Un projet de libre-échange qui divise

Publié le 15/12/2012 à 00:00

Un projet de libre-échange qui divise

Publié le 15/12/2012 à 00:00

Le Canada met les bouchées doubles pour relancer les négociations de libre-échange avec la Corée du Sud, entamées en 2004. Cette reprise des pourparlers suscite toutefois des réactions contrastées de la part des entreprises canadiennes, les unes y voyant une menace, les autres, des occasions d'affaires.

Ces négociations ont été suspendues en 2008. La levée de l'embargo, en janvier dernier, sur les importations de boeuf canadien en Corée du Sud (le pays l'avait banni en 2003 à la suite d'un épisode de la vache folle en Alberta) et la politique du Canada d'ouvrir de nouveaux marchés à nos exportateurs expliquent pourquoi Ottawa veut relancer les pourparlers avec Séoul, disent les analystes.

Ce projet inquiète toutefois Mark Nantais, président de l'Association canadienne de constructeurs de véhicules. «Nous ne voyons rien dans une reprise des négociations avec la Corée du Sud qui puisse être favorable à notre industrie.» Selon lui, un accord ne ferait qu'ouvrir davantage le marché canadien aux constructeurs sud-coréens sans garantir pour autant la réciprocité au Canada sur un marché déjà peu ouvert.

«Les États-Unis et l'Union européenne ont depuis peu des accords le libre-échange avec ce pays, mais leurs entreprises sont aux prises avec de nouvelles barrières non tarifaires dans le secteur automobile, dit Mark Nantais. Comment le Canada pourrait-il changer les choses si les Américains et les Européens n'y arrivent pas ?»

En juin, l'Association européenne des constructeurs automobiles a dénoncé «les relations commerciales asymétriques entre l'Union européenne et la Corée du Sud. Dans un communiqué, elle affirmait que le libre-échange avec ce pays s'était traduit par une hausse importante des ventes de voitures sud-coréennes dans l'UE, mais par des gains modestes de l'industrie européenne en Corée du Sud.

Certains secteurs sont très favorables

Jean-Michel Laurin, vice-président des Manufacturiers et exportateurs du Canada, reconnaît que les opinions sur le libre-échange avec la Corée du Sud sont divisées. «Nos membres sont prêts à faire face à toute concurrence, mais à armes égales. Or, la structure économique et les relations étroites entre le gouvernement sud-coréen et ses entreprises rendent ce marché très difficile d'accès.»

Tout un contraste avec l'industrie agroalimentaire et le secteur des ressources naturelles, qui sont en faveur du libre-échange avec la Corée du Sud. «C'est urgent qu'on se positionne mieux sur ce marché par un accord», dit David Boissonneault, président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec. Actuellement, nos producteurs porcins qui exportent vers la Corée du Sud paient des tarifs douaniers de 20 à 25 %, ce qui n'est pas le cas de leurs concurrents américains et européens.

Les producteurs d'aluminium, qui exportent 80 % de leur production, voient aussi d'un bon oeil un éventuel accord avec la Corée du Sud. «Ça ne va pas à l'encontre de nos intérêts», dit Jean Simard, pdg de l'Association de l'aluminium du Canada, qui comprend Alcoa et Rio Tinto Alcan.

LE CANADA EXPORTE

Ressources et agroalimentaire 93 %

Produits manufacturiers 7 %

Valeur totale des 25 produits les plus exportés en Corée du Sud 4,1 G$

LA CORÉE DU SUD EXPORTE

Produits manufacturiers 80,7 %

Ressources et agroalimentaire 19,3 %

Valeur totale des 25 produits les plus exportés au Canada 4,2 G$

LinkedIn: http://ow.ly/eydGl

@la_monde@francoisnormand

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