Une révolution pour les microentreprises

Publié le 13/10/2012 à 00:00

Une révolution pour les microentreprises

Publié le 13/10/2012 à 00:00

Le 17 mai, les Easton Ellises, un groupe de musique québécois, procédait au lancement d'un album à Montréal. Le lancement, organisé avec les moyens du bord, n'avait rien d'exceptionnel, si ce n'est que le gérant du groupe, Udo Blenkhorn, glissait les cartes de crédit de ses fans dans un dispositif triangulaire branché dans la prise audio de son iPhone.

Le groupe de musique faisait partie des premiers marchands canadiens à utiliser PayPal Here et acceptait les cartes de crédit pour la première fois. Outre les cartes de crédit, le service permet bien entendu d'accepter PayPal comme mode de paiement.

Le service a alors permis aux Easton Ellises de maximiser leurs ventes de t-shirts, des disques de vinyle et de CD : «L'industrie de la musique étant ce qu'elle est devenue, les artistes doivent s'assurer de ne laisser aucun argent sur la table quand l'occasion se présente de générer des revenus», explique Udo Blenkhorn. PayPal Here, qui n'est pour l'instant offert que sur invitation, a déjà suscité l'intérêt de quelque 200 000 marchands canadiens, qui en ont fait la demande auprès de PayPal Canada : «Nous avons commencé à envoyer de plus en plus de lecteurs, mais avant d'ouvrir le service à tous, nous voulons nous assurer d'avoir un produit solide comme le roc», explique Darrell MacMullin, directeur général de PayPal Canada.

Lancé en mars, le service de PayPal n'est pas le premier sur le marché. Introduite aux États-Unis dès 2010 par Square, la technologie était alors offerte au Canada par Payfirma, une start-up de Vancouver, et Moneris, une coentreprise de la Banque de Montréal et de la Banque Royale.

Concurrence accrue dans l'industrie

Comme les Easton Ellises, l'immense majorité des marchands utilisant PayPal Here n'acceptaient pas les cartes de crédit auparavant. Malgré tout, cet engouement n'est pas sans effet sur l'industrie du paiement au pays. Payfirma, fondée en 2011, recrute 500 commerçants par mois, dont la moitié acceptait déjà les cartes de crédit. La jeune entreprise a d'ailleurs ouvert un bureau à Laval pour servir sa clientèle québécoise.

Payfirma a pris son essor grâce aux paiements sur téléphones mobiles, mais souhaite aujourd'hui ratisser plus large. «Nous ne visons pas les laveurs de piscines comme Square ou PayPal. Nous visons le marché canadien du paiement dans son ensemble», soutient Michael Gokturk, pdg de Payfirma.

Les ambitions de PayPal sont moins évidentes, mais les fournisseurs de solutions de paiement, qu'on appelle les acquéreurs, auraient tort de sous-estimer le poids lourd de l'industrie du paiement en ligne. Aux États-Unis, l'entreprise a déjà des ententes avec 16 grands détaillants, dont Toys R Us, et Home Depot, qui acceptent les paiements mobiles faits par l'intermédiaire de l'application de PayPal en magasin. PayPal n'agit toutefois pas en tant qu'acquéreur pour ces détaillants.

Ainsi, la stratégie de PayPal n'est pas de remplacer les acquéreurs traditionnels, mais de mettre en avant sa propre solution de paiement : «Nous avons absolument l'intention de faire de PayPal un mode de paiement accepté partout», résume Darrell MacMullin, directeur général de PayPal Canada.

Aux États-Unis, PayPal n'est pas le seul acteur techno à avoir des visées sur le marché des acquéreurs traditionnels. Square, dont le service a inspiré PayPal Here et compagnie, traite un volume de transactions dont la valeur s'élève à huit milliards de dollars américains par année. Au courant de cet automne, 7 000 cafés Starbucks américains devraient troquer leurs terminaux de paiement pour des téléphones ou des tablettes équipés du lecteur de cartes de Square. Le 19 septembre, même Groupon a lancé une application mobile et un lecteur de cartes similaire.

Malgré l'entrée de nouveaux acteurs sur le marché canadien, Malcolm Fowler, vice-président du marketing chez Moneris, ne considère pas ces nouveaux services comme des concurrents. Toutefois, il reconnaît le caractère stratégique du créneau qu'ils convoitent. Ce n'est pas pour rien que le plus important acquéreur du Canada a lancé un service similaire en janvier 2012 : «Nous avons créé Payd pour répondre aux besoins des petites entreprises. De cette manière, lorsqu'elles prendront de l'expansion, nous serons là pour les accompagner.»

«À long terme, je pense que l'arrivée de nouveaux acteurs comme nous va faire diminuer les marges des fournisseurs de solutions de paiement traditionnels.» - Michael Gokturk, pdg de Payfirma

NUAGE CONTRE NFC

L'engouement des petits commerçants pour les terminaux de paiement mobiles coïncide avec le déploiement de terminaux de paiement sans contact dans les grandes chaînes. Or, bien que les deux tendances fassent appel aux téléphones intelligents, les deux approches sont incompatibles.

Les lecteurs de cartes de PayPal Here, Square, Payfirma et Payd n'intègrent pas la technologie NFC et ne seront par conséquent pas compatibles avec les portefeuilles mobiles annoncés pour bientôt. Toutefois, rien n'empêcherait l'ajout d'une telle fonctionnalité : «Nos lecteurs intégreront la technologie NFC éventuellement, mais seulement lorsque le taux de pénétration chez les consommateurs le justifiera», dit Michael Gokturk, pdg de Payfirma.

Dans les nuages ou non ?

Dans les faits, les acquéreurs d'un nouveau genre mettent en avant une approche différente de celle que prônent les défenseurs du paiement sans contact. Les commerçants ayant adopté Pay PalHere peuvent en effet déjà accepter les paiements mobiles des clients ayant installé l'application PayPal sur leur téléphone intelligent. Ce modèle est également celui de Square aux États-Unis. Puisque ces transactions transitent par Internet, on dira que l'hébergement de ces «portefeuilles» est infonuagique.

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