Il y a sûrement plusieurs manières de rallier la population à un projet de développement économique. Celui du Massif de Charlevoix a inventé la sienne en créant la Société de gestion des équipements publics de Charlevoix (SOGEPC), un organisme administré par des élus municipaux et des représentants du Massif.
"Le projet du Massif est fantastique pour Charlevoix, parce que des gens d'affaires ont compris qu'on pouvait faire les choses autrement et ils ont convaincu la population, les municipalités et les syndicats de travailler ensemble", s'enthousiasme l'ancien maire de Québec, Jean-Paul L'Allier, qui préside la SOGEPC. Il voit dans cette société un modèle économique novateur qui pourrait être adapté à d'autres projets.
Une solution, donc, pour l'amphithéâtre de Québec ? "Je dirai seulement que, devant un projet de partenariat public-privé, l'effort, le risque et les bénéfices doivent être partagés. On ne peut pas dire : tu fais l'effort, tu prends le risque et je garde l'argent."
La SOGEPC a été mise sur pied justement parce que le projet du Massif comporte des équipements publics : une navette ferroviaire reliant Baie-Saint-Paul à Petite-Rivière-Saint-François, une remontée mécanique, un marché public et une salle multifonctionnelle, à même le complexe hôtelier.
"La SOGEPC est la charnière entre le public et le privé quant à l'utilisation et au développement des équipements publics. C'est un outil de transparence et de coopération. Il faut favoriser des formules comme celle-là si on veut trouver, dans les régions, des moyens d'associer les gens à leur économie", explique M. L'Allier.
Le maire de Baie-Saint-Paul, Jean Fortin, croit au potentiel de cet outil, mais note qu'il vaut mieux l'expliquer à la population : "Ce sera plus facile de vendre le concept quand tout sera en place."
Quand Baie-Saint-Paul aura la salle espérée depuis une douzaine d'années, les bénéfices seront plus visibles. Elle pourra accueillir des réunions ou des événements, tout en plaçant la municipalité dans le réseau de diffusion des arts de la scène.
"C'est un élément important pour vendre le projet à la population, souligne le maire Fortin, ajoutant qu'il existe encore des craintes face à l'arrivée d'un acteur de taille dans l'économie locale.
"Il existe un danger que le Massif prenne le contrôle au conseil d'administration [il peut compter jusqu'à quatre représentants au CA], mais, comme il a cédé deux de ses sièges à Tourisme Charlevoix et à la Chambre de commerce, ça rassure : le milieu est bien représenté."
"La montagne et le train, c'est ce qui fera passer Charlevoix à travers les 20 à 30 prochaines années. Il n'y avait pas eu d'investissement important depuis longtemps. Mais ça va plus loin, le Massif fait partie de Québec où se trouvent les deux plus belles montagnes. Le Mont-Sainte-Anne et Le Massif doivent travailler ensemble pour faire une destination ski."
- Alain April, président de l'Association québécoise de l'industrie touristique
