Si on ne fait pas d'enfants, il va falloir faire de l'argent

Publié le 09/06/2012 à 00:00, mis à jour le 07/06/2012 à 09:25

Si on ne fait pas d'enfants, il va falloir faire de l'argent

Publié le 09/06/2012 à 00:00, mis à jour le 07/06/2012 à 09:25

Au diable le débat sur les droits de scolarité. Le Québec est confronté à un enjeu beaucoup plus lourd, et potentiellement bien plus dévastateur pour la génération Y (les 15-30 ans) : le vieillissement accéléré de la population.

À Trois-Rivières, une personne sur cinq a aujourd'hui 65 ans ou plus. À Québec, l'âge médian atteint 43,5 ans, tandis qu'il n'était que de 36,4 ans en 1997.

Au total, 16 % de la population québécoise peut maintenant demander sa carte de l'âge d'or. Les aînés sont désormais plus nombreux que les jeunes de 15 ans et moins. Du jamais vu. Et ils entendent vivre encore longtemps.

En soi, ce n'est pas un drame. Les gens sont en meilleure forme qu'avant et ils n'assiègent pas les cliniques et les hôpitaux. Du moins, pas encore... Tôt ou tard, le grand âge exigera son tribut. Il faudra veiller sur une cohorte toujours plus imposante de personnes âgées qui s'attendront, avec raison, à être décemment traitées.

Qui va payer la note ?

En théorie, lorsque la pyramide d'âge est bien structurée, la base est naturellement plus large que le sommet. Les jeunes prennent massivement le relais de ceux et celles qui prennent leur retraite, et l'État peut compter sur leur contribution fiscale pour participer au financement des services aux aînés.

Ce n'est déjà plus le cas au Québec. Notre profil démographique tient moins de la pyramide que du rectangle. Désormais, les gens qui quittent le marché du travail sont au moins aussi nombreux que ceux qui y entrent. Et même le mini baby-boom des années récentes - Dieu merci - ne suffira pas pour rétablir la situation. Le carré gris va finir par s'imposer à son tour et il ne sera pas commode à gérer.

Ce n'est pas désespéré. Nous pouvons pallier ce déséquilibre apparent dans la mesure où nous créons plus de richesse. Mais il va quand même nous falloir du monde pour y parvenir. Le Québec, comme le reste du Canada, a pu compter au fil des siècles sur l'apport d'immigrants industrieux. On pourrait croire que notre situation relativement avantageuse demeure un argument de poids pour attirer ici des gens talentueux et déterminés. C'est malheureusement plus compliqué qu'on ne l'imagine.

Les immigrants courtisés plus que jamais

Dans une présentation au congrès de l'Association des Centres locaux de développement du Québec, la semaine dernière à Shawinigan, l'économiste Mario Lefebvre a bien résumé la tâche qui nous attend si nous voulons du renfort. Il est le directeur du Centre des études municipales au Conference Board du Canada, qui analyse entre autres le degré d'attractivité des villes canadiennes dans une étude régulièrement remise à jour, City Magnets, ou Villes aimants.

Il a d'abord signalé que la course aux immigrants qualifiés va s'intensifier, parce que tous les pays industrialisés connaissent le même problème : leur population vieillit. La crise qui ébranle actuellement l'Europe entraîne un chômage important chez les plus jeunes, mais c'est un phénomène conjoncturel. La crise va finir par se résorber. Le vieillissement, lui, est structurel. Il est bâti dans le système. L'Italie, par exemple, est l'un des pays les plus vieux. Quand son économie va redémarrer, elle sera en manque, autant de bras que de cerveaux.

Nous avons nous aussi besoin de renfort. Or, comme le soulignait Mario Lefebvre, deux des pays récemment les plus «généreux» en immigrants, l'Inde et la Chine, se portent de mieux en mieux, et leurs citoyens seront de moins en moins portés à émigrer. L'offre va diminuer au moment où la demande, elle, va exploser. On devra donc être plus attirants pour espérer accueillir ici les personnes dont nous avons besoin.

Dans City Magnets, on s'intéresse aux facteurs qui influencent le choix des personnes qui migrent, que ce soit d'un pays à un autre ou d'une région à une autre. Comme on s'y attendrait, l'état de l'économie est en tête de liste. Mais en deuxième place, on trouve un autre facteur d'importance, surtout aux yeux des diplômés universitaires qui le classent ex æquo avec l'état de l'économie : le milieu de vie. Autrement dit, ils vont choisir leur lieu de résidence autant pour son potentiel économique que pour son environnement global.

C'est à retenir. Nous avons à cet égard un bon bilan et une bonne réputation. Il faut maintenant veiller à les conserver, mieux, à les améliorer à la face de la planète. Notre avenir en dépend.

DE MON BLOGUE

Développement des ressources

Plan Nord : non-ingérence, mais non-indifférence

Il ne faudra pas rater beaucoup d'occasions de développement. Il n'est évidemment pas question de laisser tomber notre vigilance et de revenir à une forme de laisser-faire qui a terni, par exemple, la réputation d'une certaine industrie minière. Nous ne pouvons pas non plus nous permettre de faire la fine bouche.

Vos réactions

«Nous devons poursuivre les investissements pour le développement du Nord afin de capitaliser sur le fait que les autres économies de la planète sont à l'envers et que la demande des ressources est à la baisse pour blitzer dans la construction de nos nouvelles infrastructures et ainsi être prêts lorsque la locomotive repartira.»

-TiDric

«Je crois qu'il existe au Canada plusieurs déséquilibres inquiétants qui devront être corrigés, ce qui occasionnera autant de traumatismes économiques. On parle du cycle haussier des ressources qui semble se terminer, de l'endettement public, et surtout de la bulle immobilière ainsi que de l'endettement catastrophique des ménages.»

- pbrasseur

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

rene.vezina@tc.tc

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