Connaissez-vous une entreprise du secteur du sans-fil qui soit en difficultés financières? En connaissez-vous même une dont on ne puisse qualifier la marge bénéficiaire de généreuse?

Il est difficile pour le consommateur de croire qu’une industrie est concurrentielle quand il lui semble que tout le monde y fait de l’argent comme de l’eau.

Bien sûr, l’aventure sans fil pèse actuellement sur les résultats de Vidéotron et Quebecor, mais c’est normal étant donné qu’elle est toute récente. Les signes sont par ailleurs à l’effet que la rentabilité viendra avant longtemps, ce qui n’est quand même pas rien dans un projet évalué à au moins un milliard de dollars.

Débat sur la propriété étrangère et nouvelle mise aux enchères obligent, on n’a pas fini d’entendre parler de concurrence ou de non-concurrence dans le secteur sans-fil. Le débat sera le bienvenue parce que pour l’instant, bien malin celui qui peut juger du réel degré de concurrence de cette industrie.

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À propos du blogue "Réseau sans filtre" :

Jean-François Codère suit les entreprises et les produits technologiques depuis maintenant 12 ans, pour le compte de diverses publications Web, imprimées et télévisées. Il s'intéresse particulièrement aux stratégies des entreprises et à l'innovation, la vraie, celle qui est accessible à tous, qui fait écarquiller les yeux et qui, petit à petit, change le monde.

 

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