Travailler main dans la main... sans se tirer dans le pied

Publié le 03/03/2012 à 00:00

Travailler main dans la main... sans se tirer dans le pied

Publié le 03/03/2012 à 00:00

Dans le monde des affaires, nul ne peut se prétendre Robinson Crusoé.

Même les travailleurs autonomes sont appelés à former des équipes et à nouer des collaborations. Au sein de chaque entreprise, la gestion des équipes et des interactions entre les personnes ne peuvent être laissées à la dérive. Comment encourager l'esprit de groupe et stimuler une saine émulation ? Nos experts livrent quelques suggestions.

Désamorcer les frictions, amorcer la communication

Faut-il le rappeler ? Les animaux sociaux et grégaires que nous sommes n'atteindront jamais l'harmonie sans maîtriser cet ingrédient primordial : la communication. En dépit des nouvelles technologies censées resserrer le maillage collectif, celle-ci peut faire défaut, ce qui nuit à l'esprit de groupe.

Avant l'action, l'écoute. Deux de nos experts parlent d'une même voix. «Il faut cesser de penser que c'est le gestionnaire qui fait tout, martèle Omar Aktouf, professeur titulaire au service de l'enseignement du management d'HEC Montréal. Il doit simplement s'asseoir, bien écouter ses employés et appliquer ce qu'ils disent.»

«Il faut être à l'écoute de ses subalternes, sans nécessairement s'impliquer, pour avoir une vue d'ensemble, renchérit Steve Gagné, gestionnaire de compte pour la société de services-conseils Morneau Shepell. Si un membre d'une équipe présente des changements, il ne faut surtout pas attendre que cela touche le reste du groupe. Il faut s'asseoir et discuter. C'est clair : une excellente communication est à la base de tout.»

Cette règle est plus que jamais valable en cas de frictions ou de tensions au sein des groupes de collaborateurs. «Le dialogue est obligatoire. On peut essayer de limiter les contacts entre les gens, mais dans tous les cas, il faut faire passer le client en premier», conseille M. Gagné.

La concurrence interne, nuisance à la compétitivité globale

Nombreuses sont les entreprises québécoises qui cherchent à stimuler leurs employés ou gestionnaires en faisant miroiter toutes sortes de récompenses au plus performant. Nos experts sonnent l'alarme.

«Si un gestionnaire met en place une compétition en matière de ponctualité avec, par exemple, des voyages à gagner... eh bien, c'est nul ! La compétition, c'est battre l'autre en le rendant plus faible. L'émulation, c'est tenter d'être aussi fort que le plus fort», dit M. Aktouf.

Il évoque l'exemple d'un aide-mécanicien qui avait gonflé son C.V. pour obtenir un poste de haut niveau. Rapidement démasqué, au lieu de se faire assaillir par les autres candidats pour le poste et par ses nouveaux collègues de travail, ces derniers lui dispensèrent conseils et formation pour combler ses lacunes et continuer d'occuper sa nouvelle fonction. Bref, du beau travail d'équipe !

Steve Gagné, lui, n'écarte pas l'idée de mettre en place des défis internes à condition de conserver un contexte sain et amical. «Cela peut mettre un peu de piment dans les relations d'équipe, et c'est sain. Mais on perd souvent cette dimension quand un prix monétaire est en jeu.» Par conséquent, il vaut mieux stimuler avec parcimonie, au risque de se nuire plutôt que de faire du tort au concurrent.

M. Aktouf précise toutefois que l'esprit d'équipe ne peut fleurir que dans un contexte de partage général. «C'est un lot, insiste- t-il, c'est-à-dire un ensemble de facteurs qui créent le désir de jouer le jeu du travail en équipe.» Le professeur préconise pour cela l'appropriation de l'entreprise, comme le fait Cascades, auprès de qui il officie comme consultant-chercheur depuis 25 ans. Dans ce modèle d'entreprise, tout est mis en commun : profits, décisions, projets, moyens de l'entreprise ; et une large part est donnée à l'auto-organisation du travail d'équipe.

Le meilleur contre-exemple, d'après M. Aktouf ? Celui de Quebecor. «Quand le dieu et maître à la tête de l'entreprise décide de tout, c'est de l'anticollaboration absolue.»

Cette semaine, le thème en vedette à La Franchise est la collaboration entre les travailleurs, qu'ils soient salariés ou autonomes.

Cette série s'inspire des défis que relèveront 12 entrepreneurs dans le cadre de l'émission La Franchise, diffusée le mercredi soir à 21 h sur les ondes de V et sur vtele.ca. Les candidats, qui participent pour gagner une franchise St-Hubert Express, s'affronteront pendant 10 semaines lors d'épreuves élaborées autour de thèmes majeurs de la gestion et de l'entrepreneuriat, et que Les Affaires décortiquent pour vous.

Série 5 de 10

Prochaine parution : le 10 mars

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