Travail, je t'aime moi non plus

Publié le 01/10/2009 à 00:00

Travail, je t'aime moi non plus

Publié le 01/10/2009 à 00:00

Depuis 25 ans, notre conception du travail a changé, mais pas toujours pour le mieux. Entretien avec Guy Bellemare, professeur de relations industrielles à l'Université du Québec en Outaouais.

Comment notre conception du travail a-t-elle évolué depuis la Révolution tranquille ?

Nous sommes ambivalents face à notre emploi : nous nous définissons encore beaucoup par rapport à lui, mais nous sommes plus cyniques face à l'entreprise qui nous embauche.

Comment ce paradoxe s'explique-t-il ?

Nous voulons encore nous réaliser en tant qu'employé et relever des défis, mais cela est de plus en plus difficile parce que nos conditions de travail se sont détériorées. Nos tâches sont plus lourdes qu'autrefois : le rythme s'est accéléré, nos responsabilités sont souvent importantes et la conciliation travail-famille pose encore un défi. La délocalisation des emplois et la multiplication des postes contractuels ou à temps partiel, même dans le secteur public, nous rendent aussi plus insécures que dans les années 1960. Bref, les organisations nous disent que les salariés sont leur ressource la plus précieuse, mais nous savons qu'elles peuvent disposer d'eux à tout moment.

Comment tout cela joue-t-il sur notre conception du travail ?

Nous avons l'impression de moins contrôler notre vie. Avant, quand nous savions que nous garderions le même emploi pendant 40 ans, nous pouvions facilement prévoir l'achat d'une maison ou faire des projets de retraite. Maintenant, se projeter dans l'avenir est plus difficile, parce que la pérennité de notre poste - ou même de l'entreprise pour laquelle nous travaillons - est moins certaine. Or, une telle perte de contrôle n'est pas très bonne pour la santé mentale !

La précarisation de l'emploi a un autre effet : nous nous identifions moins aux organisations qui nous embauchent. C'est-à-dire que nous nous soucions moins du sort de notre employeur et plus de ce qui nous arrive en tant qu'employés. Autrement dit, nous travaillons dorénavant moins pour l'entreprise et plus pour notre salaire, notre équipe ou notre plaisir.

Est-ce que les gens restent tout de même en poste ?

Oui. Contrairement à ce qu'on entend souvent, l'ancienneté des employés est restée la même au Canada depuis les 20 ou 30 dernières années. Il est vrai que le nombre de postes contractuels et à temps partiel a augmenté ; cependant, la plupart des gens gar-dent leur emploi. Ils restent pour conserver leurs avantages sociaux - lorsqu'ils en ont - et se disent que ce ne sera pas mieux ailleurs. Cela dit, les travailleurs du savoir qui sont très qualifiés - en informatique, par exemple - sont plus mobiles. Ils développent leurs compétences sans se soucier du sort des entreprises qui les embauchent, puis postulent ailleurs en fonction de leurs intérêts et de l'offre du marché.

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