Il faut parfois chercher ailleurs que dans sa cour pour trouver son Eldorado. Sacha Thibeault et Sébastien Gauthier peuvent en témoigner. Jamais ce couple ne serait devenu propriétaire de Glissières de sécurité JTD, à Val-Alain, s'il était demeuré à Fermont à dépendre des aléas de l'industrie minière.

Le couple et le frère de Sébastien Gauthier, Stéphane, ont acquis l'entreprise en 2007. Depuis ce jour, la PME a vu ses revenus annuels décupler, passant de 800 000 $ à près de 9 millions de dollars en 2013. Le nombre d'employés a lui aussi explosé, passant de 6 à 50. Du jamais vu pour l'entreprise créée en 1991.

Tout a commencé en 2001 lorsque le couple Thibeault-Gauthier a quitté la Côte-Nord pour s'installer à Lavaltrie. «À partir de ce jour, l'entonnoir a changé de bord», se plaît à illustrer Sacha Thibeault, qui assure le secrétariat et la comptabilité de l'entreprise. Au lieu de voir la lueur d'espoir par un tout petit trou, le couple a été ébloui par les nombreuses possibilités d'emplois que réservait l'autre ouverture du cône, explique-t-elle.

Naissance d'une vocation

Dès l'arrivée du couple dans Lanaudière, Sébastien Gauthier a décroché un emploi au sein d'une entreprise d'installation de clôtures et de glissières, à Lavaltrie.

Le déclic pour cette entreprise liée à la construction routière a été instantané.

«On me confiait la gestion de chantier et la gestion de l'approvisionnement de pièces et d'équipement. Je prenais plaisir à négocier les contrats avec les fournisseurs et les entrepreneurs. J'avais enfin trouvé ma vocation», raconte celui qui est devenu aujourd'hui un expert de la glissière.

En 2006, l'entreprise lanaudoise a effectué un contrat en collaboration avec Glissières de sécurité JTD. C'est à ce moment que Sébastien Gauthier a fait la connaissance de Damien Trépanier, le propriétaire de l'entreprise. Sur le chantier, Damien Trépanier lui a confié ses intentions de vouloir passer le flambeau.

Sébastien Gauthier, entrepreneur dans l'âme, a immédiatement saisi l'occasion. «Pourtant, ni Sacha ni moi n'avions les économies nécessaires pour débourser le montant exigé pour l'acquisition, soit 500 000 $», rapporte-t-il.

Il fallait de plus que les nouveaux proprios trouvent un autre local. L'entreprise, à ce moment, était installée dans la cour résidentielle de Damien Trépanier qui souhaitait conserver sa maison.

Soutien financier

Grâce au soutien financier des parents de Sacha et de Sébastien, de Damien Trépanier - qui est même resté à l'emploi des nouveaux proprios à temps partiel - et de la Société d'aide au développement des collectivités de Lotbinière, le couple ainsi que Stéphane Gauthier ont pu réaliser l'achat et dénicher un autre terrain pour s'installer à Val-Alain. Six ans plus tard, toutes les dettes étaient remboursées.

Les nombreux contrats de réfection routière octroyés par l'ex-gouvernement Charest ont contribué à la réussite instantanée des nouveaux propriétaires.

N'empêche que les méthodes de travail et l'attitude de Sébastien Gauthier, président de l'entreprise, y sont aussi pour beaucoup. Dès le départ, ce dernier s'est bâti, au sein de l'industrie, la solide réputation de pouvoir pallier rapidement les urgences.

«Mon entreprise n'est pas la moins chère. Je demande 2 à 3 % de plus que mes concurrents. Mais que ce soit à la suite d'un accident, d'une inondation ou d'une urgence venant d'un entrepreneur, Glissières JTD dispose du personnel qualifié et des pièces pour réparer et installer des garde-fous en moins de 48 heures», dit Sébastien Gauthier, convaincu que plus de 65 % des contrats de l'entreprise reposent sur cette réputation.

Après les routes, les ponts...

Pour élargir ses horizons, Glissières JTD a fait l'acquisition l'an dernier de Signaction, une entreprise de signalisation et de location d'atténuateurs d'impacts.

L'entreprise de Val-Alain est également devenue distributrice des produits américains Solartech, qui offrent des panneaux à messages variables et des flèches pour remorques. «Tous les chantiers nécessitent une signalisation», signale Sébastien Gauthier.

Enfin, les contrats de réfection de route ne seront pas éternels. C'est pourquoi Sébastien Gauthier s'est muni d'une licence pour réparer et construire des ponts. «Pour réussir dans ce secteur, il faut être visionnaire et prévoir ce que seront les prochaines avenues de la construction routière», dit-il, en bon gestionnaire prévoyant.