Un incubateur d'entreprises... minières

Publié le 12/01/2013 à 00:00

Un incubateur d'entreprises... minières

Publié le 12/01/2013 à 00:00

Le concept d'incubateur est bien connu dans le domaine des technologies de l'information et dans celui des sciences de la vie. On s'apprête maintenant à le transposer dans le secteur minier. L'industrie minière compte lancer l'an prochain un incubateur d'entreprises qui permettra à des géologues, ingénieurs ou analystes financiers en début de carrière de faire l'apprentissage de l'entrepreneuriat et d'être entourés de mentors, de financiers et d'experts.

L'idée est de leur permettre de démarrer une société d'exploration minière avec des titres miniers que leur auront cédés des entreprises existantes.

Le fonctionnement sera le suivant : la compagnie minière participante cédera une partie de ses titres sur un dépôt de minerais à une équipe de candidats triés sur le volet. Ceux-ci auront pour mission de monter et de réaliser une campagne d'exploration qui durera un an ou deux. Le financement sera fourni par les fonds institutionnels.

Pour l'entreprise qui cédera ses titres, l'avantage est qu'elle sera actionnaire de la nouvelle société, tout en s'épargnant les frais du travail d'exploration sur les dépôts cédés.

Pour l'instant, aucune entreprise n'a confirmé sa participation au projet d'incubateur. Mais cela ne saurait tarder, espère Nochane Rousseau, leader de la pratique minière au Québec de la firme de consultants PricewaterhouseCoopers, instigatrice du projet.

«L'objectif est de créer une classe d'entrepreneurs miniers qui nous fait cruellement défaut au Québec, a expliqué M. Rousseau lorsqu'il a présenté le projet d'incubateur au congrès Québec Mines, à la fin de novembre dans la Vieille Capitale. L'incubateur leur donnera accès à un réseau et stimulera la relève québécoise d'entrepreneurs miniers.»

Corriger la sous-représentation

À peine 7 % des sociétés minières cotées à la Bourse de Toronto et au TSX Croissance de Vancouver sont québécoises, et ce, même si la province est relativement riche en minerais et généreuse sur le plan fiscal (en regroupant les crédits d'impôt à l'exploration et le système des actions accréditives, PwC calcule que chaque dollar investi vaut 1,40 $).

Depuis 2009, seulement 4 % des nouvelles inscriptions de sociétés minières à ces deux Bourses sont québécoises. De plus, la majorité des entreprises qui font de l'exploration au Québec et dans lesquelles les Québécois peuvent investir par la Bourse ne sont pas d'ici. C'est cette sous-représentation que le projet d'incubateur veut corriger.

Une sous-représentation qui s'explique par plusieurs facteurs, selon M. Rousseau : une culture entrepreneuriale moins forte au Québec que dans le reste du pays ; le vide laissé par le départ de la Bourse de Montréal, lequel a engendré une rareté d'analystes financiers et de courtiers spécialisés dans le secteur minier ; et le rôle diminué de l'Association de l'exploration minière du Québec.

C'est ainsi qu'après le départ de la Bourse de Montréal, les financements miniers se sont faits à Toronto, Calgary ou Vancouver, et rarement à Montréal. L'expertise s'est déplacée. Or, selon PwC, l'un des facteurs de succès dans le secteur minier est l'interaction avec le secteur financier et les marchés de capitaux.

FONDS ET MENTORS

Trois fonds miniers financeront l'incubateur : le Fonds de solidarité FTQ, la Société d'investissement dans la diversification de l'exploration minière (SIDEX) et la Société de développement des entreprises minières et d'exploration (SODÉMEX), de même que le fonds minier des sociétés à petite capitalisation de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Plusieurs dirigeants de sociétés d'exploration qui réussissent serviront de mentors, dont André Gaumond, de Mines Virginia, devenu célèbre lorsqu'il a vendu son gisement d'or de la Baie-James à la multinationale canadienne Goldcorp.

Les participants seront aussi soutenus par la firme de consultants PricewaterhouseCoopers, la firme d'avocats Fraser Milner Casgrain, ainsi que par Michel Jébrak, professeur titulaire de la Chaire en entrepreneuriat minier UQAT-UQAM. Un haut fonctionnaire du ministère des Ressources naturelles sera aussi associé au projet.

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