Un sujet encore tabou qui ne devrait pas l'être

Publié le 09/02/2013 à 00:00, mis à jour le 07/02/2013 à 10:13

Un sujet encore tabou qui ne devrait pas l'être

Publié le 09/02/2013 à 00:00, mis à jour le 07/02/2013 à 10:13

À quand la dernière fois où vous en avez parlé avec les enfants ?

Allez, ne soyez pas gêné. Admettez que c'est un sujet qui vous met mal à l'aise, même si vous vous doutez bien qu'il serait essentiel de les aider à mieux connaître ce qui entoure l'affaire. Sinon, ils risquent d'aller se renseigner ailleurs...

Sur quoi ? L'argent.

Les moeurs ont évolué au Québec. On peut aujourd'hui débattre en famille de questions liées au sexe, alors que le sujet était rigoureusement tabou il y a à peine deux générations. Mais allez parler d'argent... allez signaler aux jeunes qu'ils doivent se montrer responsables dans leurs habitudes de consommation. Allez leur dire qu'ils ne peuvent indéfiniment vous demander des fonds, parce que l'argent ne pousse pas dans les arbres, ou allez mettre un frein à leur désir d'obtenir le même gadget électronique que le petit voisin !

Est-ce la peur d'avoir l'air cheap ? Est-ce le fait de vivre a posteriori par procuration, parce que vous avez dû vous priver dans votre jeunesse et que vous vous reprenez aujourd'hui à même les demandes de vos enfants ?

Ce n'est pas tant ici une question de psychothérapie qu'un enjeu social incontournable. Le comportement des enfants, aujourd'hui, préfigure l'allure de la société de demain. Mieux vaut sans détour parler ouvertement d'argent en famille.

C'est le thème d'une campagne nationale qui culminera le 17 avril par une première journée thématique, «Parlons argent avec nos enfants». Cette campagne est parrainée par la Fondation canadienne d'éducation économique, un organisme sans but lucratif pour lequel je suis membre du conseil d'administration.

À l'occasion du lancement québécois, le président de BMO Groupe financier (qui soutient le programme), Jacques Ménard, a signalé qu'il s'agit fondamentalement de faire la distinction entre les besoins et les désirs. Nul ne veut priver ses enfants de ce qui est nécessaire. Mais les enfants sont aujourd'hui rois. Faut-il pour autant baisser les bras devant toutes leurs demandes ? Faut-il abdiquer ses responsabilités, tout en souhaitant qu'ils deviennent malgré tout des adultes responsables ?

Un enjeu qui n'est pas étranger aux jeunes

Jacques Ménard était monté au front un peu plus tôt pour lutter contre le décrochage scolaire, et il a également servi comme vice-président sur le Groupe de travail sur la littératie financière. Il rappelait que près de 50 % des étudiants de la cinquième secondaire travaillent à temps partiel. Les questions d'argent ne leur sont pas étrangères. Il faudra admettre qu'ils en savent bien plus qu'on a tendance à le penser. Mais il serait utile de les familiariser davantage avec des concepts comme l'endettement, le crédit, la consommation, l'épargne... Même les plus jeunes sont déjà entrés dans l'univers de la consommation. On dit qu'au moins 25 % des enfants de 12 ans disposent d'un téléphone portable, sans nécessairement comprendre ce qu'il en coûte vraiment.

Trois cibles : l'école, la famille et les médias

La campagne s'adresse à tout le monde, bien qu'elle vise trois cibles principales : l'école, la famille et les médias. Ce sont d'abord les élèves de première secondaire qui sont dans la ligne de mire. Leurs enseignants se voient donc proposer une trousse pour les aider à inclure des notions économiques de base dans leurs cours, quels qu'ils soient, sciences humaines, mathématiques ou musique, par exemple. On souhaiterait qu'ils puissent donner, le 17 avril, une leçon qui mettrait l'accent sur les questions d'argent, à leur mesure. Il suffit que l'école s'inscrive au programme.

Le programme à domicile, lui, sera lancé plus tard cette année, et il offrira une panoplie d'activités en ligne pour les enfants de tous les âges. Et les médias ? Ils peuvent y contribuer en faisant ce que fait notamment ce journal... c'est-à-dire aborder dans leurs pages, ou leur programmation, les thèmes économiques avec le souci de les rendre compréhensibles pour le plus grand nombre.

De toute façon, il faut bien que quelqu'un prenne la relève : rappelons que le Québec a aboli il y a quelques années le seul cours d'éducation à l'économie offert au secondaire. C'est vrai qu'il y a beaucoup de disciplines à enseigner et que les heures sont comptées. Mais les jeunes sont tellement bombardés de messages incitant à la consommation, les tentations sont tellement nombreuses, qu'il faudrait prendre le temps de bien les outiller.

En attendant que les autorités réagissent, parlons donc argent avec nos enfants !

DE MON BLOGUE

Le cent

La fin du «sou noir» et la technique incertaine de l'arrondissement

On continuera pendant un bon moment d'en utiliser, mais la Monnaie royale canadienne en cesse la distribution. Et elle suggère que lui soient renvoyés les cents progressivement retirés de la circulation. Mais si ses intentions sont claires, dans la pratique de chaque jour, il y aura de la confusion.

Vos réactions

«C'est seulement au moment de payer que l'arrondissement se fera, si l'acheteur ou le vendeur ne disposent pas de "cennes noires" pour payer ou pour rendre la monnaie. Pour ma part, j'ai suffisamment de cents pour "survivre" quelques décennies !»

- jpthoma1

«Monsieur jpthoma1, vous devriez faire fondre tous vos "sous noirs" pour les revendre en lingots de cuivre, vous feriez une petite fortune. Nous avons fait le calcul le mois dernier, et un cent frappé équivaut à 1,43 cent lorsqu'on prend son poids en considération. Vous pourriez vous vanter de faire 43 % de bénéfice, une occasion sans pareille.»

- YBertrand

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

rene.vezina@tc.tc

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