À la base, l'idée était simple. Interroger quelques grands pdg québécois pour savoir ce qu'ils pensent de cette fameuse Charte des valeurs québécoises. Dur, dur. Nous avons approché une dizaine d'entre eux. La très grande majorité a refusé de se prononcer.

Première option : les dirigeants ne se sentent pas concernés. Après tout, selon Statistique Canada, seulement 13,1 % de la population québécoise qui travaille est composée d'immigrants.

Deuxième option : on va dire que les dirigeants gardent des munitions pour d'autres combats. Pensons au dossier des retraites et au rapport D'Amours. Celui-ci vient tout juste d'être tabletté. Le milieu des affaires saura peut-être rappeler l'urgence d'agir.

Troisième option : les dirigeants ont peur des conséquences. J'ai interrogé un homme d'affaires qui gère une cinquantaine de restaurants. Il a bien voulu me parler, mais sous le couvert de l'anonymat. Cet homme d'affaires est clairement contre la Charte du PQ. «Le multiculturalisme, on devrait plutôt prendre cela comme une richesse !» me lance-t-il sur un ton enflammé. Et pourquoi ne pas le dire haut et fort ? «Ce n'est pas bon pour le business.» Si les dirigeants n'osent pas se prononcer publiquement, c'est qu'ils ont peur pour leur image et celle de leur entreprise, dit-il.

Compréhensible, mais dommage aussi. La Chambre de commerce du Montréal métropolitain ou encore le Conseil du patronat se sont prononcés sur la Charte, mais c'est toujours bon lorsque le message est incarné par des dirigeants.

Le milieu des artistes est moins timide quand vient le moment de faire passer un message. L'acteur-scénariste-humoriste-producteur Louis Morissette l'a prouvé lors du 28e gala des prix Gémeaux. Au moment d'accepter l'un des dix trophées gagnés par son équipe et sa complice Véronique Cloutier, il s'est excusé auprès de Mme Marois avant de lâcher un «Oh my God !».

Une chance, Louis Morissette est aussi un homme d'affaires.

Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires

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