S'unir pour rester dans la course du tourisme international

Publié le 09/06/2012 à 00:00

S'unir pour rester dans la course du tourisme international

Publié le 09/06/2012 à 00:00

Le gouvernement du Québec vise à accroître de 5 % par année les recettes touristiques, soit une hausse totale de 7 milliards de dollars d'ici 2020. «La balle est dans notre camp. Il faut maintenant livrer la marchandise», dit Gilbert Rozon, qui préside le Comité directeur en tourisme formé par l'industrie afin d'assurer une meilleure concertation entre les différents intervenants du secteur.

Car la condition de réussite pour améliorer la performance économique du tourisme au Québec, c'est que «l'industrie travaille ensemble et parle d'une seule voix», estime Gilbert Rozon. «Les régions peuvent continuer à se concurrencer pour attirer les touristes québécois, mais dès qu'on vise le marché hors Québec, il faut travailler en équipe», poursuit-il.

«Nous sommes encore trop compartimentés», déplore pour sa part Alain April, président de l'Office du tourisme de Québec et vice-président du Comité directeur en tourisme. Selon lui, les régions devraient davantage unir leurs forces pour faire valoir un produit, comme la motoneige, ou un bouquet d'attraits permettant d'allonger le séjour des visiteurs.

Il donne l'exemple de sa propre région, Québec, qui met en avant le Massif et le Casino de Charlevoix dans ses promotions. «Québec bénéficie de la force d'attraction du Massif, et vice versa.»

Viser le calibre mondial

Chose certaine, grâce aux outils de financement annoncés dans le dernier budget provincial et le Plan de développement 2012-2020 lancé le 28 mai dernier par le ministère du Tourisme, l'industrie a davantage les moyens de ses ambitions.

Et elle en a bien besoin. En effet, si le tourisme mondial est en hausse de quelque 3,3 % par année, l'industrie touristique québécoise, elle, plafonne.

La clientèle américaine, en particulier, a diminué de 35,8 % depuis 2004. L'industrie devient donc de plus en plus dépendante du marché québécois. Outre la force du huard, le vieillissement des produits touristiques et, surtout, le manque de nouveautés sont montrés du doigt. De 2007 à 2010, les investissements privés du secteur ont en effet diminué de 22,2 %.

Pour renverser la vapeur, une douzaine d'acteurs de l'industrie se sont réunis, en septembre 2010, au sein d'un Comité performance de l'industrie touristique présidé par Gilbert Rozon. Mandat ? Consulter le milieu pour établir une vision commune et des stratégies de croissance.

Son rapport a été présenté à la ministre du Tourisme, en mai 2011. Sa recommandation principale : doter la province de produits d'envergure mondiale pour attirer plus de touristes étrangers et inciter les Québécois à voyager au Québec. «C'est la clé pour être dans la course», insiste Gilbert Rozon, qui a pris la tête du Comité directeur en tourisme qui a succédé au Comité performance.

L'accès au financement

L'appel de l'industrie a été entendu, puisque le budget provincial de mars dernier comportait une série de mesures pour faciliter le financement de projets touristiques : crédit d'impôt pour la rénovation des hôtels, bonification de 22,5 millions de dollars sur cinq ans de l'aide financière aux festivals, programme de prêts et de garanties de prêts dotés d'une enveloppe de 85 M$ pour développer des attraits touristiques, création d'une division d'Investissement Québec consacrée au tourisme (IQ Tourisme), etc.

IQ Tourisme, notamment, suscite beaucoup d'espoir. «C'était souhaité depuis longtemps, car l'accès au financement est difficile pour les entreprises touristiques, surtout en région, souligne François G. Chevrier, pdg des associations touristiques régionales du Québec. Leur caractère saisonnier rend frileuses certaines institutions financières.»

Régions et produits porteurs

Dans l'optique de concentrer les efforts vers des régions et des produits porteurs, le Comité performance avait proposé de structurer l'offre touristique en fonction des deux grandes portes d'entrée que sont Montréal et Québec, d'une icône, le Saint-Laurent, et de pôles régionaux forts susceptibles d'attirer les touristes étrangers, idée reprise par le Ministère dans son Plan de développement.

«Personne ne partira de la France pour visiter le Zoo de Granby, convient la directrice générale du Zoo, Joanne Lalumière, qui est aussi la présidente de Tourisme Cantons-de-l'Est. Mais une fois que le touriste a décidé de venir au Québec, il faut lui proposer des activités et des attraits qui l'inciteront à rester plus longtemps pour aller en région.»

Pour favoriser une meilleure cohésion, le Ministère vient aussi de rendre permanente la Table stratégique d'échanges, composée de représentants gouvernementaux et de l'industrie touristique, qu'il avait créée dans la foulée du rapport du Comité performance. Il prévoit aussi former une Table de concertation pour déterminer des projets mettant en valeur le potentiel touristique du Saint-Laurent et en coordonner la réalisation.

Au cours des prochaines années, l'industrie entend aussi se pencher sur un autre enjeu : améliorer les compétences de ses gestionnaires et de son personnel.

LE TOURISME EN CHIFFRES

11 G$ de recettes, dont 32 % proviennent des marchés hors Québec

416 000 emplois, dont 140 600 emplois directs

2,5 % du PIB de la province

2,6 G$ en revenus fiscaux et parafiscaux

1 $ d'argent public investi en tourisme génère 20 $ de recettes touristiques

Sources : Association québécoise de l'industrie touristique et ministère du Tourisme

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