Trois projets de petits avions d'affaires assemblés au Québec

Publié le 16/06/2012 à 00:00

Trois projets de petits avions d'affaires assemblés au Québec

Publié le 16/06/2012 à 00:00

L'industrie québécoise n'est guère présente dans le segment des petits avions privés, dominé par des avionneurs américains tels Cessna, Piper, Hawker Beechcraft et Cirrus. Or, la demande de petits avions d'affaires risque d'augmenter au cours des prochaines années, notamment en raison du Plan Nord. Il y a donc là un marché intéressant à saisir pour les fabricants québécois. Après l'échec du biplace monomoteur Symphony en 2007, qui n'avait jamais décollé de l'aéroport de Trois-Rivières, faute de capitaux, la province n'a jamais été proche de la commercialisation d'un appareil «made in Québec». Deux des trois projets annoncés ces dernières années ont entrepris la longue procédure menant à l'obtention de la certification de vol.

LE COBALT

Un prototype franco-québécois

Cobalt Aircraft Industries a installé à l'aéroport de Bagot-ville, base d'opération d'une escadrille de F-18 de l'armée de l'air canadienne, l'atelier de montage de son Cobalt Co50, un appareil de cinq places construit en matériaux composites.

L'avion a peut-être des parentés stylistiques avec les avions de chasse canadienne, mais il ne ressemble à aucun autre appareil en service, avec son empennage en papillon et son unique moteur à hélice situé à l'arrière.

L'entreprise possède deux prototypes, dont l'un vient d'être assemblé à Saguenay.

«Nous sommes installés à Saguenay depuis un an et nous y avons transféré la majeure partie de notre chaîne d'approvisionnement au Québec», affirme David Loury, ingénieur et pdg de l'entreprise française. «Le Co50 est désormais de fabrication québécoise à 75 %.» Cobalt a déjà retenu FDC Composites, de Saint-Jean-sur-Richelieu, pour la fabrication des structures de composite de l'appareil.

L'avion est prêt à entreprendre un programme d'essais en vol qui le conduira d'ici deux ans au plus tard à la certification.

Cobalt pourrait employer jusqu'à 70 personnes lorsqu'elle commercialisera cet appareil. Elle le destine au marché de l'aviation d'affaires au Canada et aux États-Unis. Le prix projeté de l'appareil devrait être de l'ordre de 800 000 $.

Avec Aero Vision Technologies International, une division de la canadienne Discovery Air spécialisée dans les systèmes de sécurité aérienne, qui a aussi choisi de s'installer à Saguenay l'an dernier, Cobalt forme le noyau d'un nouveau pôle aéronautique québécois dans cette région.

LE SEASTAR

assemblé en Inde ou en Chine...

Saint-Jean-sur-Richelieu rêve elle aussi de constituer un centre industriel de l'aéronautique. Deux projets d'avions amphibies nourrissent ses espoirs dans ce domaine.

Le projet d'appareil amphibie de l'américaine Dornier Seaplane, le Seastar, un avion de 12 places destiné à l'aviation d'affaires et régionale, reste très incertain. Les dernières communications de la société ne sont pas rassurantes à cet égard. Outre Saint-Jean-sur-Richelieu, Dornier examine aussi des offres d'investisseurs de l'Inde et de la Chine. «Il y a de fortes pressions pour aller ailleurs», confie Gérald Charland, chef de la direction financière de Dornier Seaplane.

L'entreprise n'a pas réussi à trouver des partenaires financiers au Canada. «Les investisseurs proviennent davantage des marchés émergents comme l'Inde et la Chine. Et leur première réaction est toujours d'attirer le projet dans leur pays», ajoute Gérald Charland.

En mai 2010, Dornier annonçait son intention de construire à Saint-Jean-sur-Richelieu une usine d'assemblage du Seastar, un avion tout composite équipé de deux turbopropulseurs de Pratt & Whitney qui a déjà ses certifications. Pour ce projet, de l'ordre d'une centaine de millions de dollars, Dornier a obtenu l'assurance d'une contribution remboursable de 35 M$ d'Investissement Québec.

Depuis 2008, le prototype du Seastar a effectué une tournée de démonstration au Canada et aux États-Unis. L'avion a regagné l'Allemagne ce printemps, d'où il doit effectuer une autre tournée en Europe, en Inde et en Asie.

Dornier laisse entendre que le choix d'une localisation sera fait d'ici la fin de l'année et s'attend à livrer les premiers Seastar en 2015. L'usine devrait assembler de 24 à 36 appareils par année.

LE SEAWIND

Un amphibie sur le Richelieu

Une société canado-américaine, AeroNautic Development Corporation, travaille depuis deux ans au programme de certification d'un quadriplace amphibie, le Seawind 300c, un appareil léger destiné à l'aviation de tourisme ou d'affaires, construit en matériaux composites. L'échéancier de la mise en route de la production commerciale dans une usine d'assemblage qui pourrait employer jusqu'à 100 personnes n'a pas encore été dévoilé.

L'EFFET PLAN NORD

Les transporteurs aériens du Québec ont retrouvé l'optimisme après la crise de 2009 qui avait entraîné une chute de 4 % du trafic. «Ça bouge beaucoup dans notre secteur. Tous nos membres sont très occupés et on assiste à une croissance de la demande», affirme Éric Lippé, pdg de l'Association québécoise du transport aérien, qui compte 154 membres.

Selon lui, l'intérêt envers les régions éloignées, dans le cadre du Plan Nord, incite de plus en plus de gens à faire affaire avec les transporteurs québécois. «Il y a un engouement certain pour le transport aérien au Québec», estime-t-il.

Les perspectives de croissance de l'industrie sont bonnes. Le trafic de passagers au Québec dépassera les 18 millions de voyageurs en 2017, en croissance de 37 % par rapport à 2010, selon une étude publiée en novembre 2011 par le Forum de concertation sur le transport aérien au Québec.

Environ 95 % de tout ce trafic concerne les aéroports Pierre-Elliott-Trudeau, à Montréal, et Jean-Lesage, à Québec. Le trafic passager dans tous les autres aéroports québécois était estimé à un peu plus de 750 000 passagers en 2010.

«Le défi premier de l'industrie reste encore de mieux faire connaître son produit et ses services», convient Éric Lippé.

«Dans un monde où le temps, c'est de l'argent, plusieurs entreprises auront un intérêt marqué à faire voyager leurs cadres et leurs employés par la voie aérienne», croit-il.

19,6 Chiffre d'affaires, en milliards de dollars, de l'industrie mondiale de l'aviation générale (autre que l'aviation militaire et l'aviation de ligne) en 2011. Source : General Aviation Manufacturers Association

3,4 Chiffre d'affaires annuel, en milliards de dollars, du transport aérien au Québec (transporteurs, aéroports et entreprises de soutien). Il emploie 47 840 personnes. Source : Forum de concertation sur le transport aérien au Québec

1 865

Nouveaux petits appareils à hélice et à réaction destinés à l'aviation régionale, d'affaires et de loisir mis en service dans le monde en 2011. Près de 65 % ont été livrés par l'industrie américaine.

Source : General Aviation Manufacturers Association

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