Même si le pire du cycle baissier des métaux est probablement passé, la plupart des analystes doutent que la vigoureuse reprise des prix des métaux des dernières semaines soit durable. " Nous sommes sceptiques quant à la possible durée de cette remontée, parce qu'elle repose sur des facteurs temporaires et isolés ", fait valoir Amrita Sen, analyste chez Barclays Capital. Récemment, le prix du cuivre a bondi de 52 %, atteignant 1,95 $ US la livre, le zinc de 26 %, le plomb de 42 %, le nickel de 19 %, et l'aluminium de 14 %.

La hausse du prix du cuivre suscite beaucoup d'espoir parce que ce métal est généralement perçu comme un indice précurseur d'une reprise de la production industrielle, et par conséquent de l'économie mondiale. Toutefois, les causes de la remontée du prix semblent fragiles. D'abord, l'apport de cuivre recyclé, très sensible aux baisses de prix comme celle survenue en 2008, a chuté et réduit l'offre.

Ensuite la Chine a regarni ses réserves stratégiques de métaux et de pétrole à coups de milliards de dollars. Pour ce pays dont l'économie est centralisée, l'achat des métaux, souvent à un prix inférieur au coût de production moyen, est une façon d'alimenter à faibles coûts son industrie manufacturière.

En outre, ces achats de métaux permettent à la Chine de diversifier ses réserves monétaires estimées à 2 000 milliards de dollars américains (2 billions américains), dont la moitié environ est constituée de titres de dette des États-Unis. Ces placements sont vulnérables à une baisse prononcée du dollar.

La Chine se relève de la crise

L'état de l'économie chinoise influe fortement sur le marché des métaux, surtout depuis que le géant asiatique a devancé les États-Unis comme premier consommateur dans ce domaine. Frank Gong, analyste chez J.P. Morgan, est d'avis que l'économie chinoise a atteint son niveau plancher au dernier trimestre de 2008 et qu'elle ne cesse de progresser depuis. " Le plan de stimulation fiscale [600 G$ US] et monétaire de la Chine fait effet et la demande de biens augmente, en dépit de la faiblesse de l'économie mondiale et de celle des exportations ", souligne M. Gong.

Toutefois, Amrita Sen fait remarquer que les stocks mondiaux de métaux atteignent encore des sommets historiques. Elle s'inquiète du fait que la hausse de la demande soit attribuable davantage au stockage de la Chine qu'à une véritable croissance des besoins.

L'analyste Hussein Allidina, de Morgan Stanley, soutient quant à lui que le prix du cuivre reste fragile et pourrait connaître un repli durant la deuxième moitié de 2009. " La conjoncture du marché est encore difficile. Je m'attends à des surplus de l'offre de cuivre pour 2009 et 2010, alors que les stocks sont déjà très élevés ", prévient-il.

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